Dans son discours à la faveur de la présentation du projet de loi de finances initiales 2025, le président du Conseil National de la Transition, Dr Dansa Kourouma s’est adressé aux membres du gouvernement et à la classe dirigeante.
Ci-dessous son la copie de son discours:
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
En ce jour solennel où nous réunissons les énergies et les esprits pour examiner et voter le projet de loi de finances initiale 2025, permettez-moi de rappeler l’importance cruciale du processus budgétaire pour notre Nation, qui poursuit sa marche vers le développement, dans la paix et l’harmonie, sous le leadership de Son Excellence le Général d’Armée Mamadi DOUMBOUYA, Président de la République, Chef de l’État.
En effet, le présent budget, qui s’inscrit dans une véritable construction financière annuelle, est prévu par la loi de finances votée par le Parlement. Ensemble des ressources et dépenses de l’État, au-delà d’être un outil de planification et de gestion financière, le budget est l’expression tangible des ambitions politiques, économiques, sociales et culturelles. Il est le document dans lequel l’État définit ou annonce, de manière chiffrée et planifiée ses priorités et sa détermination à bâtir une Nation prospère, inclusive et résiliente.
C’est donc avec un profond sens de responsabilité que le Conseil National de la Transition, dans le respect des compétences que lui attribuent la Charte de la Transition et son Règlement intérieur, associe ses efforts à ceux du Gouvernement pour assurer une vision opérationnelle plus concrète dans la mise en œuvre de la Loi organique relative aux Lois de Finances.
Ce sens profond de responsabilité du Parlement se manifeste à travers le contrôle de l’exécution du budget, tant lors de l’examen du budget initial, que lors du collectif budgétaire. En effet, le contrôle parlementaire de l’exécution du budget est un pilier essentiel pour assurer la santé financière du pays, consolider la discipline budgétaire, renforcer la confiance des investisseurs étrangers et la crédibilité du pays sur la scène mondiale et favoriser ainsi son émergence économique.
Souvenons-nous que le processus budgétaire consiste, pour les organes de l’État, à disposer d’outils efficaces pour prévenir les risques et saisir les opportunités qui se présentent. Le processus budgétaire répond à cette exigence de prévision et de prévention, en fournissant une vision prospective des besoins financiers et des ressources disponibles.
Son rôle principal est donc de traduire les objectifs stratégiques en termes de ressources financières et de privilégier les investissements et les dépenses opérationnelles en fonction des priorités de développement durable.
Il relève dès lors de notre responsabilité de faire du processus budgétaire un élément clef de la performance financière et du succès à long terme de la gestion budgétaire.
Lors de la précédente session budgétaire, notre institution, fidèle à son rôle de veille stratégique et de contrôle, a formulé des recommandations précises et ambitieuses à l’attention du Gouvernement. Ces recommandations, à travers leur rigueur et leur pertinence, avaient pour objectif de garantir une mobilisation accrue des ressources, une meilleure allocation des dépenses, et un impact maximal sur les secteurs prioritaires.
Le projet de loi de finances initiale 2025 que nous nous apprêtons à examiner doit refléter ces priorités. Il doit s’appuyer sur une gestion responsable, rigoureuse et stratégique de nos ressources.
Mesdames et Messieurs,
Au Gouvernement, nous réitérons notre appel à respecter strictement les lois en vigueur, notamment la Loi Organique Relative aux Lois de Finances (LORF). La transparence dans la gestion des ressources publiques est non seulement une exigence légale, mais aussi un devoir moral envers nos concitoyens.
Aux membres de notre institution, je rappelle l’importance de cet exercice démocratique. Notre rôle ne se limite pas à approuver ou rejeter un document budgétaire. Nous devons être les gardiens vigilants des aspirations de nos populations, en veillant à ce que chaque ligne budgétaire réponde à un besoin réel et urgent.
À vous partenaires techniques et financiers, nous exprimons notre gratitude pour votre soutien indéfectible. Votre accompagnement technique et financier reste essentiel pour la mise en œuvre réussie de nos politiques publiques.
Honorables membres du Conseil,
Mesdames et Messieurs,
La Guinée est à la croisée des chemins. Le contexte actuel nous impose de redoubler d’efforts pour assurer la stabilité macroéconomique tout en répondant aux défis sociaux et économiques de notre pays. Nous avons la responsabilité historique de transformer notre potentiel en opportunités concrètes pour chaque citoyen guinéen.
