Moins d’un mois après la mort du traité de désarmement INF, les États-Unis ont annoncé ce lundi 19 août avoir testé un missile conventionnel de moyenne portée. Quel est l’objectif poursuivi ?
Le missile a parcouru plus de 500 kilomètres depuis l’île San Nicolas (au large de la Californie) avant de toucher sa cible dans le Pacifique. Le test est réussi, selon le Pentagone : « le missile testé a quitté sa rampe de lancement terrestre et touché avec précision sa cible après plus de 500 km de vol. » Les États-Unis ont ainsi annoncé lundi avoir réalisé avec succès leur premier test de missile sol-air de portée intermédiaire depuis la Guerre froide.
Des images publiées par l’armée américaine montrent le missile tiré à proximité du rivage, depuis un système de lancement vertical Mark 41. Le missile testé est « une variante du missile de croisière d’attaque Tomahawk », a précisé un responsable du Pentagone.
Cet essai a été rendu possible par la décision américaine de sortir du traité de désarmement INF, le 2 août dernier, au motif que la Russie ne respectait pas cet accord signé au moment de la crise des euromissiles en 1987. Ce traité abolissait les tests et l’usage de toute une série de missiles d’une portée variant de 500 à 5500 km.
Un message… à la Chine
Assiste-t-on à un retour de la course à l’armement ? Oui, mais celle-ci concerne plus la Chine que la Russie, selon le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française à l’ONU.
« Le traité conclu en 1987 était entre la Russie et les États-Unis ; les États-Unis ont décidé d’y mettre fin en prétextant que les Russes l’avaient fait de facto. Mais depuis il y des puissances montantes, surtout la Chine, qui ne sont pas du tout liées par ce traité. Le président Trump a voulu rompre avec ce traité pour avoir les mains libres parce que les Chinois avaient, eux, les mains libres. On parle beaucoup de la Russie, mais c’est en fait vers la Chine que s’adresse cet avertissement ».
« Bien sûr, les Chinois ont un arsenal relativement réduit. S’ils se sentaient menacés par une course aux armements, que les Américains déplaceraient sur le Pacifique – ayant annoncé que dans un an, ils déploieront des missiles, qui indirectement bien sûr menacent la Chine -, à ce moment, les Chinois pourraient rentrer dans une course à l’armement qui conduit naturellement à une instabilité comme toutes les courses aux armements », précise le général Dominique Trinquand.
En visite en France, le président russe Vladimir Poutine a évoqué le sujet lors d’une conférence de presse commune avec le président français Emmanuel Macron, rendant Washington responsable de la mort du traité. « Ce n’est pas la Russie qui s’est retirée de manière unilatérale du traité », a-t-il dit.
« Maintenant il y a la question de reconduire le traité START III. Pour l’instant, nous ne voyons pas non plus d’initiative de la part de nos partenaires américains bien que nos propositions soient déjà sur la table », a ajouté Vladimir Poutine.
Le dernier volet du traité START, qui maintient les arsenaux nucléaires des deux pays bien en-deçà du niveau de la Guerre froide, arrive à échéance en 2021. Poutine a assuré que Moscou ne déploierait pas d’armes nucléaires de portée moyenne et de plus petite portée « tant que les systèmes américains ne seront pas déployés ».
Gerard