Washington pourrait bien continuer ses frappes aériennes sur l’Afghanistan si l’offensive des talibans commencée au mois de mai se poursuit. Alors que les troupes américaines plient bagage, les forces de Kaboul n’offrent qu’une faible résistance face aux talibans.
« Les États-Unis ont intensifié leurs frappes aériennes en soutien aux forces afghanes ces derniers jours et nous sommes prêts à continuer ce haut niveau de soutien dans les jours à venir, si les talibans continuent leurs attaques », a déclaré dimanche le général Kenneth McKenzie, patron du Commandement central de l’armée américaine (Centcom)
Les talibans se sont emparés depuis presque trois mois de vastes portions rurales de l’Afghanistan, à la faveur d’une offensive tous azimuts contre les forces afghanes, coïncidant avec le début du retrait définitif des forces internationales du pays, désormais quasiment achevé. Les forces afghanes n’ont offert jusqu’ici qu’une faible résistance et ne contrôlent plus pour l’essentiel que les capitales provinciales et les principaux grands axes.
Poursuite du soutien après le 31 août
Après une relative accalmie sur le terrain durant les trois jours de l’Aïd el-Adha, la fête musulmane du Sacrifice, les autorités afghanes ont annoncé avoir lancé de multiples opérations militaires depuis vendredi dans une quinzaine de provinces pour tenter de reprendre du terrain. Elles ont décrété samedi un couvre-feu nocturne sur l’ensemble du territoire à l’exception de trois provinces, dont celle de Kaboul.
« Nous allons continuer à soutenir les forces afghanes, même après le 31 août », date-butoir annoncée de la fin du retrait des forces américaines, a ajouté le général McKenzie. « Cela se fera généralement depuis l’extérieur du pays. Et cela sera un changement significatif ». Le patron du Centcom a aussi annoncé qu’après cette date, les États-Unis « continueraient de fournir un important soutien logistique, en particulier à l’aviation afghane », en Afghanistan ou sur des bases du Centcom.
La récente avancée éclair des talibans fait craindre que les talibans ne s’emparent à nouveau du pouvoir, quasiment 20 ans exactement après en avoir été chassés fin 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis.
« Solution politique »
Les États-Unis ont signé en février 2020 à Doha, au Qatar, un accord historique avec les talibans prévoyant le retrait de tous les soldats étrangers d’Afghanistan en échange de la fin des attaques contre les troupes internationales et l’ouverture de négociations directes entre insurgés et autorités de Kaboul.
Le gouvernement afghan et les négociateurs talibans se sont rencontrés ces dernières semaines à Doha, mais les pourparlers entamés en septembre dernier n’ont connu aucune avancée, les deux camps s’accusant mutuellement de ne pas vouloir la paix. Le général McKenzie a toutefois estimé qu’« il y a une voie pouvant conduire à une solution politique à cette guerre ».
Afghanistan: en pleine offensive, le chef des talibans «favorable à un règlement politique»
Dans les faubourgs de Kandahar, la grande ville du sud de l’Afghanistan, quelque 22 000 familles ont déjà fui leur domicile en raison des combats de ces dernières semaines. Forte de plus de 650 000 habitants, Kandahar est la deuxième ville du pays derrière Kaboul. Les talibans en avaient fait le centre de leur régime, basé sur une interprétation ultrarigoriste de l’islam, qui régna sur l’Afghanistan entre 1996 et 2001.
(Avec AFP)