L’exercice auquel nous nous préparons vient après un autre, de grande envergure aussi, qui a porté sur une campagne à grande échelle de vulgarisation de l’avant-projet de nouvelle constitution à l’intérieur du pays. Il s’est agi d’une démarche basée sur une approche inclusive et participative, en phase avec la philosophie de réforme constitutionnelle prônée et mise en œuvre par le CNT, sous la lumière inspirante du Chef de l’État, le Général d’Armée Mamadi DOUMBOUYA.
Cet exercice porteur d’enseignements a amené les Conseillers nationaux à se déployer, en une trentaine d’équipes, dans chacun des chefs-lieux de région, de préfecture et de sous-préfecture du pays, et a permis essentiellement de faire deux grands constats :
Le premier constat est qu’après la première mission des Conseillers nationaux, menée sur l’ensemble du territoire national pour s’enquérir des aspirations des populations, ces dernières se sont fortement réjouies de cette seconde mission qui a consisté à venir, une seconde fois, partager le fruit des travaux subséquents afin de recueillir à nouveau leurs rétroactions en vue de bonifier l’avant-projet de nouvelle Constitution. Les émissaires du CNT ont expliqué chaque point de cet avant-projet et ont pu prendre acte du génie des populations guinéennes quant à la conscience et à la compréhension qu’elles ont des enjeux nationaux, avec une acuité partout caractérisée.
Le second constat est que cette seconde mission des Conseillers nationaux a été l’occasion non seulement de prendre acte des doléances des populations, mais aussi et surtout, de constater de visu, un certain nombre de déficits et de dysfonctionnements de la gouvernance locale qui méritent de bénéficier de la plus haute attention prioritaire du gouvernement.
Les missions ont constaté, dans une très grande majorité, une dégradation avancée des infrastructures routières et plus globalement une manifestation insignifiante de l’appareil et de l’autorité de l’État dans maintes contrées. Ce constat, qui n’est pas à imputer à la gouvernance actuelle, concerne aussi bien les infrastructures de santé que celles de l’éducation, dans les services déconcentrés et décentralisés de l’État. Ce déficit ou, bien souvent, cette absence d’infrastructures dans le pays profond a amené beaucoup de nos compatriotes rencontrés à croire que nos efforts de leur faire bénéficier d’une couverture santé universelle et d’une éducation gratuite ne seraient qu’un vœu pieux.
Nous lançons ici et maintenant un cri d’alarme car l’heure est grave, les besoins en développement à la base sont gigantesques et requièrent une attention particulière des pouvoirs publics.
L’interpellation que nous font les déficits importants constatés par les missions des Conseillers nationaux sur le terrain ne peuvent qu’amener la représentation nationale à interroger à son tour les organes de gestion de l’État lors du présent exercice de LFI.
Mesdames et Messieurs,
Depuis un certain temps, il est regrettable de constater que certains de nos concitoyens, investis de hautes responsabilités, semblent ignorer ou mépriser les valeurs fondamentales de la refondation, valeurs que le CNRD promeut avec force et pour lesquelles nous avons solennellement prêté serment sur les livres saints de notre foi.
Je tiens à rappeler, à nous tous ici présents, et à ceux qui, ailleurs sur le territoire national ou en mission, portent le poids des mêmes responsabilités, que notre mission est sacrée et notre responsabilité immense. Nous ne pouvons ni ne devons trahir l’engagement que nous avons pris devant le peuple de Guinée et devant le Tout-Puissant. La loyauté et la fidélité doivent guider chacune de nos actions, sans faux-fuyant, sans compromission.
Après plusieurs jours passés au plus près de nos compatriotes, sillonnant villes et villages des régions de la Guinée profonde, une question essentielle n’a cessé de tourmenter mon esprit : sommes-nous pleinement conscients de l’espoir que le peuple de Guinée a placé en nous ? Ce peuple, qui avait autrefois perdu tout espoir d’accéder au bonheur collectif, se convainc aujourd’hui que la prospérité est à sa portée. Cette conviction, il la doit au leadership éclairé du CNRD et à l’action déterminée de son Président, le Chef de l’État, le Général d’Armée Mamadi DOUMBOUYA.
L’exercice budgétaire qui nous réunit ce matin est essentiel, car il conditionne la matérialisation de cet espoir retrouvé par nos populations. Mais il ne s’agit pas d’un simple acte administratif. C’est un acte de foi en l’avenir, un engagement à donner corps aux aspirations profondes de notre peuple. Cela exige de nous des convictions fortes et une responsabilité sans faille.
