Victoire pour les conservateurs et pour Donald Trump. La plus haute juridiction américaine a décidé de laisser le Texas appliquer la loi la plus restrictive du pays en matière d’avortement. L’IVG est interdite dès les premiers battements de cœur de l’embryon. Le président Joe Biden a fustigé ce jeudi 2 septembre la décision de la Cour suprême comme « une attaque sans précédent pour les droits constitutionnels des femmes ».
La décision de la Cour suprême américaine « provoque un chaos inconstitutionnel » et « insulte l’État de droit », estime le président américain dans un communiqué au vitriol. Joe Biden promet « une réponse immédiate » de son gouvernement, appelé à trouver « des mesures pour assurer que les femmes du Texas aient accès à des avortements en toute sécurité et légalité ». La loi du Texas, qui interdit les avortements une fois le battement du cœur de l’embryon détecté, « est tellement extrême qu’elle ne prévoit pas d’exception en cas de viol ou d’inceste », a martelé le locataire de la Maison Blanche.
Au Texas, depuis le 1er septembre, les femmes n’ont donc plus le droit d’avorter, même en cas de viol ou d’inceste, à partir de six semaines de grossesse, soit bien avant que beaucoup réalisent qu’elles sont enceintes. Une dizaine d’autres États conservateurs ont fait passer des textes similaires depuis 2019, mais ils n’ont jamais être appliqués, facilement contestés devant les tribunaux par les organisations de planning familial.
Délation
Le Texas fait exception, car ce n’est pas le gouvernement qui est chargé de faire respecter la loi, mais les particuliers encouragés à dénoncer, à poursuivre ceux suspectés d’aider une femme à avorter après six semaines de grossesse. Une prime de 10 000 dollars est même prévue pour les délateurs. Et selon les juristes, cela rend cette loi beaucoup plus difficile à attaquer.
Cela permet de mettre en place une sorte de justice populaire. N’importe quel citoyen de n’importe quel État du pays peut porter plainte au civil contre les personnes qu’il suspecte d’aider les femmes à se faire avorter. Cela concerne bien sur les soignants qui pratiquent les IVG, mais cela peut aussi concerner un chauffeur de taxi ou quelqu’un qui paye les frais d’une personne qui s’est fait avorter. Cela a pour but de créer un climat de peur et d’intimidation pour que les femmes n’aient plus la possibilité de se faire avorter.