Le dirigeant du groupe EI, Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi, a été tué lors d’une opération conduite dans le nord de la Syrie, a annoncé le président des États-Unis, ce 3 février. Tous les soldats américains sont sains et saufs, a-t-il précisé.
Dans un communiqué publié ce jeudi, la Maison Blanche a annoncé que le chef de l’organisation État islamique avait été tué dans une opération américaine en Syrie au cours de la nuit du mercredi 2 février au jeudi 3 février.
Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi est mort dans une explosion qu’il a lui-même causée. « Au début de l’opération, la cible terroriste a fait exploser une bombe qui l’a tué ainsi que des membres de sa propre famille dont des femmes et des enfants », a indiqué un haut responsable à la Maison Blanche.
Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi a été tué au cours d’une opération commando dans la province d’Idlib dans le Nord-Est de la Syrie. Lors d’une brève allocution à la Maison Blanche, le président américain a déclaré : « Grâce à la bravoure de nos troupes, cet horrible chef terroriste n’est plus. Nos forces ont mené cette opération avec la préparation et la précision qui les caractérise. »
Joe Biden a affirmé avoir privilégié une opération commando pour éviter des victimes civiles et est revenu sur les circonstances de cette opération.
« Sachant que ce terroriste avait choisi de s’entourer de familles avec des enfants, nous avons choisi de mener un raid des forces spéciales, bien plus risqué pour nos hommes qu’une frappe aérienne. Nous avons fait ce choix pour limiter les victimes civiles. »
Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi s’est fait exploser « dans un ultime geste désespéré de couardise et sans égard pour la vie de sa propre famille ou d’autres personnes dans l’immeuble, il a choisi de se faire exploser, pas seulement la ceinture (d’explosifs), mais de faire sauter ce troisième étage, a lancé Joe Biden. Plutôt que de faire face à la justice pour les crimes qu’il a commis, emportant plusieurs membres de sa famille avec lui, comme l’avait fait son prédécesseur. »
L’opération la plus importante dans le pays depuis 2019
Des forces spéciales américaines ont été héliportées jeudi avant l’aube dans une région du nord-ouest de la Syrie. L’opération a eu lieu dans la localité d’Atmé, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Elle aurait fait 13 morts dont des femmes et des enfants.
L’Agence France-Presse a pu recueillir des précisions sur place. L’objectif des forces spéciales américaines était un bâtiment de deux étages, en partie détruit pendant les affrontements.
En octobre 2019, un raid similaire avait éliminé Abou Bakr al-Baghdadi, le précédent chef de l’organisation État islamique.
Qui était Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi ?
L’Irakien Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi vivait avec femmes et enfants dans une région abritant de nombreux camps de déplacés de la guerre syrienne, rapporte le correspondant de RFI dans la région, Paul Khalifeh. Choisi comme « calife » après la mort de Baghdadi, cet homme de 44 ans était une figure éminente des groupes jihadistes où il a gravi les échelons dans l’appareil militaire.
Il s’est employé ces deux dernières années à réorganiser les rangs du groupe en Syrie et en Irak et a réussi à reconstituer une force de plus de 10 000 combattants, actifs dans le désert syrien et dans plusieurs provinces en Irak. Sa mort intervient quelques jours après la fin d’une attaque spectaculaire du groupe État islamique contre une prison à Hassaké, dans le nord-est de la Syrie.
La province d’Idleb est contrôlée par l’ex-branche d’al-Qaïda en Syrie, Hayaat Tahrir al-Sham (HTS) et par des rebelles pro-turcs. Dans ce territoire de 6 000 kilomètres carrés, l’armée turque déploie des milliers d’hommes face aux troupes gouvernementales syriennes.
Une des principales cibles américaines
Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurayshi était de toute façon l’une des principales cibles américaines depuis sa prise de pouvoir il y a deux ans, rappelle Sofia Amara, journaliste spécialisée sur l’organisation État islamique.
Pour les Américains c’étaient une cible importante. J’en veux pour preuve déjà l’opération héliportée. Les Américains n’interviennent que très rarement sur le terrain syrien. C’était ce qu’ils avaient fait justement pour liquider Abou Bakr al-Baghdadi, le prédécesseur du chef de Daech qui vient à son tour d’’être éliminé. Pour le reste des opérations, elles se font souvent par voies aériennes ou par le truchement des forces locales, qu’elles soient irakiennes, kurdes ou syriennes.
Pour Sofia Amara, la disparition d’Abu Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi risque cependant de ne pas changer grand chose dans l’influence qu’a le groupe EI dans la région.
Daech a été pensé de manière à ce que la disparition de ses chefs n’ait pas d’influence trop importante sur la survie du mouvement. C’est un mouvement qui a vocation à disparaitre et à réapparaitre, à se réinventer à chaque fois, à renaître de ses cendres. Il faut rappeler que l’EI existe depuis 2006 sous d’autres formes et donc la disparation de ce nouveau chef de l’État islamique n’aura pas d’impact sur les idéaux qui ont conduit à la renaissance de ce mouvement.