Nouvelle salve d’arrestations au Soudan, visant des représentants de partis politiques qui ont été écartés du pouvoir par le coup d’État mené par le général Abdel Fattah al-Burhane le 25 octobre dernier. Il s’agit des dernières interpellations en date après de nombreuses arrestations de militants, journalistes, avocats et manifestants qui militent pour un pouvoir civil.
Ces membres de la coalition des Forces pour la liberté et le changement avaient déjà été arrêtés au moment du putsch, puis relâchés sous la pression internationale. Depuis le mois de janvier, ils avaient accepté de participer à la médiation proposée par les Nations unies pour tenter de sortir le pays de cette crise politique majeure.
Khalid Omar Yousif, ancien ministre du gouvernement civil, participait à une réunion au siège de son parti politique, le Congrès soudanais, lorsque des membres des services de sécurité, habillés en civil, ont fait irruption dans la pièce et l’ont embarqué sur-le-champ.
De son côté, Wagdi Saleh, autre figure des forces pour la liberté et le changement, a aussi été arrêté après avoir été convoqué par police. Il a été transféré à la prison d’Oumdurman et serait accusé de « corruption » par les autorités.
Des centaines de militants détenus
Des accusations « fallacieuses », dénonce un porte-parole de la coalition d’opposition au coup d’État. Wagdi Saleh était l’un des responsables du comité de démantèlement du régime d’Omar el-Bachir. Avant le coup d’État, ce comité avait mené de multiples enquêtes sur des affaires de corruption et de malversations impliquant des membres de l’ancien régime. Or, depuis le 25 octobre, bon nombre des soutiens du régime déchu ont été réhabilités par le général Burhan.
Ces arrestations de figures politiques interviennent dans un contexte de répression féroce. Outre la répression violente des manifestations hebdomadaires, le pouvoir multiplie les arrestations. Mercredi, les forces de l’ordre et les services de renseignement ont effectué un raid dans le quartier général d’un comité de résistance au sud de Khartoum. Plus d’une centaine de militants sont détenus à la prison de Soba, la plupart sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.
Ces comités de quartiers sont désormais le fer de lance de la révolte contre le putsch. Un collectif d’avocat dénonce des arrestations totalement arbitraires qui visent à « intimider » et « démoraliser » le mouvement de contestation pacifique.