La planification budgétaire doit ainsi être guidée par trois principes essentiels :
- La sincérité dans les prévisions ;
- La régularité dans l’exécution ;
- La discipline dans la gestion des ressources publiques.
Or, il faut avoir le courage de le dire : ces valeurs, consubstantielles à la refondation, sont aujourd’hui en décalage avec les comportements de certains acteurs de notre Administration. Cette élite, pourtant liée par un serment de loyauté au peuple de Guinée, agit parfois en contradiction avec l’esprit et les exigences de la refondation. La question est donc simple mais grave : que se passe-t-il ? Au cours de notre tournée sur le terrain, nous avons ressenti la souffrance de nos compatriotes. Mais en dépit de cette souffrance, un constat réconfortant s’impose : le peuple, dans sa grande majorité, continue de croire en son Président et en la promesse d’un avenir meilleur. Cette confiance populaire ne doit ni n’être trahie ni n’être dilapidée.
C’est pourquoi, du haut de cette tribune, et au nom de nos concitoyens, j’affirme avec force que la représentation nationale assumera pleinement sa mission. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour aligner le présent budget sur les exigences de la refondation. Ce budget, rappelons-le, doit être au service exclusif du peuple de Guinée et des aspirations collectives qu’il porte. Les valeurs de la refondation ne sont pas de simples mots inscrits dans les discours, elles sont des repères moraux et des impératifs d’action.
Notre loyauté doit se manifester par des actes concrets. À tous ceux qui, investis de responsabilités, se sentent au-dessus de ces principes, je dis ceci : revenons à l’essentiel ! Revenons à la voie de la loyauté, du service public et du dévouement au peuple. Notre mission n’est pas un privilège, c’est un devoir. Que chacun prenne la mesure de l’espoir placé en lui ! Que chacun se rappelle que la postérité jugera nos actions d’aujourd’hui. Travaillons, agissons et réformons dans l’intérêt exclusif de la Guinée.
Honorables Conseillers Nationaux,
L’avenir de la Guinée ne se construira pas sur des promesses, mais sur des actions concrètes et mesurables. Le projet de loi de finances initiale 2025 est une occasion pour nous de démontrer notre engagement envers le progrès, l’équité et la prospérité.
L’expérience montre que la transparence, le contrôle parlementaire permanent, la budgétisation inclusive et participative et l’exhaustivité des informations budgétaires publiées, contribuent de manière importante, à de meilleurs résultats de développement.
L’expérience du débat d’orientation budgétaire de ceces trois dernières années a mis en lumière qu’en fournissant des détails sur les programmes, sur les données non financières, sur les objectifs de performance de l’exécution du budget, et les informations associant les objectifs de la politique aux dépenses budgétisées, les citoyens peuvent avoir connaissance de la planification et du suivi des objectifs de développement, des allocations, des dépenses et des résultats.
Notre action, en tant que membres de l’organe parlementaire est de veiller, en plus de la fourniture par le Gouvernement de données ouvertes, à ce que l’intégration du développement durable dans la gestion des affaires publiques devienne une nécessité impérieuse, non seulement pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux contemporains, mais également, pour assurer la pérennité et la rentabilité des plans et programmes à long terme.
Ne nous leurrons pas ! Le développement durable n’est plus une option, mais une exigence fondamentale pour tout État responsable. Il s’agit, dès lors, d’adopter une approche à long terme prenant en compte, non seulement les résultats budgétaires et financiers, mais également l’impact environnemental et social.
En veillant à intégrer ces principes dans l’élaboration du budget de l’État, nous démontrerons notre engagement envers la durabilité pour réussir dans l’économie d’aujourd’hui et de demain, axée sur la responsabilité.
Je voudrais, en y insistant, rappeler que la discipline budgétaire, qui doit être l’objet de notre veille vigilante et permanente, demeure un enjeu majeur pour assurer la prospérité économique de nos communes rurales et urbaines et la qualité de vie de leurs populations. C’est en adoptant des pratiques financières responsables et en promouvant par nos lois de finances la bonne gouvernance, que les différentes autorités de la Transition poseront les bases d’un développement durable et équilibré, garantissant ainsi un avenir prospère pour tous.
Je vous invite donc à examiner ce projet avec rigueur, objectivité et esprit constructif. Ensemble, faisons de ce budget un véritable outil de transformation, au service d’une Guinée forte, unie et prospère.
Que Dieu nous guide et éclaire notre chemin !
Vive la Guinée !
Vive la refondation !
Je vous remercie.