Au pays d’Alpha Condé, les saisons, les années, que dis-je, les jours se suivent et se ressemblent. C’est le même train-train quotidien, la même mécanique grippée, le même bal de pompiers, oui, les mêmes conneries depuis qu’il est aux commandes. Ici, puisqu’on est bien naïfs face au chaos qui nous guète, le vieux renard n’a pas dit son dernier mot et ne compte pas renoncer à ses vilaines habitudes, parce qu’elles ont la peau dure et ont encore un bel avenir devant elles. Oui, parce que, notre cher El-présidente, veut que rien ne change, que tout reste en l’état comme toujours au pays des damnés de la terre. C’est lui qui veut que le même système de gouvernance tour de Babel où c’est chacun pour soi, rien pour le pays, qui a longtemps agenouillé le pays, se perpétue.
Alors que nous entamons la neuvième année de galère, la quatrième année également du deuxième et dernier mandant, le tout dernier pour l’ex opposant historique, la Guinée ne sait toujours pas où elle va, la Guinée ne sait toujours pas dans quelle direction est-elle conduite ? Neuf ans après, les guinéens s’interrogent et se posent des questions qui demeurent sans réponses. Neuf ans après, les guinéens ne scrutent guère l’avenir de leur pays dans du Plexiglas mais plutôt derrière un écran de fumée, qui se fait plus épais chaque jour que Dieu fait. Neuf ans après, ils sont de plus en plus habités par la peur, le doute et l’incertitude, se demandant de quoi demain sera fait.
Pendant ce temps, cher El-présidente a encore, comme à l’accoutumée, bien clôturé notre week-end. Les guinéens ont eu droit à l’un de ces innombrables shows dont le Faama raffole et dont lui seul détient le secret. Il s’en est encore donné à cœur joie devant une masse de militants réunis au siège de son parti, le RPG Arc-en-ciel. Ironie du sort, c’est un Alpha Condé qui appelle au débat contradictoire alors qu’il a passé les huit dernières années à fuir le même exercice préférant s’agiter comme toujours devants ses militants en prononçant des discours populistes à son siège ou partout où l’occasion lui est offerte.
Je suis venu vous dire, je laisse mon manteau de président de côté. Je prends mon manteau de militant, car maintenant, je suis prêt à la bataille contre ces gens qui veulent nous distraire. (…). Seul le peuple donne le pouvoir. Le reste non, ce n’est pas l’internet, ce ne sont pas les réseaux sociaux. (…) Si c’est le débat politique, soyez prêts, si c’est pour vous marcher sur les pieds, soyez prêts à marcher sur leurs pieds pour qu’ils sachent que vous n’avez peur de rien. Désormais, je serai à votre siège comme un simple militant et nous ferons face à ces nains politiques.
En prononçant ces paroles monsieur le Président, vous pensez vous moquer de la conscience des guinéens alors qu’en réalité c’est de vous-même que vous vous foutez. De surcroît, vous violez certaines dispositions de notre constitution sur laquelle vous a prêté serment deux fois de suite avant de jeter le discrédit dessus à présent. Et comme si cela ne suffisait pas, vous daignez invoquer les dispositions de cette même constitution qui vous protège en qualité de Président de la République. Quelle contradiction !
Navez vous pas déclaré que « plus le singe monte, plus on voit son derrière » ? Alors sachez à présent que le peuple de Guinée lit mieux dans votre jeu sournois et ne manquera de vous rendre la monnaie le moment venu.
Vous appelez à l’affrontement car vous voulez créer situation chaotique dont vous aimeriez tirer profit pour vous maintenir au pouvoir au delà de la limite autorisée. Vous jouez à un jeu dangereux et prenez garde à ne pas vous bruler les doigts car les guinéens ne vous laisseront pas faire.
Annoncé en 2010 comme l’homme providence, celui par qui le miracle devait se produire, vous vous êtes révélés pire que ceux que vous avez combattu toutes ces décennies. L’on se rend bien compte aujourd’hui que votre combat n’avait nul autre but que la conquête du pouvoir et non l’instauration de la démocratie comme vous l’avez toujours prétendu. Quelle imposture !
Vous ne vous êtes jamais battu pour ce pays. Vous avez plutôt passé votre temps à courir après le pouvoir. Aujourd’hui, le résultat est là sous nos yeux. Un pays mal géré et plus divisé qu’au temps des régimes précédents qui étaient pourtant considérés comme des dictatures. Un pays où la violence de l’Etat envers ses citoyens est presque quotidienne. Un pays où des citoyens sont négligés et humiliés constamment pendant que vous et vos amis bandits à col blanc exhibez avec arrogance et insolence les butins de vos vols.
Mamadou Pathé Barry Journaliste