Au début de l’été, le football féminin avait rempli les stades en France lors du Mondial 2019 remporté par les États-Unis. Partout sur la planète, le ballon rond tend à devenir aussi la propriété des jeunes filles. À Rabat, lors des 12es Jeux africains, les féminines sont présentes pour le tournoi des moins de 20 ans. Reportage.
Mardi 20 août. Malgré l’anonymat, la joie était immense pour les Algériennes qui ont battu les voisines du Mali (1-0), sous un soleil de plomb, grâce à un but de Ferial Daoui au stade Boubker Aamar de Rabat. La joueuse du FC Constantine a ouvert le score dès la huitième minute pour l’unique but de cette rencontre de la 2e journée du tournoi féminin de football des 12es Jeux africains (groupe A).
Au-delà du score, c’est le regard sur la discipline qui est en train de changer : les joueurs maliens, qui participent au tournoi de foot masculin des Jeux africains, étaient dans les tribunes pour soutenir leurs compatriotes.
Bakary, heureux pour les filles de son pays
« Quand le pays joue, toute la population est concernée », raconte volontiers le coach des garçons. « Ces dernières années, les filles ont pu participer à beaucoup de compétitions. Je crois que le foot féminin progresse sur notre continent. Les jeunes filles arrivent à faire comprendre aux familles que le foot est aussi fait pour elles », ajoute Mamatou Kane. À côté, des cris d’encouragement se font entendre. « Je suis fier d’elles et je les respecte, raconte Bakary Samake, milieu de terrain qui évolue au Real Bamako. Filles ou garçons, c’est bien de pratiquer le foot. »
Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad, avait laissé entendre en conférence de presse à la fin de la CAN 2019 en Égypte que le développement du football féminin devait être une des priorités de la CAF dans les prochaines années. Sur le continent africain, pour le moment, ce sont les Nigérianes qui dominent la discipline. Elles étaient d’ailleurs présentent lors du dernier Mondial avec le Cameroun et l’Afrique du Sud.
Naïma Laouadi, la pionnière du foot féminin algérien
Si le football masculin algérien s’est mis en évidence en remportant la CAN 2019 en Égypte, le football féminin algérien est lui « en chantier ». Le journaliste algérien Walid Bouaouiche explique : « Nous avons perdu des joueuses et nous sommes en phase de reconstruction. Il va falloir attendre encore quelques années avant d’avoir une équipe très compétitive pour représenter l’Algérie dans les grandes compétitions internationales. »
L’ancienne internationale, Naïma Laouadi, qui a été professionnelle en France et qui est désormais coach des U20 algériennes, a donc du pain sur planche. Celle qui a pratiqué le football durant la décennie noire de l’Algérie a eu la chance de participer à la CAN 2004 en Afrique du Sud. Avec ses « petites », elles souhaitent faire progresser le foot féminin algérien. Contrairement à il y a vingt ans, il y a trois catégories au sein de la fédération (U17, U20 et seniors).
« On est des femmes et on a le droit d’exister »
Naïma Laouadi souhaite faire monter ses « pépites ». « La fédération s’intéresse désormais à nous et c’est du jamais vu. On doit faire une bonne prestation ici au Maroc pour que l’État et la fédération nous fassent confiance et donnent plus de moyens. Il faut changer son regard sur les féminines », avance cette pionnière du ballon rond, qui avait aussi goûté à l’athlétisme et au judo dans sa jeunesse. « On est des femmes et on a le droit d’exister », lâche-t-elle dans un large sourire.
« Le foot féminin se développe et c’est bien. Le foot, c’est aussi pour les filles et ça ne doit plus choquer. Il faut que l’on nous aide », raconte la jeune Camelia Toumi, milieu de terrain, qui cite la Brésilienne Marta en exemple. Avec la victoire des Fennecs au pays des Pharaons, les jeunes Algériennes devraient être galvanisées pour porter le foot féminin le plus haut possible dans la hiérarchie mondiale.
Toutes les jeunes filles présentent au Maroc représentent donc l’avenir du foot féminin africain. Et peut-être que l’une d’entre elles aura un jour la chance de faire carrière et pourquoi pas jouer la Ligue des champions européenne ou s’envoler vers les États-Unis, là où elles seraient les reines de ce sport roi.
Gerard