Thuram sur Notre-Dame : « Le monde n’est pas ému quand des gens meurent dans la Méditerranée » !

Lilian Thuram, a jugé « bizarres », les « hiérarchies »existant entre l’émotion suscitée par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame et celle concernant les migrants « qui meurent » en Méditerranée.

Lors d’un point-presse organisé à l’issue de rencontres avec des collégiens et lycéens à Sartène, Propriano et Ajaccio, en Corse, mardi, mercredi et jeudi, pour lutter contre les préjugés et stéréotypes, Lilian Thuram s’est dit « interpellé »par la vague immense de solidarité suscitée par l’incendie de Notre-Dame de Paris.

« Nous sommes des êtres d’émotion, c’est normal que nous soyons touchés, a expliqué le champion du monde 1998. Moi, je suis Parisien, donc c’est normal qu’effectivement, devant une catastrophe comme ça, vous soyez touché, ému. Mais on a l’impression que, parfois, il y a des hiérarchies qui s’installent dans l’émotion. Il y a des gens qui meurent en voulant traverser la Méditerranée et en fait, le monde n’est pas ému comme ça ? »

« Il y a des gens qui veulent faire des murs pour qu’il y ait des personnes qui ne viennent pas, mais en fait, ils sont capables d’envoyer des tweets pour dire : »est-ce que vous avez besoin d’aide pour éteindre le feu ? », comme l’a fait Donald Trump. C’est bizarre », a souligné l’ancien défenseur de la Juve, aujourd’hui très actif dans la lutte contre le racisme via sa fondation, qui porte son nom.

« Les gens n’ont pas conscience de la profondeur historique du racisme »

Aux élèves qu’il a rencontrés dans les différents établissements corses, il a d’abord demandé qu’ils lui racontent des blagues racistes dans le but de pouvoir les analyser ensemble. « J’ai été étonné que la plupart des blagues » racontées soient « sur les Arabes », a-t-il indiqué.

« Je trouve qu’il y a un mépris énorme. Je ne connais pas l’histoire corse, mais je pense qu’il faut questionner l’histoire corse pour comprendre », a-t-il ajouté, estimant qu’en général, « les gens n’ont pas conscience de la profondeur historique du racisme ».

« On ne se rend pas compte comment, à travers les blagues, on banalise le racisme, on l’entretient comme si c’était quelque chose de normal », a-t-il également estimé.

Appelant à ce que les élèves « s’interrogent, se questionnent » notamment sur les « injustices » et les « hiérarchies » construites entre les sexes, les couleurs de peau ou les religions, il a également livré sa recette du succès : « Si vous voulez réussir, ce qui fait la différence très souvent, c’est la capacité à se concentrer. »

AFP

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