Des tirs et des explosions ont encore secoué Khartoum, la capitale du Soudan, mardi soir, en dépit d’appels à la trêve, au quatrième jour de combats entre l’armée et les paramilitaires qui ont fait près de 200 morts. La population se questionne sur les raisons qui ont mené à ce conflit meurtrier.
Le conflit entre Hemedti et le général al-Burhan, latent depuis des semaines, a explosé quand ils ont été forcés d’annoncer leur plan pour intégrer les FSR aux troupes régulières. Autre pomme de discorde, la présence depuis le règne d’Omar el-Béchir de nombreux officiers islamistes dans l’armée soudanaise, que le général Hemedti souhaitaient purger.
« Je pense que le courant islamiste a joué un rôle direct dans ces évènements. Il est très possible que ce soit eux qui ont allumé la mèche de la discorde, car depuis la chute d’el-Béchir, ils ont prouvé qu’ils feraient tout pour ne pas lâcher le pouvoir », analyse un homme.
D’importants soutiens au sein de l’armée
Des négociations étaient en cours avant l’irruption de la guerre pour tenter d’installer un gouvernement civil. Depuis le coup d’État d’octobre 2021, le courant islamiste, qui bénéficiait déjà d’importants soutiens au sein de l’armée, s’est renforcé avec la bénédiction du général al-Burhan. C’était l’un des principaux points de crispation avec le général Hemedti.
« Les islamistes sont ceux qui avaient le plus à perdre des négociations politiques qui avaient lieu avant la guerre. Je crois aussi que ce sont eux qui avaient intérêt à provoquer cette guerre, car si un accord avait été signé, il aurait signifié leur arrêt de mort et les aurait exclus du jeu politique », croit savoir Hashim.
Il est encore trop tôt pour comprendre qui a tiré le premier coup de feu. Mais un engrenage s’est enclenché samedi matin que rien ne semble pouvoir arrêter.
« Lors des appels que j’ai eus avec les généraux Hemedti et al-Burhan, j’ai dit très clairement que les attaques, les menaces et les dangers qui pèsent sur nos diplomates étaient totalement inacceptables ». En marge d’un déplacement pour le G7 affaires étrangères au Japon, le secrétaire d’État américain Antony Blinken n’a pas caché son mécontentement.
Alors que les combats durent depuis plusieurs jours, un convoi diplomatique qui emmenait des Américains résidents de Khartoum vers un lieu plus sécurisé a été pris pour cible. À l’intérieur des véhicules blindés, personne n’a été blessé. L’enquête est encore en cours, mais les premières indications pointent vers des éléments liés aux forces de soutien rapide du général Hemedti.
Comme d’autres, et notamment l’Union européenne, Les États-Unis appellent à un cessez-le-feu, au moins pour évacuer les blessés et les populations touchées. Jusqu’ici en vain. La Maison Blanche explique qu’il n’y a aucun plan pour évacuer les Américains sur place et qu’ils doivent prendre leurs dispositions pour s’assurer qu’ils sont en sécurité.