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ÉTHIOPIE- les forces tigréennes de retour à Mekele et en mesure de contrôler d’autres villes

La capitale régionale est désormais sous contrôle des TDF. L’approche des rebelles avait créé un vent de panique à Mekele. L’administration intérimaire avait quitté les lieux juste avant, tout comme les troupes fédérales qui, selon des témoins, ont commis des vols, notamment de matériel des organisations humanitaires.

Pour le reste, les informations restent parcellaires, car les communications sont coupées avec le Tigré. Néanmoins, plusieurs sources parlent d’une poussée rebelle vers le sud, avec une reprise des localités de Mehoni et Maychew, sur la route qui mène à Alamata, une zone conquise dès le début de la guerre par les milices amharas de la région voisine, puisque c’est un territoire contesté par les deux côtés. Divers interlocuteurs décrivent également une avancée des TDF au nord de Mekele, avec notamment une reprise de la ville de Shire, confirmée par une source diplomatique, où des milliers d’habitants chassés de l’ouest du Tigré s’entassent dans les camps de déplacés.

Le porte-parole des forces tigréennes, Getachew Reda, a déclaré à l’agence Reuters qu’elles poursuivront l’armée éthiopienne en retraite, quitte à entrer sur le territoire de la province de l’Amhara ou du pays voisin, l’Érythrée, « si nécessaire ».

Opération express

Dans plusieurs localités reconquises, et notamment Mekele, des habitants ont célébré l’arrivée rebelle avec des manifestations de joie et même des feux d’artifice. Il faut dire que l’attaque lancée vendredi à cinq heures du matin a été fulgurante. Une opération baptisée Alula, du nom de Ras Alula Aba Nega, un général et homme politique tigréen du XIXe siècle.

On savait qu’une contre-attaque se préparait. Après les défaites du début, l’ancien pouvoir et ses troupes s’étaient repliés dans les campagnes et les montagnes pour préparer une reconquête. Ils ont également bénéficié du soutien d’au moins une partie de la population et de Tigréens qui ont décidé de rejoindre la lutte armée.

Un cessez-le-feu

Dans le même temps, les autorités fédérales éthiopiennes ont donc annoncé avoir déclaré un cessez-le-feu unilatéral, lundi 28 juin, alors même que les rebelles tigréens reprenaient la capitale Mekele et que leur commandement, pour sa part, n’a pas évoqué de suspension des combats. C’est sous la signature du « gouvernement de l’État national du Tigré » que la rébellion de l’ancien TPLF a célébré la prise de la capitale régionale Mekele, lundi soir. « Les Forces de défense du Tigré et le gouvernement légalement élu du Tigré sont de retour à leur place légitime », affirme son communiqué de victoire. Mais aucune mention n’est faite du cessez-le-feu décrété par Addis-Abeba. Au contraire, la rébellion dit « poursuivre » les « forces d’invasion » et parle d’opérations de « nettoyage ».

Du côté d’Addis-Abeba, la communication s’est faite en deux temps. D’abord, l’agence de presse officielle a relayé une « demande » de « cessez-le-feu humanitaire » formulée par le chef de l’administration pro-gouvernementale du Tigré, Abraham Belay, à l’approche de la saison des labours. Et cette demande a été aussitôt suivie par une dépêche annonçant une « acceptation » de ce cessez-le-feu unilatéral par les autorités fédérales, citant les difficultés liées au Covid-19, aux criquets pèlerins et aux déplacements de populations dues aux opérations militaires. Mais ce mardi, c’est le silence qui prévaut à ce stade.

Autre acteur impliqué dans ce conflit au Tigré, le gouvernement érythréen n’a pas formellement réagi aux derniers événements. Le ministre érythréen de l’Information, Yemane Ghebremeskel, a simplement publié un tweet sibyllin, semblant dire que, pour l’Érythrée, la guerre contre l’ancien TPLF continuait, mais sans autre précision. En revanche, les Émirats arabes unis, qui ont été des alliés de l’Éthiopie au début du conflit, ont salué le cessez-le-feu et « souligné », ce qui est nouveau, « qu’une solution politique est le seul moyen de mettre fin au conflit dans le pays. »

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