Alerte aux Guinéens, aux organisations de la société civile, aux partis politiques, aux organisations de défense des droits de l’homme, aux organisations internationales et sous-régionales, notre démocratie se meurt.
Après 9 ans de gouvernance d’Alpha Condé, cette démocratie chèrement acquise à coût de sangs et de sueurs est en train de fondre comme du beurre sous le soleil. Nous sommes à l’aube d’une dictature d’un autre âge. Ce qui est en train de voir le jour à moins d’un an de la fin du dernier mandat d’Alpha Condé, n’a pour seul but que de défricher le chemin pour un putsch constitutionnel lui permettant de réussir un troisième mandat.
Dans cette phase exécutoire de son projet, on assiste entre autres, aux restrictions de liberté d’expression, de liberté d’opinion, de musèlement de la presse, interdiction des manifestions, installation des PA dans les communes, renforcement d’équipements de répression des forces de l’ordre, arrestations des opposants, justice expéditive contre des opposants à la nouvelle constitution, intimidations …
Le combat qui a commencé sous la présidence de feu General Lansana Conté jusqu’à l’organisation des élections en 2009 pour remettre le pouvoir aux civils augurait la naissance d’une démocratie forte qui est en train de partir aujourd’hui à vau-l’eau !
Du combat pour l’instauration de l’alternance démocratique, de la tournée contre le référendum, l’obtention de la libéralisation des ondes à la création des institutions républicaines, comme la CENI (Commission Nationale Electorale Indépendante), la Cour suprême et autres … jusqu’aux évènements en juin 2006 et Janvier 2007 qui ont coûté la vie à plus de 150 Guinéens et provoqué plusieurs autres disparus, constituent de lourds sacrifices pour notre démocratie.
Quant à la manifestation du 28 septembre 2009 au stade du même nom pour exiger aux militaires de remettre le pouvoir aux civils, les manifestants ont été réprimés dans le sang et le bilan a été horrible. Près de 200 morts, avec des femmes violées, violentées et des disparus. Tout ce qui a amené la CPI à se saisir de ce dossier. Tous ces sacrifices ont été consentis pour qu’en Guinée s’instaure une démocratie. Des combats dans lesquels l’actuel parti au pouvoir à sa tête le Prof Alpha Condé a activement pris part.
Aujourd’hui, avec les faits et gestes d’Alpha Condé et de son entourage, l’on constate que notre démocratie est en train de mourir de sa belle mort. L’ancien condamné à mort par le régime de Sekou Touré, l’auteur de l’œuvre « la Guinée l’Albanie de l’Afrique » et ancien prisonnier politique de Conté a totalement foulé aux pieds les valeurs pour lesquelles il prétendait se battre pendant 40 ans.
Alpha Condé doit comprendre qu’il n’y a pas de démocratie sans alternance, il n’y pas de démocratie sans liberté d’expression, sans liberté d’opinion et sans liberté de manifestation et que les opinions divergentes sont essentielles à la survie de toute démocratie. C’est pourquoi l’article 7 de la constitution guinéenne nous la confère !
A l’âge de 82 ans qui dépasse largement l’âge de la retraite et après dix années de gestion d’un pays, on laisse la place à d’autres. Pardon, ne tuez pas notre démocratie !
Ahmed Tidiane Sylla, coordinateur de la cellule de communication de l’UFR
Ahmedtidianes@gmail.com