Environ 500 personnes vont pouvoir débarquer du « Diamond Princess » mercredi 19 février. Elles étaient confinées dans leurs cabines, le coronavirus ayant contaminé 542 des 3 711 occupants de ce navire placé en quarantaine dans le port de Yokohama depuis le début du mois de février.
C’est l’heure du soulagement pour quelque 500 croisiéristes, enfermés depuis le début du mois à bord du paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine à cause du SARS-CoV-2. L’opération de débarquement a débuté avec une bonne demi-heure de retard à l’abri des regards. Les Japonais n’ont rien vu car les caméras ont été maintenues à plusieurs dizaines de mètres du navire et les autorités ont exigé que toutes les images soient floutées. De loin, la silhouette des croisiéristes en train de débarquer pouvait toutefois être aperçue, raconte notre correspondant au Japon, Bruno Duval.
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Environ 500 passagers seulement, sur les 3 711 personnes à bord, ont été autorisés à quitter le navire mercredi 19 février. Mais d’autres suivront puisque le débarquement va se poursuivre jusqu’à vendredi.
Pour obtenir le précieux sésame vers la terre ferme, les conditions sont strictes. Seuls ceux qui ont été testés négatifs au SARS-CoV-2 qui ne présentent aucun symptôme comme de la fièvre ou de la toux et qui n’ont pas été en contact avec une personne contaminée sont autorisés à quitter le navire. Ce mercredi matin, ils ont dû s’engager à informer les autorités de l’évolution de leur état de santé.
Une fois à terre, les débarqués ont été installés dans des bus et des taxis puis accompagnés à leurs destinations respectives. Les personnes sans symptômes et dont le test est négatif ont reçu un certificat officiel indiquant qu’elles ne constituent « aucun risque d’infection au nouveau coronavirus, ladite personne ne présentant pas non plus de symptômes au moment de l’inspection ».
Inquiétudes des Japonais
Malgré les mesures prises, cela n’a pas suffi à rassurer les citoyens. Depuis l’annonce du débarquement, on pouvait lire des commentaires anxieux sur les réseaux sociaux. Les Japonais ont entendu les explications des spécialistes sur le délai d’incubation de la maladie et sont donc inquiets, car, la veille, encore 99 nouvelles contaminations ont été découvertes à bord.
Certains se demandent donc si des passagers débarqués ce matin ne vont pas, à leur tour, tomber malades dans quelques jours et, entre-temps, contaminer des tas de gens. Un sondage paru mardi 17 février met en lumière le déficit du gouvernement sur la gestion de la crise autour du Diamond Princess. Selon l’étude, les Japonais estiment qu’il y a un déficit d’explications de la part de gouvernement. Seulement 39% des Japonais jugent qu’il a été à la hauteur des événements.
Situation « totalement chaotique » à bord
Pour autant, la situation sur le Diamond Princess serait « totalement chaotique », selon le professeur de la division des maladies infectieuses de l’université de Kobe, Kentaro Iwata. Dans des vidéos (en anglais), vues plusieurs centaines de milliers de fois, il dit avoir eu « peur » à bord du paquebot. « Ce navire est totalement inapproprié au contrôle de propagation des infections. Il n’y a pas de distinction entre les zones vertes (saines) et rouges (celles potentiellement infectées) » et « le personnel peut circuler d’un endroit à l’autre, manger, téléphoner », explique-t-il.
« J’ai été en Afrique pour traiter l’épidémie d’Ebola. J’ai été dans d’autres pays pour le choléra, en Chine en 2003 pour m’occuper du Sras (…) Jamais je n’ai eu peur d’être moi-même infecté », alerte le spécialiste des maladies infectieuses avant d’ajouter, « à l’intérieur du Diamond Princess, j’ai eu peur (…) car il n’y avait aucun moyen de dire où se trouvait le virus ». À tel point qu’il s’est lui-même mis en quarantaine 14 jours pour ne pas risquer de contaminer sa famille.
Face à ces critiques, le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a assuré que « depuis le 5 février, des mesures rigoureuses ont été prises pour prévenir la propagation de l’infection, notamment en portant des masques, en se lavant les mains et en utilisant un désinfectant ». Concernant le manque de séparation entre les zones contaminées et saines, il a répondu « nous faisons de notre mieux », assurant également que, selon les spécialistes qui conseillent le gouvernement, la situation est « sous contrôle ».