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Transition en Guinée : les militaires au rythme de leur agenda (Edito Djoma de Mognouma)

Tout est calculé et bien muri par le Comité National de Rassemblement et de Développement (CNRD).

Depuis sa prise du pouvoir, cette junte fonctionne à son rythme sans se précipiter, du moins sans hâter les pas, malgré l’étendue des taches qui l’attendent pour un chantier pas très facile.

Des actes tombent au compte-gouttes. Parfois avec beaucoup de fioritures, donc empreints de populisme pour conforter une légitimité toujours fragile. Ce pour servir un agenda dont on a, jusqu’à ce jour, moins de lisibilité .

 

Il a fallu attendre plus d’un mois pour voir la nomination du Premier Ministre, Mohamed Béavogui. Surement, il va falloir attendre autant afin de découvrir les noms des collaborateurs dans le futur gouvernement, de ce nouveau premier ministre de nature douce appelée à se battre dans un chaudron avec des partis politiques au tempérament contestataire.

Pour l’heure, le pays affiche un semblant de vie normale. L’administration aussi.

Des fonctionnaires de certains EPA dont les comptes restent encore gelés, attendent toujours leurs salaires. C’est le service minimum partout. Ce qui n’est pas idéal pour l’économie du pays qui est déjà exsangue. Des projets qui en dépendent, sont en berne pour manque de financement. Le retard qui sera ainsi accusé indéniablement à un gros coup. C’est un autre coup de sabot donné à une économie sous perfusion depuis plus d’une année.

Au-delà du gel des comptes de ces entreprises publiques, il y a aussi ceux des tierces qui sont mis sous le verrou . Cette décision manifestement illégale et qui est hélas appliquée avec enthousiasme et démesure par les banques primaires commence à dépasser les bornes de la bonne gestion à cause du temps qu’elle prend, au risque d’aggraver très prochainement la thésaurisation.

 

En attendant, le président de la junte fait dans l’affichage médiatique. Son image illumine en permanence la télévision. Les discours en verve qui dépeignent la situation chaotique du pays avant le coup de force deviennent de moins en moins audibles. On sent, à une dose modérée, du Alpha sans Alpha. Celui qui, durant tout son règne, a saoulé l’opinion qu’il croyait séduire, plutôt crédule, à ne se lassant de promettre et de ressasser les tares de la gouvernance précédente .

La population qui commence à se remettre de l’euphorie du départ d’un régime qui a désenchanté, ainsi que les partenaires du pays, s’impatientent de voir la nomination très rapide d’un nouveau gouvernement qui va décliner les objectifs de la transition, reformer une administration surannée et corrompue, arrêter les agissements aux allures de règlements de compte.

Les partis politiques et acteurs de la société civile qui devaient accélérer cet agenda ont décidé de ranger leurs armes. Ils semblent éviter la confrontation au risque de subir un procès en arrogance de la part des nouveaux décideurs qu’ils évitent d’ailleurs de heurter. Cela est une forme de douceur qui peut passer aux yeux des critiques pour de la complaisance.

Dans tous les cas, on peut toujours compter sur l’Éternel pour guider la transition et inspirer les militaires.

 

Lamine Mognouma Cissé

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