Mon Président, vous êtes aujourd’hui appelé à jouer par la force de l’actualité politique, le rôle de l’aîné des guinéens, sans être le plus âgé. Jouer ce rôle, commande que vous déployez une force de caractère à toute épreuve pour maintenir voire renforcer la stabilité politique et institutionnelle de la Guinée, notre patrimoine commun. Pour ce faire, vous devez inscrire l’intérêt supérieur de la nation au centre de notre combat, de la fin de notre second et dernier mandat.
Mon Président, comme l’a dit l’autre, c’est dans les moments difficiles que les peuples écrivent les plus belles pages de leurs histoires et élèvent leurs héros. Aujourd’hui, vous avez la possibilité d’entrer dans l’histoire de la Guinée par la grande porte comme en sortir par la petite fenêtre avec tous ses corolaires. Après plusieurs décennies de combats démocratiques en Guinée, vous ne devez guère accepter toute attentive d’origine quelconque susceptible de ternir votre image et l’avenir de notre jeune démocratie. Mon Président, la question du troisième mandant qui déferle la chronique en Guinée est la cause de cette note. Mais vous savez autant que moi que cette question est au détriment de la constitution sur laquelle vous avez prêté serment de la respecter et de la faire respecter.
Mon Président, j’ai été personnellement touché quand j’ai appris de vous que vous avez hérité d’un pays et non d’un Etat et que vous vous attèlerez à construire un Etat de droit démocratique en Guinée. C’était honnête de votre part de donner votre appréciation de la situation trouvée et faire savoir au peuple vos perspectives pour la Guinée afin que ce même peuple soit à même de vous évaluer au moment opportun. Mais, Mon Président, cette construction, qui peine à se réaliser, impose à chacun de nous une grande contribution et particulièrement à vous, mon Président une volonté politique qui doit se traduire par des actes concrets. Mon Président, vous le savez pertinemment que la construction d’un Etat de droit démocratique obéit à des principes tels que le respect scrupuleux des lois, l’alternance au pouvoir. Mon Président, l’alternance politique démocratique est la substance de la démocratie et permet d’apprécier la vitalité démocratique dans un système politique. Mon Président, seriez vous devenu Président de la République sans alternance politique démocratique ?
Mon Président, par votre serment, vous avez juré sur VOTRE HONNEUR de respecter et de faire respecter la constitution.
Mon Président, les jeunes de mon âge, pour avoir côtoyé des vieilles personnes, ont appris que l’honneur constitue non seulement la dignité de l’homme mais aussi celle de sa famille voire de son peuple. Car, l’honneur c’est la sommation des différentes phases de socialisation de l’homme. Mon Président, dans votre cas spécifique, votre honneur est celui du peuple de Guinée. Alors le renier pour satisfaire aux besoins de certains compatriotes malhonnêtes organisés en des clans mafieux constitue un manquement grave à votre contrat avec le peuple de Guinée.
Mon Président, les jeunes de mon âge se réjouiront si l’alternance politique démocratique est consommée en Guinée. Mon Président, ceux qui chantent un troisième mandat veulent tout simplement broyer notre lumineuse espérance démocratique et salir votre image pour toujours. Et pour ça, ils sont déterminés, ils travaillent pour eux-mêmes !
Mon Président, l’actualité ouest-africaine, ces dernières années, nous enseigne que les jeunes et les femmes sont déterminés à aller dans le sens de la démocratie et ce, au prix de leur sang s’il le faut. Cependant, j’ose espérer que votre combat de plusieurs décennies ne se soldera pas ainsi.
Mon Président, le printemps arabe et la chute de Blaise COMPOARE doivent nous servir de leçons significatives. Comparaison n’est pas raison mais il est souventes fois important d’apprécier le passé pour mieux comprendre le présent afin de scruter davantage l’avenir. Le peuple de Guinée est celui qui a pu dire NON à De Gaulle alors elle peut dire NON à toute chose qui porterait atteinte à sa dignité, son avenir.
Mon Président, le peuple de Guinée n’est pas immature comme il y avait 40 ans de cela. Il n’acceptera jamais une révision constitutionnelle relative au déverrouillage de la durée du mandat présidentiel. Au prix de leurs vies, les jeunes et les femmes seront mobilisés, organisés et déterminés à défendre l’intérêt supérieur de la nation. Alors, Mon Président, il vous revient d’abaisser les cœurs en appelant les chanteurs du troisième mandat à plus de retenue et à trouver des solutions idoines aux problèmes socio-économiques et politiques du moment.
Mon Président, la Guinée se réjouira que vous rentriez dans l’histoire en dotant le pays d’une base solide de démocratie et en exfiltrant de vos rangs ceux qui veulent que vous soyez coupable de HAUTE TRAHISON. Ces gens là constituent un danger pour vous et pour la nation.
Mon Président, les Jeunes et Femmes de Guinée savent compter sur vous pour éviter à la Guinée l’apocalypse qui la guette.
Conakry, le 12 mars 2019,
Fodé Baldé responsable de la communication de l’UFR