Les affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo et le M23, appuyé par l’armée Rwandaise, se poursuivent, notamment dans la partie sud de l’aéroport de Goma, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Dans les quartiers frontaliers tels que Birere et Jolis Bois, les tirs retentissent toujours.
Certains humanitaires encore présents à Goma redoutent une escalade, avec la possibilité d’échanges de tirs entre Goma et Gisenyi, ville voisine rwandaise. Aux abords de la grande barrière, un autre poste frontalier entre les deux villes, les détonations se multiplient.
La situation reste également volatile à Majengo et Kituku. Sur l’axe Sake, un calme précaire semble s’être installé.
La ville est toujours plongée dans l’obscurité, sans électricité, ni eau, ni internet. Tous les réseaux mobiles et la fibre optique sont coupés sans qu’il soit possible de confirmer s’il s’agit d’une panne ou d’une coupure intentionnelle. Par ailleurs, l’antenne provinciale de la Radio et télévision nationale congolaise, la RTNC, reste hors service.
Sur le plan humanitaire, la situation est alarmante. Des intrusions non armées ont été signalées dans des bases d’ONG. Cela alors que plusieurs hôpitaux, comme l’hôpital Charité et CBKA Virunga, ont été touchés par des bombes. Médecins Sans Frontières (MSF) aussi fait état de bombardements, de tirs et de pillages, y compris dans le centre-ville, alimentant une panique généralisée et des déplacements massifs de populations.
L’hôpital de Kyeshero, débordé, a déjà accueilli plus de 60 blessés depuis jeudi, selon Virginie Napolitano, coordinatrice MSF à Goma. L’établissement continue de prendre en charge des enfants malnutris tout en recevant des patients redirigés par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) depuis l’hôpital de Ndosho, totalement saturé.
« Il est difficile à ce stade d’évaluer précisément le nombre de blessés et de morts, mais les conséquences humaines pourraient s’avérer dramatiques », alerte Virginie Napolitano.
L’accès aux camps de déplacés reste impossible en raison de l’insécurité.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a suspendu temporairement ses activités au Nord-Kivu. Une décision qui laisse, selon l’institution, plus de 800 000 personnes prioritaires sans aide alimentaire. « Nous prévoyons de reprendre dès que les circonstances le permettront », précise le Pam.
Le sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est se tiendra mercredi, Paul Kagame et Félix Thisekedi « ont confirmé leur participation »
La présidence kényane œuvrait pour un sommet extraordinaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) dédié à la situation chaotique dans l’est de la RDC. Ce dernier se tiendra mercredi 29 janvier, a annoncé le président kényan William Ruto. Cela en présence des présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi.
« J’ai discuté de tenir la réunion mercredi avec à la fois le président Paul Kagame et le président Félix Tshisekedi, et les deux ont confirmé leur participation », a déclaré lundi devant des journalistes celui qui assure actuellement la présidence de l’organisation régionale. Le lieu du sommet n’a pas été précisé.
Pour William Ruto, « il n’y a pas de place pour une solution militaire dans l’est de la RDC ». Le président kényan demande donc des discussions avec le M23 et « toutes les parties » sans plus de précisions, rapporte notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix. Interrogé sur la présence de troupes rwandaises dans l’est de la RDC et le risque que cela compromette les discussions, le président botte en touche : « La situation est déjà très compliquée, donc la présence de forces de sécurité, d’où qu’elles vienent, ne rend pas les choses plus complexes », a-t-il esquivé lors d’une conférence de presse.
Le Kenya a déjà tenté de jouer les médiateurs dans le dossier de l’est de la RDC. Mais le processus de Nairobi, lancé en 2022 par le président de l’époque, Uhuru Kenyatta, a fait chou blanc l’année dernière : Kinshasa suspectait le Kenya d’avoir pris le parti de Kigali.
RFI