C’est un rendez-vous désormais incontournable, Le Forum sur la paix et la sécurité en Afrique s’ouvre ce 18 novembre à Dakar au Sénégal. Lancé en 2013, dans la foulée de l’opération française Serval au Mali, cette rencontre qui associe décideurs politiques, militaires et chercheurs se veut un moment de réflexion sur la défense et la sécurité sur le continent.
Cette sixième édition du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique met en lumière le multilatéralisme, mais c’est bien sûr la situation au Sahel qui dominera les échanges. Vingt-huit ministres africains de la Défense et des Affaires étrangères sont annoncés, mais aussi le Premier ministre français, Édouard Philippe et surtout le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani.
Le signal fort de la présence du président mauritanien
La participation du président mauritanien à ce forum est en effet un signal fort, car les relations entre la Mauritanie et le Sénégal ont longtemps été tendues, au sujet notamment de la répartition des zones de pêche. Cette visite laisse ainsi entrevoir une évolution sur un plan sécuritaire.
L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui doit avoir un entretien avec le Premier ministre français, s’était toujours opposé à l’entrée du Sénégal dans le G5 Sahel. La venue de son successeur à ce forum marquera-t-elle le début d’une décrispation sur ce point ? C’est probable, car de source militaire française, on explique que Dakar a vocation à soutenir les pays engagés dans la force conjointe et même à jouer un rôle essentiel dans ce dispositif. En clair, le Sénégal devrait être appelé à intégrer le P3S, le Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel, une structure parallèle de soutien au G5.
De la sécurité à l’immigration irrégulière
Édouard Philippe a aussi participé au quatrième séminaire intergouvernemental franco-sénégalais. Il y a notamment été question d’immigration. Les deux pays ont réitéré leur volonté de coopérer pour lutter contre l’immigration irrégulière. « La coopération (…) peut encore s’améliorer dans la logique d’engagement réciproque », a estimé le Premier ministre français, alors que, selon Matignon, la pression venant du Sénégal reste élevée en matière d’immigration illégale.
À l’issue de ce séminaire, quatre feuilles de route ont été signées, à la fois donc sur la migration et la mobilité, mais aussi sur les enjeux de sécurité et de défense, sur l’éducation, ainsi que sur l’émergence du Sénégal. Sept accords de coopération ont également été paraphés. Parmi ces accords, la vente au Sénégal de trois patrouilleurs hauturiers français a été actée, des patrouilleurs qui seront équipés de missiles. Objectif : permettre au pays de protéger ses gisements de gaz et de pétrole.
Lutte contre la cybercriminalité
Parmi les enjeux du Forum de Dakar, la lutte contre la cybercriminalité. À Dakar, au Sénégal, l’École nationale de cybersécurité à vocation régionale abrite un nouvel Institut africain de cybersécurité, financé par la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD). L’institut débute ce lundi 18 novembre ses formations, à destination d’auditeurs de tous les pays du continent.
Mieux identifier les risques, savoir faire face aux cybermenaces, apprendre à utiliser des logiciels d’analyse informatique, le Sénégal s’est proposé pour devenir un carrefour en la matière. Papa Gueye, docteur en droit privé et sciences criminelles, directeur général de l’École nationale de cybersécurité à vocation régionale : « Oui, c’est une priorité. On utilise les technologies de l’information et de la communication à des fins terroristes pour commettre des crimes, pour faire de l’espionnage. Il est aujourd’hui question pour les États de capacités par des formations appropriées, les différents actes. »
Des formations très pratiques conçues par Florent Bouvier. Sur le plateau technique, équipé par la coopération française, le directeur des études de l’Institut africain de cybersécurité prépare des scénarios à destination des militaires et décideurs politiques du continent : « Vous êtes ici dans une salle de simulation qui permet de jouer des jeux de rôle en matière d’attaques cyberinternationales, partant d’expériences réelles qui ont impacté des sites de production ou des sites civils ou militaires, pour permettre à ces personnels des ministères ou des services informatiques de réagir de façon adaptée à des attaques du même type. »
Inauguré il y a un an, l’Institut accueille cette semaine sa toute première promotion, une vingtaine d’auditeurs du continent, indique notre correspondante à Dakar.
Frederic