Indépendante depuis le 02 Octobre 1958, dotée d’énormes potentialités qui lui valent les qualificatifs de »château d’eau de l’Afrique occidentale » ou encore de »scandale géologique et agricole », la Guinée peine à prendre son envol pour se hisser au rang des pays qui exploitent rationnellement leurs ressources et progressent.
Le peuple de Guinée obéit malheureusement à un rituel qui consiste à applaudir tout nouveau régime puis à exprimer son désenchantement au bout de quelques temps.
Ainsi, la frustration, la colère habitent régulièrement les populations qui en majorité vivent dans des conditions précaires. Toutefois et au fil des années, ce pays aux 245 857 km2 enregistre des scènes de violences qui débouchent sur la destruction du peu d’édifices existant. Cette violence est remarquable également dans les opinions (paroles, écrits). L’on assiste à une virulence entre les protagonistes qui ne se font pas de cadeau, chose qui aggrave la plaie et contribue dangereusement à fragiliser la cohésion nationale.
Le pacifique et courageux peuple de 1958 ne l’est plus. Il se livre à un spectacle de violences qui a atteint son paroxysme dès lors que la liste des morts ne fait s’allonger. Le moindre désaccord conduit à un affrontement verbal et physique effroyable. Du coup, l’heure est à une réflexion collective mais surtout à l’action pour relever ce désormais premier défi qu’est la lutte contre la violence en Guinée.
Mais que faire concrètement sachant que chacun rejette la responsabilité sur l’autre ?
Il existe une brochette de propositions qui peuvent servir à ramener la quiétude dans les propos et actes. La première s’adresse aux pouvoirs publics dont la mission traditionnelle est de satisfaire l’intérêt général. Ils doivent être guidés par l’exemplarité notamment dans tous les discours de ceux qui agissent en son nom et pour son compte. Ils doivent aussi revêtir le manteau de la neutralité, de l’égalité tant qu’ils visent à satisfaire l’intérêt collectif y compris lorsqu’il s’agit du maintien de l’ordre public. Il leur revient en fin, au nom de la puissance publique qu’il incarne de sanctionner car l’impunité encourage la récidive.
Les médias, les confessions religieuses, les assemblées générales de partis politiques, les institutions d’enseignement constituent d’autres canaux de diffusion par excellence des valeurs attachées à la paix, à l’unité et au respect des règles. D’autant plus qu’à travers ces mécanismes, la communication dans différentes langues nationales permettra de couvrir l’ensemble de la population. Le défi pour la citoyenneté et la non-violence ne sera possible qu’avec le concourt des familles. Il appartient en effet à chacune de ces cellules de cultiver en son sein l’amour pour son pays, l’acceptation de son compatriote qui demeure un frère, une sœur car, en dépit des diversités liées à l’origine, la langue, la culture, la Guinée reste ce patrimoine commun que nous devons chérir. L’emploi, l’eau, l’électricité, les infrastructures sont certes des denrées rares en Guinée, cependant aucune de ces conditions ne pourra être remplie dans un climat où règne le manque de tolérance, Le non-respect des lois et la cruauté.
Joseph Pelicot CAMARA (Reims)