L’accès aux soins de santé constitue une pierre angulaire de la protection sociale, dont l’objectif est de garantir à chaque individu, en cas de maladie, un accès aux soins de santé de base. Ce droit humain fondamental poursuit deux finalités majeures : prévenir l’appauvrissement lié aux dépenses de santé et contribuer à l’amélioration de la santé publique. Ces aspirations s’inscrivent pleinement dans les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, qui visent à transformer les conditions de vie et à renforcer l’inclusion sociale.
Dans un monde où l’accès universel aux soins est une priorité pour de nombreux gouvernements, la République de Guinée ne peut rester en marge. La mise en place d’une Couverture Maladie Universelle (CMU) n’est pas seulement une question de politique publique ; c’est un impératif national pour le bien-être de la population et la réduction des inégalités en matière de santé.
Cependant, la question demeure : cette ambition est-elle réalisable en République de Guinée, et quels défis devons-nous surmonter pour y parvenir ?
En République de Guinée, les défis à relever pour la mise en œuvre de la CMU sont entres autre :
Comme tout système de protection sociale, la question du financement est centrale. Il est impératif de mobiliser des ressources financières substantielles et durables, car la prévoyance sociale ne concerne pas seulement le présent, mais aussi et surtout l’avenir. Dans ce cadre, plusieurs pistes peuvent être explorées :
Un système d’assurance maladie ne peut fonctionner efficacement sans une gestion transparente et exempte de corruption, car cela engage assez de ressources tant humaines que financières. Voilà pourquoi la création d’une caisse spéciale dédiée à l’assurance maladie, à l’image de certains pays de la sous région comme la Côte d’Ivoire, le Togo, le Sénégal, le Mali… est une nécessité pour garantir une gouvernance rigoureuse et une redistribution équitable des ressources mobilisées pour la cause.
En République de Guinée, le secteur informel représente une part importante de la population active. Inclure ces travailleurs dans le système d’assurance maladie nécessite des mécanismes flexibles et innovants, adaptés à leurs capacités de contribution et tenant compte de leurs réalités économiques
Une CMU ne sera efficace que si elle repose sur un système de santé performant. Cela implique :
L’amélioration des plateaux techniques des hôpitaux publics et la signature de conventions avec des cliniques modernes et pharmacies du secteur privé sont des étapes incontournables.
Malgré les nombreux défis liés à la mise en œuvre de la CMU, la volonté politique actuelle offre des raisons d’espérer. Son instauration ne constituerait pas seulement une avancée sociale, mais également une véritable révolution dans le rôle de l’État et des institutions en matière de protection des citoyens. Ce système contribuerait à réduire les inégalités sociales, améliorerait la santé publique et assurerait à chaque citoyen un avenir plus serein et plus digne.
En République de Guinée, cette priorité semble prise en compte, comme l’a souligné le Président de la République dans son discours de nouvel an, où il a placé la Couverture Sociale Universelle parmi les priorités majeures de son agenda.
Il est à rappeler qu’au regard des progrès significatifs réalisés en matière de protection sociale, droit humain fondamental, ces trois dernières années, nous avons toutes les raisons de croire que la création, dans un avenir proche, d’une institution dédiée à la CMU est à portée de main. Une telle institution marquerait un tournant décisif pour améliorer les conditions de vie de la population et instaurer une justice sociale durable.
Une Guinée où l’accès aux soins de santé pour tous devient une réalité, quels que soient les moyens de chaque citoyen, fera de nous une nation plus forte, unie et solidaire. Cette Guinée, je la rêve !
Bhoye Goumba, spécialiste en sécurité sociale
Bhoyegoumba@gmail.com
Source : www.securitesociale.info