La grève générale et illimitée déclenchée ce lundi 26 février 2024 par les syndicalistes continue d’endeuiller des familles à Conakry. Deux jeunes ont perdu la vie par balles dans la journée de ce lundi.
Il s’agit de Mamady Kéita et Ibrahima Touré, tous tués par balles réelles lors des échauffourées.
Mamady Kéita, âgé de 18 ans, élève de la 10ème au collège Ansoumaniya à la Cimenterie, a été la première victime tuée au quartier Sonfonia.
Jointe au téléphone par l’un de nos reporters, Diallo Aissatou, la mère de Mamady Kéita relate les circonstances dans lesquelles son enfant a perdu la vie :
“Mon fils était parti acheter l’haricot pour son petit déjeuner, à ce moment-là, moi j’étais partie au marché pour acheter des condiments. En arrivant à la maison, j’ai demandé à ma maman où était passé Mamady, elle m’a dit qu’il était parti acheter son petit déjeuner. J’ai dit à maman qu’elle ne devrait pas accepter qu’il sorte de la maison car la ville était mouvementée. Quelques minutes après, ses amis sont venus me dire que Mamady avait reçu une balle au niveau du cou. C’est ainsi que je suis sortie devant la cour et j’ai vu des jeunes venir vers moi, ils portaient Mamady à dos. On a directement pris la tangente vers une clinique et ceux-ci nous ont dit de partir à Donka. Arrivés là-bas au service d’urgence, Mamady est décédé”, a-t-elle martelé avant de lancer son cri du cœur :
“Mon fils ne sort jamais dans les manifestations. Après l’école, il vient directement à la maison, il ne sort jamais. Que les autorités arrêtent de tuer maintenant, si les enfants font des choses qui ne sont pas normales, qu’ils les arrêtent et les punissent comme ils veulent. Mais on ne peut pas accepter qu’ils tirent sur nos enfants comme des animaux sauvages”.
Également joint au téléphone, le père de la deuxième victime, Ibrahima Touré, âgé de 21 ans, électricien et taxi-motard, qui avait aussi reçu une balle à Hamdallaye, a expliqué comment il a appris l’assassinat de son premier fils.
Aboubacar Touré : “D’abord, je suis maçon. Aux environs de 12 heures, j’étais au chantier à Kagbelen, j’ai reçu un appel des voisins pour me dire que les agents de sécurité ont tiré sur mon enfant. En revenant à la maison, mon petit frère m’a rappelé pour dire qu’il est décédé. Ainsi, je suis allé à l’hôpital Jean Paul 2. De là-bas, on a pris le corps pour la morgue d’Ignace Deen”, a-t-il déclaré.
Mécontent de la disparition subite de son enfant, ce père désespéré déplore les tueries enregistrées sous le règne de la junte au pouvoir :
“Quand ils ont pris le pouvoir, ils ont dit que la justice sera la boussole qui va orienter tous les Guinéens. Aujourd’hui, ils sont en train de faire pire que ce qui se passait au temps d’Alpha Condé. Si c’est vrai qu’il y a jugement, Dieu va juger entre nous et ces gens-là”, a conclu Aboubacar Touré.
De son côté, Ousmane Diallo, voisin de la famille d’Ibrahima, explique les circonstances dans lesquelles, Ibrahima Touré est mort. « Ils m’ont appelé ce matin pour me dire que les agents d’un pick-up qui quittaient de Banbeto vers Hamdallaye ont tiré sur le fils d’un voisin à Hamdallaye au niveau de la Pharmacie juste à côté de la station Total. Après je leur ai demandé où ils sont, ils ont dit qu’ils ont envoyé le corps à l’hôpital Jean Paul 2. C’est ainsi qu’on a informé la famille et pris le corps pour l’envoyer à Ignace Deen pour faire l’autopsie. Arrivés là-bas, ils nous ont dit de passer demain afin de nous donner les directives pour rencontrer le procureur de Dixinn. Donc le corps se trouve en ce moment à Ignace Deen.”
TBD/ Louis De Funès Diallo, Pour Mondemedia.info