Hier et aujourd’hui
Ce pays fut témoin de mes premiers pleurs. Il fut témoin de toutes les étapes de mon premier âge et aujourd’hui 31 décembre 2024, il continue à être témoin des différentes étapes de mon deuxième âge. Je prie Allah, de me prêter longévité, pour que ce pays soit également témoin de mon troisième âge. Je connais un peu ce pays, j’ai pris le temps de l’observer et de le pratiquer. Je suis aussi un témoin de certaines étapes de la vie socio-politique de ce beau pays. Les faits sont têtus et l’histoire est infalsifiable.
Avant 2021, il y a des choses que je ne pouvais imaginer possible que dans mon imagination la plus folle.
Avant le CNRD, je m’imaginais qu’être membre du gouvernement était un domaine et un privilège uniquement, jalousement et précieusement réservé à un groupe d’amis ou de copains.
Avant le CNRD, je n’ai jamais cru qu’on pouvait être membre du gouvernement ou membre influent du pouvoir et être inquiété par la justice pour sa gestion.
Avant le CNRD, je n’ai jamais cru que la malversation financière était un crime. Je considérais le détournement comme une bénédiction.
Avant le CNRD, personne ne pouvait croire que la justice guinéenne pouvait être crainte comme elle l’est aujourd’hui au point que certains guinéens préfèrent l’exil que de faire face à la justice de leur pays.
Avant le CNRD, je n’ai jamais cru que la compétence était une qualité et avait sa place dans l’administration guinéenne.
Avant le CNRD, j’ai toujours cru que le trafic d’influence et l’arrogance étaient des anomalies normales.
Avant le CNRD, j’ai toujours cru qu’être membre du gouvernement ou membre influent du régime était une autorisation pour faire ce qu’on veut et comme on veut.
Avant le CNRD, j’ai toujours douté que le Chef avait la plénitude du contrôle de sa main. Ce n’est que sous le CNRD que j’ai compris que face au délit économique et financier, la main d’un Chef peut ne pas trembler.
Avant le CNRD, je prenais la Guinée pour un centre de corrompus où le permis de corruption était délivré par la première autorité. Car, face à la corruption, tout chef qui ne sévit pas est un chef qui cautionne et délivre le permis de la corruption. Très malheureusement c’était la pire réalité en Guinée.
Avant le CNRD, je ne faisais plus la différence entre ACTION et PROMESSE. Je prenais la promesse et le conditionnel pour un acquis tellement que le guinéen vivait dans les promesses tous azimuts. Nous étions arrivés à un niveau où tout se résumait aux promesses et rien qu’aux promesses.
Avant le CNRD, nous étions arrivés à un niveau où la promesse était la chose la mieux partagée aux guinéens.
Avant le CNRD, j’avais cru qu’il y avait 3 types de cadre en Guinée:
– Cadres simples
– Cadres VIP
– Cadres super VIP.
Il a fallu le CNRD, pour qu’on réalise qu’on peut agir sans tenir des promesses et faire du silence une arme.
Il a fallu le CNRD, pour que le guinéen réalise que face au délit économique, aucun homme n’est supérieur à un autre.
Il a fallu le CNRD, pour que le guinéen réalise que face au délit économique, aucun cadre n’est VIP ou super VIP.
Il a fallu le CNRD, pour que le guinéen réalise que la justice n’a pas une main sélective ou un fouet sélectif.
Que tu sois un cadre d’un régime passé ou sous le CNRD, quand tu commets un crime économique, tu répondras, c’est une certitude inévitable. Qui l’aurait cru?
Face à l’injustice et aux crimes économiques, toutes les mains qui ont précédé le CNRD ont tremblé. Il a fallu la main du CNRD, pour que le guinéen réalise qu’il n’y a pas deux justices ou une justice à géométrie variable en Guinée. Que tu sois d’un régime passé ou de celui du CNRD, quand tu commets une délinquance financière, la colère de la justice te touchera. Qui l’aurait cru ?
Mon père, peu avant sa mort en 2012, me disait ceci: « Mon fils Guillaume, je refuse d’analyser la situation guinéenne. » Vu l’impunité et l’intelligence de certains guinéens dans la fausseté, mon père avait du mal à vivre sous les mêmes cieux que ces guinéens. Mon père serait heureux de voir le soleil de 2021 et vivre ce que nous vivons aujourd’hui.
C’est lorsque nous sommes en TRANSITION que nous sommes le plus pleinement dans l’action. C’est lorsque nous sommes en REFONDATION que nous sommes le plus pleinement dans le changement.
Bonne et heureuse année 2025 à tous.