Politique: « la Commune de Faranah ne va plus fonctionner à l’aveuglette », promet Oumar Camara (interview)

  •  Bonjour M.Oumar CAMARA 

Cinceryguinee.info: Présentez-vous et dressez nous votre parcours.

Oumar CAMARA: Je suis Oumar CAMARA, Ingénieur Agroéconomiste de formation, Coordinateur de l’ONG AJSH et 2ème vice-président du Conseil Régional des Organisations de la Société Civile de Faranah.

Je suis  né à Faranah en 1986, après mes études primaires à Modlane, le secondaire au Collège 2 et au Lycée GAN de Faranah, j’ai accédé à l’Université après un Concours et orienté à l’Institut Supérieur Agronomique et Vétérinaire de Faranah, au Département Economie Rural où j’ai obtenu mon Diplôme d’Etudes Supérieures (DES) en Comptabilité Gestion en 2010.

Je suis :

  • Agent de Développement Local (ADL) près du PACV dans plusieurs Communes Rurales de Faranah
  • Elu en 2016 comme membre du Comité de pilotage du Programme de Renforcement des Capacités des  Organisations de la Société Civile et de la Jeunesse Guinéenne (PROJEG) pour une durée de 2 ans
  • Coordinateur Régional de CODE Guinée à Faranah pour l’observation des élections
  • Responsable technique du projet d’appui à la mobilisation et la gestion des recettes fiscales dans 08 collectivités minière de la région administrative de Faranah (financé par le PROJEG)

J’ai également :

  • Participé à l’Assemblée générale du programme Concerté Pluri acteur du Congo à Brazzaville en novembre 2017 ;
  • Participé au Comité de pilotage  du PROJEG à Paris en France en Octobre 2017 ;
  • Participé à la formation de session de gouvernance d’été de Cameroun au Centre d’Excellence pour la Gouvernance des Industries Extractives en Afrique Francophone en Août 2017 ;
  • Participé  à l’atelier des formateurs sur le budget et la passation de marché à Faranah Juillet 2017 ;
  • Participé  à l’assemblée générale ‘’soyons actifs et actives’’ de la Tunisie à Tunis en Mars 2017 ;
  • Participé à la Formation des Formateurs sur le Processus Electoral en Guinée, organisé par le CODE sous le financement de NDI à Conakry en Août 2015 ;
  • Participé à l’élaboration d’un projet de suivi indépendant sur le contrat de désendettement et de développement (C2D), tenu à Kindia sous le financement de PROJEG en Février 2015.

J’ai aussi suivi des formations :

  • Sur le Budget participatif des Collectivités en Novembre 2014 ;
  • Sur la comptabilité publique locale et contrôle budgétaire en Mai 2014 ;
  • Sur l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan  de développement local Guide méthodologique 2ème génération et élaboration du Plan de Développement Local des Communes Rurales de Sandénia et Songoyah, préfecture de Faranah en 2014 ;
  • Sur les procédures de passation des marchés communautaires, manuels révisés en 2013 ;
  • Sur le suivi chantier pour la maîtrise d’ouvrage en 2013 ;
  • Sur la procédure administrative et comptable en 2013.

Voici Monsieur en quelques mots ce que je suis.

 Quelle analyse faites-vous de la situation actuelle du pays dominée par la crise politique ?

Oumar CAMARA: Cette crise politique s’explique par des faits ci-après :

Le non-respect des textes de lois en vigueur dans le pays au profit des consensus ;

Le non-respect des engagements issus aussi des dialogues ;

Le non maintien du cadre de dialogue permanent ;

La démission des politiques dans l’éducation citoyenne de leurs militants ;

Quel est le climat qui prévaut à Faranah depuis le jour du scrutin des élections locales du 4 février ?

C’est un climat de méfiance entre les générations, certains anciens se sont braqués contre la jeune génération qui inspire aujourd’hui la confiance de plus de 95% de la population. Il y a une terreur qui plane dans la tête des anciens par rapport à la gestion future de la commune. Mais au-delà, cette population est dans l’impatience de voir l’installation des nouveaux élus.

A votre avis, qu’est ce qui a contribué à apaiser la crise dans votre ville après le scrutin ?

C’est parce que la population a su prendre sa responsabilité de prévenir les cas de fraudes qui pouvaient entamer dangereusement la quiétude sociale. C’est pourquoi, le jour du scrutin elle a été très jalouse de son vote  en veillant sur le processus de vote et les jeunes précisément ont assiégé le lieu de la centralisation (le siège de la CEPI) durant 3 journées et 3 nuits pour empêcher toutes tentatives de fraude. Ce lieu n’a été libéré seulement qu’après la proclamation des résultats et qui étaient conformes à celui des bureaux de vote dans les quartiers que nos délégués et superviseurs nous ont transmis. Cette attitude a réconforté la quasi-totalité de la population et  c’était vraiment une joie pour Faranah.

Quelles sont vos impressions par rapport à l’organisation de ces élections ?

