A l’occasion du 65ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance nationale, je suis heureux de célébrer avec vous, cette date historique qui a permis à notre peuple, le 2 octobre 1958, de s’affranchir de la domination coloniale. Il y a 65 ans, notre peuple a choisi librement et dignement son avenir institutionnel et cet esprit de souveraineté doit encore guider nos pas. En ces temps où l’Afrique prend en main son destin, les Guinéens doivent être conscients de l’impérieuse nécessité d’évaluer les orientations politiques et économiques du pays, en fonction des intérêts exclusifs du peuple de Guinée.
Depuis 1958, nous avons entrepris ensemble une longue marche, traversé des épreuves difficiles pour constituer le patrimoine des acquis démocratiques que nous avons bâti ensemble depuis l’élection présidentielle de 2010. Des acquis démocratiques que nous devons encore défendre, pour honorer le contrat social qui doit lier les gouvernants aux gouvernés, c’est-à-dire, le respect de la légitimité démocratique. Et non pas servir d’obscurs intérêts venus d’ailleurs et qui retardent le continent africain.
Je m’adresse à vous en tant que président de la république qui garde sa légitimité, parce que je n’ai pas accédé au pouvoir par la violence et mon pouvoir n’a pas été remis en cause par les urnes. Aujourd’hui, au moment où la Guinée évolue en dehors des règles constitutionnelles, nous devons tous être conscient des enjeux et des défis qui se posent à notre nation.
En premier lieu : le retour à la démocratie et à l’état de droit qui doit se traduire par le retour à l’ordre constitutionnel, le respect des libertés publiques, qui permet aux partis politiques, aux syndicats, à la société civile d’exercer librement leurs activités. Aux journalistes, de travailler dans la liberté et la responsabilité, sans peur de la pression politique, du chantage, de la connivence obligée ou violence subie.
Dans ce contexte, il est utile de s’inscrire dans la lutte contre la violence et les abus de pouvoir qui conduisent souvent à l’arrestation arbitraire de certains citoyens emprisonnés depuis plus d’une année, sans jugement, dans un cadre de pression politique, intimidation et règlement de compte ciblés. Un état de fait symbolisé par l’impuissance d’une justice qui s’éloigne des vertus cardinales de l’indépendance et de l’état de droit, une magistrature qui a pourtant dans les acquis démocratiques, bénéficié d’un statut et d’avantages matériels pour mener librement sa mission.
D’autres défis attendent notre pays, notamment : La lutte contre la pauvreté, l’engagement en faveur des jeunes sans emplois, l’aide renforcée à l’autonomisation des femmes qui connaissent aujourd’hui une rentrée scolaire difficile, à cause de la cherté de la vie. Je voudrai adresser à chacun d’entre vous, un message vous invitant à ne pas accepter l’inacceptable, il faut continuer à se battre pour défendre les vertus d’unité, de fraternité et de confiance, pour un retour de la Guinée dans le giron démocratique. Afin que nos efforts passés pour instaurer la démocratie, ne soient pas dilapidés par des hommes sans projets de société.
C’est pourquoi je salue le courage de ceux qui résistent à la tentation trop facile d’accepter une situation de non droit et d’injustice, pour des raisons égoïstes et personnelles, je salue ceux qui ne renoncent pas aux valeurs cardinales de la dignité et de la loyauté, en refusant de brûler aujourd’hui, ce qu’ils ont adoré hier.
A l’opposé des hommes et femmes qui ne voient la Guinée qu’en termes de rente et bénéfices, pariant sur une gouvernance inversée où les meilleurs sont en bas de l’échelle, les moins bons en haut, alors qu’une telle société n’a pas d’avenir.
A chacun d’entre vous, je souhaite bonne fête d’indépendance et demande de croire à notre destin commun dans la justice, la paix et la démocratie.
Bonne fête de l’indépendance !
Pr Alpha Condé