Tous les chantres de la nouvelle constitution disent en chœur que le poste de premier ministre sera supprimé dans la nouvelle constitution. Pourtant, le premier ministre Kassory Fofana s’est dit doublement favorable à l’adoption de cette nouvelle constitution. Et lors du dernier conseil des ministres, il a tenté d’embarquer Alpha Condé en lui indiquant clairement que tous ses ministres veulent d’une nouvelle constitution. En le répondant, Alpha Condé n’a pas dit qu’il veut, aussi, d’une nouvelle constitution, mais plutôt qu’il prend acte de la volonté de ses ministres.
Mais, pourquoi Kassory Fofana est-il aussi déterminé pour une nouvelle constitution, censée supprimer son poste de premier ministre, et donc l’envoyer au chômage ?
La réponse est simple : le poste de premier ministre sera remplacé, dit-on, par celui de vice-président de la République dans la nouvelle constitution. Et détail important, le vice-président sera le dauphin constitutionnel en cas de vacance du pouvoir, contrairement à la constitution en vigueur dans laquelle le président de l’Assemblée nationale joue ce rôle.
Le poste de vice-président de la République semble, ainsi donc, être promis à Kassory Fofana. Et si l’on sait qu’Alpha Condé aura 83 ans à l’orée d’un nouveau mandat, on peut aisément comprendre l’espoir intériorisé de Kassory d’occuper un jour le fauteuil présidentiel, en cas de vacance de pouvoir. Dès lors, l’on comprend mieux sa double détermination pour une nouvelle constitution.
Néanmoins, ce projet révisionniste motivé par des ambitions personnelles fait abstraction des leçons du passé. En effet, l’histoire politique récente de la Guinée nous enseigne que les régimes politiques ayant perdu leur légitimité par l’usure du temps (Sékou Touré) ou par le tripatouillage de la constitution (Lansana Conté) n’ont pas bénéficié à leurs dauphins constitutionnels désignés. Ainsi, ni Lansana Béavogui n’a pu succéder à Sekou Touré, ni Aboubacar Somparé n’a pu succéder à Lansana Conté. L’Armée a toujours fait irruption, empêchant l’accomplissement du destin présidentiel des successeurs désignés par la constitution. Et l’avènement de l’Armée a toujours été accompagné par une liesse de la même population au nom de laquelle la constitution avait été tripatouillée.
Ces arguments historiques suffiront-ils pour réduire les velléités révisionnistes de Kassory ? Pas si sûr, car, dit-on, jamais deux, sans trois.
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