Malgré quelques ratés d’ordre technique et juridique, mes impressions sont bonnes dans la mesure où les collectivités locales sont la base du développement. Le renouvellement des instances de la gouvernance locale est une très bonne chose surtout que leur mandat était dépassé de plus de 7 ans. Les dirigeants de la majeure partie des collectivités n’inspiraient plus confiance de la part de leurs citoyens.  Et surtout l’installation des délégations spéciales en 2015 a beaucoup freiné l’allure du développement dans les communes. Mais avec l’installation des nouveaux élus émanant des citoyens, ça sera un déclic dans le cadre du développement.

Quel diagnostic pouvez-vous faire de la situation politique, économique, sociale, culturelle et même sportive de Faranah ?

Sur le plan politique : le niveau de compréhension des citoyens a beaucoup évolué surtout qu’ils ont compris qu’on doit plutôt voter pour un projet de société et un homme de confiance que pour une ethnie ou un clan. Faranah sait ce qu’il veut, où il veut aller, politiquement. Il y a un éveil de conscience chez la population. Le résultat de ces élections du 04 février dernier en est une preuve éloquente.

Sur le plan économique : Ce secteur reste à désirer, a priori, le secteur primaire qui peut déclencher la locomotive du développement économique de la localité, malgré les potentialités, soufre malheureusement de plusieurs problèmes : nous avons constaté pour l’agriculture une baisse de rendement, la baisse de cultures vivrières et maraîchères et plus grave encore, la non maîtrise des techniques liées aux maraîchages. Concernant l’élevage, les troupeaux sont livrés à eux-mêmes, il n’y a pas de suivi de l’évolution des animaux. Pour ce qui est de la pêche, il y a un manque de maîtrise des ressources halieutiques de la part de la population.

Pour le commerce, nos commerçants et artisans ne sont malheureusement pas assez valorisés, il y a un manque de respect de la réglementation commerciale à Faranah.

Sur le plan Social : A Faranah le tissu social est entamé l’effet politique

Sur le plan culturel : l’insuffisance d’appuis à nos artistes locaux et artisans, limite leurs épanouissements

On constate également un manque d’accès aux loisirs, ce qui n’est pas normal pour une collectivité comme la nôtre.

La culture est le parent pauvre des décisions municipales, il n’y a pas d’initiative.

Quel est le problème qui se pose avec acuité dans cette ville ?

Le problème qui se pose aujourd’hui avec acuité, c’est le développement de Faranah dans toutes ces composantes. Vous n’êtes pas sans le savoir que la Commune Urbaine de Faranah abrite le chef-lieu de la Préfecture et celui de la région Administrative.

Imaginez, avec une population estimée à plus de 78.102 habitants, il n’y a que deux (2) Centres de Santé, il y a également des quartiers de plus de 3.000 habitants où il n’y a aucun forage, l’insalubrité, le faible niveau d’aménagement de nos routes/pistes causant ainsi des dépôts d’ordures de tout genre après chaque pluie, l’insuffisance des salles de classes, l’incivilité grandissante de la population…

À ceux-ci, s’ajoute le défi d’unification et de réconciliation de nos ressortissants afin d’avoir une solidarité agissante en faveur de la ville.

Quels sont les premiers chantiers que vous entendez entreprendre une fois élu à la tête du conseil communal de la commune urbaine de Faranah et dites-nous quelles sont vos ambitions pour cette commune ?

D’abord, sous ma mandature, la Commune de Faranah ne va plus fonctionner à l’aveuglette. Toutes nos actions seront planifiées et étalées sur les 5 années à venir et pour ce faire, je vais m’atteler à doter la Commune d’un Plan de Développement Local (PDL) tenant compte des préoccupations des populations des 12 quartiers et 12 districts que compte la Commune Urbaine. Nous allons également faire un effort pour extraire de ce PDL, un programme annuel d’investissement (PAI) dès cette année.

Mes ambitions sont les mêmes que celles des citoyens qui m’ont accordé leurs voix, nous aspirons à une commune technique, une commune de développement et une commune à l’écoute de sa population.

Le Mouvement Indépendant pour le Développement Local de Faranah (MIDLF), va promouvoir le développement socio-économique durable de la Commune Urbaine de Faranah à travers la mise en place d’un mécanisme de gestion efficace inclusive et participative de tous les citoyens, avec obligation de redevabilité.

Et ma vision est que d’ici 2023, que la Commune Urbaine de Faranah soit un model dans la pratique de la bonne gouvernance locale en Guinée et que les citoyens s’approprient des enjeux de la participation citoyenne au développement local.

Comment comptez-vous vous y prendre pour atteindre vos objectifs ?

Pour atteindre nos objectifs, nous avons impérativement besoin de l’implication de tout le monde, c’est-à-dire, la population, l’Etat, les partenaires, les organisations de la société civile, les ressortissants et la diaspora.

Oumar CAMARA: je vous en prie

La rédaction

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