Une autorité qui estime être soutenue et qui prétend agir au nom du peuple, n’a besoin ni d’étouffer ni de réprimer les forces de contradiction. Elle serait plutôt confortable en agissant conformément à ses premiers engagements et sa bonne foi. Cela lui aurait évité d’avoir besoin de recruter des “vuvuzela politiques” sans repères ni honneur pour polluer le débat public.
D’ailleurs l’une des raisons de l’impopularité grandissante du CNRD est liée à la poisse de ses collaborateurs constitués en mouvance de la transition. Toujours est-il que la remobilisation et la détermination des forces politiques et sociales crédibles, ont permis de démasquer son véritable agenda en ce sens que :
> Si l’objectif déclaré de la transition était de rompre avec les pratiques criminelles du passé, cela est resté dans les discours car aujourd’hui les actes prouvent exactement le contraire.
> Si c’était le renouvellement de la classe politique, ceux qui sont dotés d’un minimum de bon sens et de lucidité comprennent maintenant que c’est une arnaque.
> Si c’était le rajeunissement de l’élite dirigeante, la réalité est que ce sont des “jeunes” ministres, fonctionnaires nouvellement nommés et courtisans éhontés qui sont en première ligne des acteurs qui conduisent la transition vers le ravin. Cela par le fait de leurs mauvaises décisions, leurs attitudes arrogantes et leur opportunisme criminel.
> Si l’objectif était le retour à l’ordre constitutionnel, on est en droit de se demander par quelle porte on peut sortir d’une transition dont les meneurs sont allergiques à toutes discussions inclusives sur le processus électoral et avec les compétiteurs politiques.
> Si c’était d’unir les guinéens, la répression sélective et ciblée des habitants de “l’AXE” suffit pour comprendre que ce n’était qu’un discours de séduction pour un besoin de légitimité.
> Si c’était de faire de la justice la boussole, l’impunité ne serait pas garantie à ceux qui font des expéditions punitives et assassinats jusque dans les domiciles des citoyens des quartiers assiégés de la commune de Ratoma. Cela est aussi valable pour le silence de la justice sur les crimes de sang commis sous le précèdent régime.
> Si c’était la sécurité des citoyens et la protection de leurs droits et libertés comme l’indique la charte de la transition, nous en sommes aux interdictions liberticides, aux restrictions fantaisistes et la répression sanguinaire des innocents.
En fait, la solution des problèmes politiques et sociaux de notre pays ne se trouve ni au bout d’un fusil ni dans l’usage d’un gaz lacrymogène encore moins dans le discours arrogant. Mieux, une parade militaire n’est appréciable que pour célébrer une guerre gagnée contre des ennemis armés et non face à des citoyens qu’on a le devoir sacré de protéger.
Tout porte à croire que cet enlisement de la transition serait sciemment provoqué et entretenu par des personnes qui tournent dans l’appareil d’État. Et pourtant, avec autant de signaux d’alerte et de conseils, c’était un piège évitable pour ceux qui la conduisent ; s’ils étaient bien entendu de bonne foi car Dieu ne guide jamais dans la bonne direction ceux qui ont de mauvaises intentions.
Aliou BAH