L’Américain Daniel Cormier affronte, ce 17 août, son compatriote Stipe Miocic, qu’il avait battu en juillet 2018 pour le titre de champion des poids lourds de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la plus prestigieuse ligue d’arts martiaux mixtes (MMA). À 40 ans, ce personnage attachant dispute peut-être le dernier combat de sa riche carrière.
Dans un milieu des arts martiaux mixtes (MMA) où les muscles, les tatouages et les insultes sont monnaie courante et font partie du show, Daniel Cormier, fait figure d’extraterrestre. L’Américain est certes l’un des plus grands champions de l’histoire du MMA. Mais ses poignées d’amour et son côté « Mister Nice Guy » dénotent au sein de l’Ultimate Fighting Championship (UFC).
« DC » – son surnom – est à part. D’abord parce qu’il est le seul autre combattant de l’histoire de l’UFC, avec l’Irlandais Conor McGregor, à avoir détenu simultanément la ceinture de champion dans deux catégories de poids différentes (« lourds » et « lourds-légers »). Mais aussi par sa personnalité et son parcours.
De deuil en deuil
Daniel Cormier est né à Lafayette en Louisiane, un des États les plus pauvres des États-Unis. À l’âge de 7 ans, le jour de Thanksgiving 1986, son père est abattu par un proche de la famille. Un premier drame dans un flot d’événements tragiques. En juin 2003, l’intéressé perd sa petite fille Kaedyn, âgée de 3 mois, dans un accident de voiture. Un traumatisme au sujet duquel il s’est exprimé récemment, avec grande peine, pour le magazine « E:60 ».
DANIEL CORMIER REVIENT SUR LE DÉCÈS DE SA FILLE, EN 2003.
De fait, Daniel Cormier a vu bien des intimes disparaître prématurément. Un de ses amis ainsi qu’un cousin sont également morts dans des accidents de la route. Un autre a péri dans un crash aérien.
La lutte, comme fil conducteur
En dépit de tous ces drames, Daniel Cormier a su garder la tête hors de l’eau. Le sport, et notamment la lutte libre, l’y ont beaucoup aidé. Une discipline qu’il a commencée à l’âge de 11 ans et qui l’a mené à plusieurs titres nationaux ainsi qu’à deux qualifications aux Jeux olympiques.
En 2004 à Athènes, celui qui brillait également en football américain a frôlé la médaille de bronze (4e). En 2008 à Pékin, il a en revanche dû déclarer forfait.
La conversion au MMA
Comme beaucoup de lutteurs, Daniel Cormier a ensuite décidé de se convertir au MMA. En 2009, il fait ses débuts professionnels au sein d’une ligue appelée Xtreme MMA. Puis, en 2010, il enchaîne avec Strikeforce, une organisation beaucoup plus puissante.
En 2013, c’est le graal. Le « Louisianian » s’engage avec l’UFC. Pour ne pas avoir à affronter son ami, partenaire d’entraînement et mentor, Cain Valsquez, Daniel Cormier décide de « descendre » dans la catégorie de poids inférieure : celle des lourds-légers.
Deux années plus tard, après quatre succès à l’UFC, Daniel Cormier affronte le redoutable Jon Jones pour la ceinture. Il perd contre son compatriote, sur décision unanime des juges. Quelques mois plus tard, après un succès contre Anthony Johnson, Cormier récupère toutefois le titre laissé vacant par Jones, coupable d’avoir provoqué un grave accident de la route et de s’être enfui. C’est le début d’une rivalité féroce, Jones ne supportant pas d’avoir été dépossédé. En juillet 2017, la revanche est programmée. Jones sort vainqueur du 2e acte, par K.O. cette fois. Mais sa victoire est par la suite annulée, suite à un contrôle antidopage positif.
Depuis, le chemin des deux opposés – Jon Jones a été condamné par la justice et a été suspendu pour dopage – ne s’est pas recroisé. Mais les rivaux se détestent ouvertement. Et il ne se passe pas une semaine sans que n’enfle la rumeur d’un acte 3.
En attendant d’hypothétiques retrouvailles dans un octogone – la surface de combat en MMA – Daniel Cormier est déjà entré dans la légende des arts martiaux mixtes. En juillet 2018, il met KO celui qui est alors le roi des poids lourds : Stipe Miocic. Ce dernier avait pourtant battu le surpuissant Camerounais Francis Ngannou, quelques mois plus tôt.
Heureux d’être arrivé à ses fins, Daniel Cormier espérait prendre sa retraite de combattant en mars dernier, alors que son bilan actuel était de 21 succès en 23 combats avant une nouvelle victoire, face à Derrick Lewis. Mais une blessure à repousser l’échéance.
Transmettre sa passion
Après son nouvel affrontement avec Miocic, il pourrait honorer un dernier combat, même s’il laisse planer un doute concernant ses intentions.
Daniel Cormier a en tout cas déjà un terrain de reconversion possible : consultant. Très à l’aise derrière un micro, il commente depuis plusieurs années des matches de l’UFC. Il entraîne également régulièrement de jeunes enfants à la lutte libre. Le multiple-champion adore transmettre sa passion pour le sport, ce domaine qui l’a tant aidé à traverser quatre décennies de coups du sort.
Frederick