Foot – Coupe du Monde Russie 2018: l’Afrique peut-elle créer l’exploit ? (Par Soul)

On joue la 120e minute des prolongations au Soccer City Stadium de Johannesburg. Les deux équipes sont au coude à coude et le panneau d’affichage indique un but partout. Les vuvuzelas résonnent, l’atmosphère semble lourde et l’air irrespirable dans ce quart de finale qui oppose le Ghana, et sa génération dorée, à l’Uruguay de Cavani et Forlan. Nous étions le 2 Juillet 2010, à cet instant précis, devant 85.000 personnes, Asamoah Gyan a l’occasion d’écrire une nouvelle page de l’histoire africaine en Coupe du Monde.

Quelques minutes auparavant, Luis Suarez, encore lui, empêchait le ballon de pénétrer dans le but vide d’un geste irrégulier de la main. Penalty et carton rouge mérité pour l’ex buteur liverpuldien. Alors qu’il s’élançait pour tenter de tromper Muslera, le portier uruguayen, le tireur ghanéen a-t-il senti qu’il avait sur ses frêles épaules l’espoir du continent africain de briser la malédiction et enfin pouvoir accéder à une demie finale depuis 1930? Peut-être. Toujours est il que son tir du droit s’est écrasé sur la barre transversale avant de sortir de l’aire de jeu. Le Ghana, l’Afrique, venait de laisser passer sa chance. La suite de l’histoire on la connaît. Le Ghana fut éliminé à l’issue d’une séance de tirs au but cruelle alors que l’exploit lui tendait les bras…

A quelques encablures du premier match de ce Mondial russe, difficile de ne pas ressasser ces images et se demander si nos représentants cette année pourront créer la sensation en se qualifiant au moins pour les demies finales de la compétition reine de football. Pour le Sénégal, le Nigéria, l’Egypte, la Tunisie et le Maroc, on a envie d’y croire et des raisons -plus ou moins subjectives- d’espérer existent.
D’abord, parce que, contrairement aux années précédentes, la préparation semble s’être faite dans les conditions les meilleures pour tous. Par exemple, aucun problème majeur lié à des primes indues n’a été relevé (pas même chez les nigérians véritables spécialistes en la matière!) et chaque équipe semble s’être entraînée dans des centres appropriés, le tout dans la sérénité. Cela démontre, quelque part, une prise de conscience générale (des autorités administratives au staff technique en passant par les joueurs) et une envie de rompre avec l’amateurisme ambiant qui caractérisait nos sélections.
A cela, il faut noter que les staff des équipes africaines se sont qualitativement et quantitativement étoffés. Le vent de professionnalisme qui souffle sur quelques unes de nos contrées concoure certainement à attirer des sélectionneurs, préparateurs physiques et autres, plus compétents et surtout qui s’inscrivent désormais dans des projets à moyen et long terme.

L’autre raison d’espérer un exploit cette année pour moi réside en la qualité intrinsèque de nos sélections cette année. Si par le passé, l’Afrique a toujours eu quelques figures de proue et des locomotives (Etoo, Drogba, Essien, Hadji, les frères Hassan, Aboutreika, Okocha, Hadji, etc) dans ses équipes, j’aime à penser que cette année en prenant ligne par ligne, des équipes comme le Sénégal, le Maroc, le Nigéria et dans une moinsre mesure l’Egypte seront plus étoffées et n’auront rien à envier à quelques uns de leurs adversaires dans cette phase finale. Pour le cas spécifique du Nigéria, du Sénégal et du Maroc par exemple, il suffit de jeter un oeil sur la colonne vertébrale de leurs équipes respectives pour finir de s’en convaincre: Benatia, Hakimi, Boussoufa, Ziyech, El Kaabi (Maroc); Kalidou Koulibaly, Idrissa Gueye, Mané, Moussa Sow (Sénégal); Omeruo, Obi Mikel, Moses, Ihenacho (Nigéria).

Enfin, au vu de la composition des groupes, disons que si nos équipes jouent à leur niveau, des surprises positives sont possibles. Et la plus grande des surprises pourraient venir du groupe dit « de la mort » qui comprend le Maroc, l’Espagne, le Portugal et l’Iran. Avec une entrée en matière qui devrait les opposer à l’Iran, si les sujets de Sa majesté remportent ce match, qui pourrait prédire l’issue des deux rencontres face à l’Espagne (qui vient de changer de sélectionneur, à deux jours de la compétition) et au Portugal de Cristiano Ronaldo? Qui? Personne. De la même manière qu’il serait difficile de prédire une issue défavorable pour nos autres ambassadeurs, exceptée la Tunisie, que je pense un ton en dessous de l’Angleterre et surtout de la Belgique.

Composition des Groupes des équipes africaines:
Groupe A: Russie, Uruguay, Egypte, Arabie Saoudite
Groupe B: Portugal, Espagne, Iran, Maroc
Groupe D: Argentine, Croatie, Islande, Nigéria
Groupe H: Colombie, de la Pologne, du Japon, Sénégal
Groupe G: Belgique, Angleterre, Tunisie, Panama.

Au delà des équipes africaines, je veux croire en une compétition tournée vers l’attaque et que les équipes qui prennent des risques offensivement soient récompensées. L’Allemagne en 2014 fut un beau vainqueur et elle ne sera certainement pas loin du doublé cette année encore. Ce Mondial sera également l’occasion pour le Brésil de se relever de sa terrible désillusion à domicile et de couronner Neymar et une Seleçao à qui le titre semble également promise.

Pour terminer, et on ne le dira jamais assez à nos dirigeants, le football est une science. Le talent (et les gris-gris ?) seul ne suffit plus. Il faut des investissements financiers, matériels et humains considérables. Les équipes africaines l’intègrent de plus en plus et ce Mondial 2018 doit pouvoir démontrer le progrès et le chemin qu’elles ont parcouru ces dernières années tant sur le plan organisationnel que sur le plan footballistique en lui même. La question est de savoir si cela sera suffisant. Début de réponse ce vendredi avec l’entrée en lice de l’Egypte du Ballon d’Or africain Mohamed Salah.

PS: Dans l’affaire #Antonio Souaré Gate et sans vouloir faire l’avocat du diable, je pense qu’il faut accorder au Président de la Fédération Guinéenne de Football le bénéfice du doute. Après avoir fait campagne avec l’équipe marocaine, je ne crois pas l’homme cynique au point de retourner sa veste dans les derniers instants. De plus, il semble déployer suffisamment d’énergie pour faire savoir qu’il y avait erreur et que son vote devrait plutôt aller vers le Maroc; visiblement il n’était pas le seul dans cette situation non plus car d’autres fédés se sont manifestées depuis dans ce sens.

Pour ma part, j’ai envie de le croire. Dossier clos et place à la fête du foot!

Par Soul pour infospremiere.com

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