A l’issue du sommet extraordinaire délocalisé, de la CEDEAO ayant abouti à la prise de certaines décisions vis-à-vis des autorités de la transition guinéenne, des langues se délient autour du sujet qui passionne au sein de l’opinion publique. C’est vrai, les dirigeants de cette organisation sous-régionale sont libres de prendre des décisions au gré de leur compréhension des sujets brûlants de l’heure.
Cependant, il y a des paramètres à prendre en compte. Aujourd’hui, il faut se poser la question de l’opportunité et les implications de ces décisions de la CEDEAO.
C’est pourquoi, il est important de rappeler certains faits à ne pas passer sous silence.
1. La garantie de neutralité dans la conduite de la transition. Dès la prise du pouvoir par le CNRD, le Colonel Mamadi Doumbouya s’est engagé solennellement à ne pas briguer un quelconque poste électif au terme de la transition. Et qu’il n’a pas de candidat. Mieux, la charte qui fait office de la constitution transitoire est claire : aucun membre du CNRD, du gouvernement et des institutions de la transition ne sera candidat lors des prochaines consultations électorales.
Plus loin, dans ses différentes sorties médiatiques, le Président du Conseil National de la Transition, Dr. Dansa Kourouma ne cesse de marteler qu’il ne veut aucun poste nominatif dans le gouvernement qui suivra la transition.
Quel courage ! Est-il besoin de rappeler qu’en 2009, le flou autour de la candidature ou pas de l’ex président de la transition le capitaine Moussa Dadis Camara, sont partis les événements du 28 septembre 2009 dont le procès s’ouvrira dans quelques jours! Cette neutralité est d’une grande opportunité pour la fondation d’un État avec des institutions solides.
2. De la mise en route des initiatives de refondation de l’État.
S’il y a encore divergence entre certains acteurs de la vie nationale et les autorités actuelles sur le calendrier de la transition, il n’en demeure pas moins de souligner avec insistance, l’unanimité autour de la pertinence des 10 actions à réaliser pour l’édification d’une Guinée refondée répondant aux aspirations légitimes de ses citoyens.
Maintenant, les réformes sont souvent douloureuses. Elles peuvent toucher des intérêts. Et comme le disait l’autre, » l’histoire accouche dans la douleur « . Les réfractaires à ces réformes doivent comprendre que l’objectif recherché est le bonheur du peuple. Car, il n’est plus question de bâtir un îlot de bonheur dans un désert de misère. En lieu et place de l’oligarchie, les Guinéens doivent jouir de la redistribution de la richesse nationale.
3. De la nécessité du dialogue : c’est vrai que dans ce contexte de refondation, il est difficile de faire l’unanimité. A cause de plusieurs facteurs endogènes et exogènes. Mais, les Guinéens doivent se parler et avoir le courage de transcender leurs clivages, pour l’intérêt supérieur de la nation.
4. A la CEDEAO : de comprendre les enjeux du processus engagé en Guinée. Il faut éviter l’hypothétique démarche susceptible de radicaliser le pouvoir de Conakry. C’est un virage dangereux. Aujourd’hui, il est question d’amener tous les acteurs autour de la table. C’est une mission bien possible. Il suffit de trouver la meilleure approche.
Boubacar Koyla Diallo.