À l’issue d’un scrutin plus verrouillé que jamais en Russie, et de chiffres officiels de records de participation et de bulletins sur son nom, Vladimir Poutine s’apprête à entamer un cinquième terme à la tête de la Russie jusqu’en 2030. Comme chef de l’État et comme chef de guerre.
Un plébiscite annoncé, et sans surprise perçu et présenté par le chef de l’État russe comme un blanc-seing pour sa guerre en Ukraine. En témoignent les résultats officiels symboliques : à Belgorod, tout particulièrement bombardée ces derniers jours et surtout pendant les trois derniers jours du vote, Vladimir Poutine aurait récolté 96,45 % des voix, selon les derniers résultats transmis. Comme prévu, les chiffres sont tout aussi canoniques dans les territoires de l’Ukraine occupés depuis 2022 : 95 % dans la région de Donestk, 92 % dans celle de Zaporijjia.
Le chef de l’État russe a présenté au monde, dans la nuit de dimanche 17 à lundi 18 mars, une Russiequi n’entend rien changer au cours de son action militaire, bien au contraire : « Peu importe qui veut nous intimider ou à quel point, peu importe qui veut nous écraser ou à quel point, que ce soit notre volonté ou notre conscience, a-t-il lancé. Personne n’a jamais réussi à faire quelque chose de semblable dans l’histoire. Cela n’a pas fonctionné aujourd’hui et ne fonctionnera pas à l’avenir. »
Un scrutin pour coïncider avec les 10 ans d’annexion de la Crimée
Ce scrutin était planifié pour coïncider avec les 10 ans d’annexion de la Crimée. Finalement, il n’en aura été que très peu question ces derniers mois en Russie. Des célébrations ont bien eu lieu, mais très discrètes et très circonscrites au territoire de la péninsule annexée.
Lundi soir, un concert devrait pourtant se tenir sur la place Rouge à Moscou : des installations y sont visibles depuis plusieurs jours. C’est habituellement là que le président remercie ses électeurs et donne en filigrane aussi des orientations à venir pour le pays.
Vladimir Poutine en a donné quelques éléments dimanche soir. Il s’est livré tard dans la soirée, jusqu’à deux heures du matin, heure de Moscou, à une longue conférence de presse. Sur le plan intérieur, là aussi sans surprise, sa mainmise et le contrôle sur le pays vont encore se renforcer.
Il n’y a pas de peine de mort en Russie, mais « nous traiterons les traîtres comme s’ils se trouvaient dans une zone de guerre », a-t-il dit.
Montée d’une nouvelle génération de « princes du système » ?
Cette étape présidentielle passée, Moscou bruisse des rumeurs de possibles changements dans les rouages du pouvoir, et on évoque notamment une montée aux avant-postes de la génération en dessous de celle de Vladimir Poutine. Pour l’instant, les rares à avoir grimpé quelques échelons sont associés à ce qu’on peut appeler les « princes du système » : les fils des compagnons de route de Vladimir Poutine. Les élites ont encore de nombreuses semaines pour s’observer : l’investiture du chef de l’État est prévue pour le 7 mai.
Un remaniement, certainement limité, aura lieu après avec une feuille de route interne concentrée sur les combats en Ukraine, on le sait. Et pour la financer : des hausses d’impôts qui font déjà grincer les dents en Russie.
RFI