Prévues en dernier ressort, le 23 mai 2022, à Conakry, les négociations sur la mise en œuvre d’une mutualisation des infrastructures, entre le gouvernement et les sociétés impliquées dans le développement des projets d’exploitation du minerai de fer de Simandou, ont été selon un responsable gouvernemental reportées sine die. Une incompréhension entre les acteurs privés et les autorités de la transition seraient à l’origine de ce report. Vrai ou faux ?
Oui il y a eu report. Un report qui est interprété par un cadre du Ministère des Mines et de la Géologie comme étant un « blocus occasionné par les acteurs gouvernementaux impliqués dans la mise en route des projets Simandou », alors que, ajoute-t-il, « cette réunion était indispensable au gouvernement pour l’approbation des accords entre Rio Tinto et Winning Consortium Simandou, puisque ces accords ont été conclus à l’insu du gouvernement ».
Qu’est-ce qui serait à l’origine de cette impasse ?
Mais deux points seraient à l’origine de l’impasse entre les acteurs privés à qui, des membres du gouvernement « imputent le motif du blocage ». Il s’agit « du refus catégorique présumé des acteurs privés d’accepter à ce que la participation de 15% de l’État dans les infrastructures soient gratuites. Alors que le gouvernement s’attendait, comme cela avait été convenu lors de la signature des accords de base sur la mutualisation des infrastructures ».
Pour cette source, dans leurs accords conclus Rio Tinto et Winning Consortium Simandou se sont entendus d’exiger que « l’État guinéen finance les 15% à travers les dividendes futurs à défaut de les financer au coût du marché ».
Qu’en est-il de cette information selon laquelle la Guinée aurait l’intention de recourir au service d’un cabinet d’experts, pour guider ses pas dans cette aventure ?
Une source contactée à la Primature, dit que « la Guinée souhaiterait recruter cabinet d’experts Watson Farley & Williams, pour l’accompagner dans la mise en œuvre du projet et aurait demandé aux partenaires Rio Tinto et Winning Consortium Simandou de supporter la facture qui s’élèverait aux alentours de $US1,5 millions ». Une prise en charge financière que les partenaires privés aurait rejetée.
Pour une source proche du dossier, Winning Consortium Simandou la société la plus active, à date, dans le projet Simandou serait plutôt à encourager, au regard notamment des opportunités liées à la construction de cet indispensable triangle de croissance. Et c’est pourquoi, « les autorités guinéennes devraient faire preuve de retenue dans la recherche de la compréhension de ce problème qui risque de remettre en cause ce projet à dimension économique et financière internationale ».
On sent de plus en plus une mainmise de la grande muette sur nos mines. Faut-il s’en inquiéter ?
Au constat des échecs répétés, dans la conduite administrative de l’administration minière, en attendant un remaniement gouvernement longtemps annoncé, la Présidence de la République (PRG) et le Ministère de la Défense Nationale se sont partagés des prérogatives essentielles du Ministère des Mines et de la Géologie. Par la création d’un comité de coordination du projet de minerai de fer de Simandou et l’institutionnalisation de la Gendarmerie des Mines et Géologie (GMG). Le Haut commandant de la gendarmerie nationale Balla Samoura et le Directeur de cabinet de la PRG l’ancien banquier Djiba Diakité deviennent les vrais maîtres de la conduite du secteur minier guinéen.
En effet, un analyste local du secteur minier guinéen soutient que « désormais c’est le Président Mamadi Doumbouya et son Ministre de la Défense Nationale Général Aboubacar Sidiki Camara qui gèrent le secteur minier guinéen, au détriment du Ministre sectoriel Moussa Magassouba ».
Parce que, la présidence de la République (PRG) a décidé, à travers un décret du président Mamadi Doumbouya, de reprendre la gestion du projet de minerai de fer de Simandou. En mettant en place sous l’autorité de M. Djiba Diakité le directeur de cabinet de la PRG.
Car dans un décret du 8 juin 2022, le Président de la Transition a procédé à la création d’un comité de suivi du projet Simandou et a même nommé ses membres. La mise en place de ce comité de suivi intervient après l’échec à Conakry, le 23 mai, de la réunion sur la mise en œuvre de l’accord sur les infrastructures du projet Simandou citée plus haut.
