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Des femmes, des populations jeunes : des classes sociales défavorisées dans le milieu politique (Par Aboubacar Makissa Camara)

La participation des femmes en politique est un sujet d’une grande importance. Elle est même d’intérêt mondial. Au fil des années, de nombreux pays ont vu des progrès dans la représentation et l’engagement des femmes dans la sphère politique, bien que des disparités persistent toujours dans de nombreuses régions. En termes de représentation, historiquement, les femmes étaient largement sous-représentées dans les instances politiques, notamment les parlements, les gouvernements et les postes de direction.

En dépit du fait qu’il y a eu une augmentation constante du nombre de femmes occupant des postes politiques au niveau local, national et international, elles sont encore bien moins représentées que leurs homologues masculins.

Si l’on souhaite s’interroger sur les raisons de cette sous-représentation, il convient d’étudier les barrières et défis qui se présentent à elles. Les femmes ont souvent fait face à des barrières culturelles, sociales et structurelles qui ont entravé leur participation politique. Ces barrières peuvent inclure des stéréotypes de genre, des préjugés, des normes traditionnelles et des structures de pouvoir masculines préexistantes.

De ce fait, certains pays ont adopté des mesures spéciales pour augmenter la représentation des femmes en politique.

Les quotas de genre, par exemple, imposent un certain pourcentage de candidatures ou de sièges réservés aux femmes.

En France, la parité est la règle lors de certaines échéances électorales : cela induit par exemple une parité stricte dans les conseils municipaux, où il y a autant d’adjoints au Maire hommes que femmes. Les gouvernements français les plus récents ont également souhaité, sans que rien ne les y oblige formellement, respecter une parité au sein des ministères : cela n’est toutefois plus le cas, et même quand ça l’est – en début de mandat – nous pouvons noter que les ministères régaliens ou de plein exercice sont souvent à la charge de ministres masculins, et les fonctions de Secrétaires d’Etat ou ministres déléguées sont plutôt occupées par des femmes.

L’impact de cette sous-représentation féminine est conséquent. La recherche suggère que l’augmentation de la représentation des femmes en politique peut avoir un impact positif sur les politiques adoptées. Les femmes élues sont souvent plus susceptibles de promouvoir des questions telles que l’égalité des sexes, la santé reproductive, l’éducation et la lutte contre la violence domestique. Parmi les exemples récents, nous pouvons noter le discours de la Première ministre Elisabeth Borne lors de la passation avec l’ancien Premier ministre français Jean Castex, où elle mentionna le fait que sa nomination était un message d’espoir pour toutes les jeunes filles de notre pays. Bien que des progrès aient été réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre une représentation politique équilibrée entre les genres. La promotion de l’égalité des sexes en politique nécessite des efforts soutenus pour surmonter les obstacles persistants. Il existe par ailleurs un Ministère dédié à l’égalité entre les femmes et les hommes, aujourd’hui occupée par Madame Bérengère Couillard.

 

De la même façon, l’implication des jeunes en politique est un sujet important et en constante évolution. Les jeunes générations sont souvent perçues comme étant moins engagées dans le processus politique, mais il y a un intérêt croissant pour encourager leur participation active.

Les jeunes ont souvent été sous-représentés dans les processus politiques traditionnels tels que les élections et la prise de décision. Cependant, de nombreux jeunes s’impliquent dans la politique à travers des mouvements sociaux, des manifestations, des activités de plaidoyer et des actions en ligne. Leurs voix doit être entendue notamment du fait que leurs préoccupations sont parfois distinctes de celles de leur aînés : les jeunes sont souvent motivés par des questions telles que le changement climatique, l’égalité des sexes, l’injustice sociale, l’éducation, l’emploi et d’autres enjeux qui touchent directement leur avenir. Ils sont souvent plus enclins à utiliser les médias sociaux et les plateformes en ligne pour exprimer leurs opinions et se mobiliser. L’émission politique BackSeat sur Twitch est un beau succès français dans laquelle de nombreux politiques vont, justement, pour parler à des populations plus jeunes, avec de jeunes, sur des formats plus jeunes. Les jeunes peuvent rencontrer des barrières à leur participation politique, notamment le manque d’accès à l’éducation civique, le manque d’expérience politique et la perception que leurs voix ne sont pas prises au sérieux par les élites politiques établies.

Les jeunes sont souvent enclins à utiliser les nouvelles technologies pour s’engager politiquement. Les médias sociaux, les plateformes en ligne et les applications mobiles permettent aux jeunes de se connecter, de partager des informations et de coordonner des actions à une échelle mondiale. Les marches du mouvement « Nous toutes », contre les inégalités entre les femmes et les hommes et les violences faites aux femmes, rencontrent par exemple chaque année un énorme succès du fait de leur apolitisme et de leur cause commune sur des formats plus contemporains.

Néanmoins, le leadership est un objet qui ne cesse pas auprès de cette cible. Certaines jeunes personnalités ont émergé en tant que leaders dans des mouvements politiques et sociaux. Leur présence peut inspirer d’autres jeunes à s’impliquer davantage dans le processus politique. Nous pouvons à cet égard citer le député insoumis Louis Boyard, âgé de seulement 23 ans, qui porte des revendications perçues comme « jeunes » au sein de l’hémicycle et les retranscrit sur des canaux que peu utilisés habituellement par les parlementaires, en premier lieu sur. Tik Tok.

Aussi, certains jeunes cherchent à créer de nouvelles formes de politique, moins hiérarchiques et plus collaboratives, en utilisant des méthodes telles que les assemblées citoyennes et les consultations en ligne. En somme, l’implication des jeunes en politique peut contribuer à revitaliser les processus démocratiques, à apporter de nouvelles perspectives et à faire avancer des questions cruciales pour l’avenir. Les efforts visant à encourager leur participation et à surmonter les obstacles qu’ils rencontrent sont essentiels pour une démocratie dynamique et inclusive.

Enfin, si la diversité des origines sociales peut enrichir les débats et les prises de décision en apportant des perspectives variées, nous notons que la très grande majorité des représentants appartient à la classe moyenne supérieure ou aisée, notamment lorsqu’il s’agit d’instances nationales ou supranationales. Une représentation équilibrée des différentes classes sociales est importante pour assurer que les politiques répondent aux besoins de l’ensemble de la population. Cela peut nécessiter des efforts délibérés pour encourager la participation de personnes de milieux divers. Les partis politiques jouent un rôle clé dans le choix des candidats et des représentants politiques. Leurs processus de sélection peuvent influencer la diversité sociale de leurs membres. On note à cet égard que les partis se revendiquant des classes populaires tel que le Parti communiste français sont ceux amenant le plus d’individus modestes dans les instances politiques. A cet égard, l’élection de la députée insoumise Rachel Keke dans le Val-de-Marne en 2022, porte-parole de la grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles entamée en 2019, fut vue comme une victoire notamment du fait de sa symbolique.

Aboubacar Makissa Camara

Doctor of Philosophy – Political Science

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