Le CNRD (la junte au pouvoir), semble en avoir gros le coeur contre la ville sainte de Dinguiraye. C’est le moins que l’on pourrait dire. Depuis l’avènement de la junte au pouvoir, le 5 septembre 2021, la cité religieuse de Dinguiraye, fondée sur les valeurs de l’Islam, du pardon et de la fraternité, essuie des actions qui s’apparentent à un acharnement du sort réservé uniquement à elle. C’est une ville placée constamment sur le qui-vive, partagée entre le sentiment de peur et la résignation. Les perspectives pour un avenir prometteur s’amenuisent et le désespoir a pris le-dessus sur l’espérance. A l’origine, les ennuis qui s’enchaînent et s’abattent sur elle. C’est ainsi que, après avoir reçu les assauts répétitifs isolés d’un commandant venu arraché des véhicules à des particuliers, les habitants s’attendent encore, au nom du tout puissant état, à la destruction prochaine de leurs habitats. C’est la triste réalité. Dinguiraye, une ville qui peine encore à sortir de l’âge de la pierre taillée, parce que reléguée aux oubliettes dans les programmes et projets de développements avec les différents gouvernements qui se sont succédé de l’indépendance à nos jours, est restée debout grâce aux efforts de ses laborieuses populations, et attend désormais le passage des bulldozers pour disparaître. Ainsi, en a décidé la puissance d’État, pourrait-on dire. Dinguiraye, l’une des préfectures la plus enclavée de la Guinée qui n’a pas ou presque bénéficié de l’attention de la République, court le risque de son morcellement et la destruction à grande échelle de son habitat avec les opérations les récupérations de domaines de l’Etat enclenchées à tout va. Le schéma risque de faire plus de mal que l’embellie promise. Au demeurant,
quelle urgence pousserait les autorités de la transition dirigée par le Colonel Mamadi Doumbouya a réduire ses compatriotes en « sans domicile » ?
Le CNRD a-t-il des projets d’utilités publics urgents sous la main pour détruire l’existentiel ? Que vas- t-il faire des domaines récupérés ? Doit-on s’attendre à la construction d’édifices publics d’envergure et l’agrandissement de la voirie urbaine ? Rien n’est sûr.
Il faut tout de même détruire et ou retirer aux pauvres populations les fruits de durs labeurs…
Toujours est-il qu’à Dinguiraye, le préfet, Karamoko Oumar Boké Camara, un individu en marge de l’histoire, semble pressé les pas plus que partout ailleurs. Ce vendredi, sur les ondes de la radio rurale, il a fait une annonce surprenante et inquiétante : se prononçant sur le dégagement des emprises de la voie publique, le préfet a laissé entendre que dès ce lundi ces opérations vont commencer et qu’ils prélèveront 50 mètres profondeur dans les quartiers, loin derrière les caniveaux. Donc, il faut s’attendre à la démolition de plus de la moitié des concessions de la ville. Ce qui serait le schéma tracé par le préfet et ses ingénieurs. Sinon depuis quand le dégagement des emprises de la route est enfoncée jusqu’à 50 mètres en profondeur de distance des habitations ? Même la construction d’une autoroute moderne ne demande pas un tel dégagement. Manifestement, un schéma se cache derrière un autre. Et à la limite, il faut se poser une question : ces dégagements des emprises publiques ne vont-ils pas mettre des familles dans la rue et faire d’elles des « sans abris ». Ce qui serait contraire à la dernière sortie du CNRD qui dit suspendre les opérations de démolition. Sauf en ce qui concerne les emprises publiques. La raison invoquée serait humanitaire pour ne pas mettre des Guinéens dans la rue pendant la période des pluies. Fort bien, mais ces dégagements de l’emprise ne vont-ils pas mettre des Guinéens dans la rue? Ou bien les habitants de Dinguiraye ne sont pas Guinéens ? On ne le dirait pas, surtout que c’est seulement là que l’on veut détruire jusqu’à une profondeur de mètres jamais vu dans toutes les autres contrées du pays. On attend alors que cette mesure s’applique à d’autres préfectures comme… Kankan. Dinguiraye est une ville sainte et Allah veille sur elle. IL saura au moment opportun démontrer son omnipotence contre l’injustice.
Par Baila. B