C’est la première fois de l’Histoire des États-Unis qu’un président affronte deux fois de suite un procès en destitution. Cette première journée d’audience a été consacrée à l’examen d’une requête des avocats de Donald Trump, qui demandaient tout simplement l’annulation du procès.
C’est sur un débat juridique que s’est ouvert ce second procès en destitution de Donald Trump, ce mardi 9 février. Cette première journée a été consacrée à la légalité de la procédure en elle-même, que les avocats de l’ancien président contestaient. La question a finalement été tranchée par un vote en fin d’après-midi, qui a déterminé que ce procès est bel et bien conforme à la Constitution.
Les démocrates ont ouvert le bal et ont disposé de deux heures pour expliquer le bien-fondé de la procédure. « Juger qu’elle est illégale entraînerait une exception de janvier pour tous les présidents futurs, ils pourraient faire ce qu’ils veulent sans en subir les conséquences », a fait valoir Jamie Raskin, qui dirige l’équipe de procureurs… avant de diffuser une vidéo de près de dix minutes retraçant les événements du 6 janvier et l’invasion du Capitole par des partisans de Donald Trump. Un petit film violent, éprouvant pour les élus qui ont vécu la scène en direct ce jour-là.
« Ce que nous avons expérimenté ce jour-là est le pire cauchemar des pères fondateurs devenu réalité », a lancé le démocrate Joe Neguse. « Les présidents ne peuvent pas enflammer une insurrection au cours des dernières semaines de mandat et ensuite s’en aller comme si rien ne s’était passé. Pourtant, c’est la règle que le président Trump souhaite que vous adoptiez. »
Les démocrates ont aussi fait valoir le devoir du Sénat qui, selon la Constitution, doit instruire le procès de toute personne mise en accusation par la Chambre des représentants.
Place ensuite aux avocats de Donald Trump, disposant, eux aussi, de deux heures pour faire valoir leur point de vue. Selon eux, l’ex-président n’a fait que jouir de sa liberté d’expression en contestant le résultat de l’élection. Ils estiment surtout que, puisqu’il ne siège plus à la Maison Blanche, Donald Trump ne peut pas faire l’objet d’un tel procès, la procédure n’a pas lieu d’être et est contraire à la Constitution.
« C’est une procédure irresponsable, guidée par la haine, a estimé l’avocat David Schoen. Ils veulent sacrifier le caractère de notre nation pour faire progresser leur haine, et par peur qu’un jour ils pourraient perdre le pouvoir… »
Les démocrates disposant d’une très courte majorité au Sénat, il n’y avait donc aucun doute sur le fait que le procès serait déclaré légal, d’autant que six républicains ont voté aux côtés des démocrates. Mais il en faudra dix-sept pour condamner Donald Trump.
Le chef de la majorité démocrate a toutefois lancé ce matin un appel à ses collègues républicains. Il leur a demandé de s’affranchir des pressions politiques et d’examiner les preuves qui seront présentées avec le sérieux que requiert la procédure. « C’est très important, c’est l’avenir du pays qui est en jeu », a déclaré Chuck Shumer.
Un procès plus court et des mesures de sécurité exceptionnelles
Le procès devrait être beaucoup plus court que celui de l’année dernière. Les deux camps veulent en finir au plus vite, pour pouvoir rapidement revenir aux priorités de Joe Biden côté démocrate, et pour faire oublier dès que possible les événements du 6 janvier côté républicain.
Des mesures de sécurité exceptionnelles entourent ce procès. Même si aucune menace précise n’a été repérée, les responsables de la police fédérale sont sur leurs gardes et ont décrété un état d’alerte. Ils craignent de nouvelles attaques de la part des partisans de Donald Trump.
La Garde nationale est toujours déployée, les militaires patrouillent dans le centre-ville de Washington et la barrière de sécurité qui entoure le Congrès est restée en place. Elle est même surmontée de lames de rasoir. L’accès au Capitole est sévèrement contrôlé et les procureurs démocrates du procès bénéficient d’une protection particulière. Les élus sont désormais escortés lorsqu’ils voyagent dans leurs circonscriptions.
RFI