Alors que peu avant, le Ministère de la Défense Nationale, a à travers un arrêté n°0058 du 19 mai, portant organisation, missions, attributions et fonctionnement de la GMG, chargée de la coordination des activités des unités de gendarmerie près des sociétés minières, de la sécurité des mines, carrières, installations et infrastructures minières.
En plus, cette GMG jouera le rôle de police administrative et judiciaire, à l’intérieur des sociétés opérant sur le territoire national, veillera à l’application des arrêtés gouvernementaux, conventions et textes de lois ainsi qu’à la préservation des intérêts de l’État dans les mines et carrières, vérifiera l’existence des documents autorisant l’implantation et l’exploitation des mines et carrières.
Comment fonctionne cette GMG ?
Dans son volet fonctionnement, la GMG est placée près du Ministère des Mines et de la Géologie pour emploi et relève de la Direction des formations spéciales du Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale et Directeur de la Justice Militaire. La GMG a compétence dans les lieux et établissements relevant du Ministère des Mines et de la Géologie. Elle procède aux enquêtes à caractère administratif et judiciaire à l’égard des personnels du Ministère, des zones des mines et carrières.
Et deux militaires de la Gendarmerie Nationale ont été immédiatement nommés aux fonctions de Commandant de la GMG. Le colonel Mory Konaté précédemment en service à Macenta (préfecture d’origine du colonel Amara Camara ministre secrétaire général de la présidence de la République) a été promu commandant de la GMG. Il est assisté du sous-lieutenant Alpha Mohamed Bangoura précédemment en service à direction centrale des investigations judiciaires de la Gendarmerie nationale.
Sauf que GMG vient en doublon à une autre structure du Ministère des Mines et de la Géologie qu’est la direction de la sécurité minière.
Le colonel trépigne d’impatience de voir les compagnies minières entreprendre les travaux de construction des raffineries d’alumine. Il exige d’ailleurs un chronogramme dans ce sens ?
Le compte rendu du conseil des ministres du 9 juin donne un moratoire de 10 jours aux entreprises minières de déposer les chronogrammes de construction de leurs raffineries d’alumine, au gouvernement.
Le Président de la transition par l’entremise du ministre des Mines et de géologie demande aux entreprises minières pour une seconde fois de fournir les chronogrammes de construction des raffineries comme mentionné dans leurs conventions de base. Cette fois-ci un moratoire de 10 jours a été accordé aux entreprises minières pour respecter leurs engagements. Colonel Mamadi Doumbouya a lors du dernier conseil des ministres informé le gouvernement de l’éminence de cette décision avant instruit au ministre Moussa Magassouba de le suivre de près. Selon le compte rendu du conseil des ministres.
Concernant la fixation du prix de référence de la bauxite, le président de la transition a informé le Conseil que les conclusions de la mission du Fonds Monétaire International (FMI) ont permis d’illustrer que des progrès sont en train d’être faits dans l’amélioration des recettes minières.
Il a déploré l’inégalité du prix de la bauxite dans les différentes sociétés comme « si nous n’étions pas dans le même pays ». Le Président a ensuite ordonné aux Départements des Mines, du Budget et des Finances de se pencher sur le cours mondial de la bauxite et de soumettre au Premier ministre le 15 juin le rapport pour examen avant transmission par celui-ci le vendredi 17 juin 2022 du projet d’arrêté conjoint fixant le prix de référence de la bauxite.
Il y a aussi la présence d’une mission anglaise dans nos murs, pour lorgner dans le cadre minier ?
Selon une source au ministère des Mines et de la Géologie, dans le souci de mieux connaître les potentialités minières du pays, le cadastre géologique, une équipe de l’agence anglaise de recherche géologique British geological survey a effectué une visite en Guinée, la semaine dernière.
Objectif, prendre contact avec le Ministère des Mines pour explorer des pistes de collaboration dans le cadre de la recherche géologique. Cette mission a également discuté avec le secteur privé et la société civile pour mieux cerner les besoins de la Guinée en matière d’exploration minière.
A noter que la Guinée a besoin d’approfondir la recherche géologique pour consolider les données géologiques susceptibles d’être mises à la disposition des investisseurs. Ceci permettrait à la Guinée d’éliminer beaucoup d’exonérations en faveur des entreprises Minières au profit de l’État.
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