L’OMS présente, ce jeudi 8 décembre, son dernier rapport sur le paludisme : 619 000 personnes sont mortes du paludisme en 2021 et 247 millions en sont atteintes. Après une détérioration nette de la situation en 2020 à cause du Covid-19, la situation se stabilise, mais ne revient pas à des niveaux pré-pandémiques. On est loin des objectifs fixés par la communauté internationale, d’autant plus que de nombreux nouveaux risques émergent.
La pandémie de Covid-19 affecte toujours la lutte contre le paludisme. Mais alors que la situation est déjà compliquée, l’OMS observe plusieurs nouveaux signaux inquiétants, notamment concernant les moustiquaires imprégnées, l’un des principaux moyens de prévention.
« Les moustiquaires imprégnées ont été, pendant de nombreuses années, l’outil le plus efficace pour réduire les contaminations, explique Abdisalan Noor de l’OMS. On en a distribué près de 2,5 milliards depuis l’an 2000, mais depuis on observe une résistance généralisée des moustiques à l’insecticide utilisé. Cela affecte leur efficacité. De nouvelles avec d’autres produits sont désormais validés par l’OMS. Elles nous permettront de limiter ce phénomène, mais elles sont plus chères et affecteront nos ressources. »
Les programmes nationaux fonctionnent
Les moustiques deviennent également plus résistants aux traitements. Une nouvelle espèce asiatique se répand sur le continent africain, notamment dans les villes épargnées jusqu’à présent.
L’autre point mis en valeur par ce rapport. Les programmes nationaux contre le paludisme sur le continent ont bien tenu malgré les circonstances. « Ces programmes ont permis d’éviter un nouveau recul, note Pascal Ringwald, directeur du programme mondial paludisme à l’OMS. Ceci dit, nous faisons face à de nombreuses menaces, particulièrement en Afrique. En plus du Covid-19, des crises humanitaires et un manque de financement sabotent nos progrès. D’autres défis émergent comme la résistance aux médicaments et aux insecticides. »
De nouveaux outils, mais des besoins de financement
Mais malgré ces défis, il y a tout de même de l’optimisme : « Malgré la résistance aux anti-paludiques et aux insecticides, il y a plus de 20 pays qui sont en passe d’éliminer le paludisme, rappelle Le Dr Corine Karema, directrice par intérim du partenariat pour faire reculer le paludisme. Si pendant cette période, nous avons des pays qui vont éliminer le paludisme, cela nous montre que c’est réalisable. »
Et il y a aussi de nouveaux outils qui peuvent permettre de continuer la lutte contre la maladie : « Nous avons le premier vaccin qui a été approuvé qui est déjà mis en œuvre dans trois pays, continue Corine Karema. Il y a aussi des nouvelles molécules pour les antipaludiques en essai clinique dans beaucoup de pays. Donc, on a une panoplie d’outils prometteurs. » Mais pour cela, il faudra des financements, l’OMS estime les besoins à plus de 7 milliards de dollars annuels. Il n’y en a eu que la moitié en 2021.
RFI