L’ancien président français Jacques Chirac est mort ce matin à l’âge de 86 ans. On le surnommait parfois Chirac l’Africain, un surnom qui colle au souvenir de l’ancien président tant il a marqué les relations entre Paris et le continent comme l’attestent ses réactions de dirigeants africains.
Sur l’antenne de RFI, le premier à avoir réagi à la mort de Jacques Chirac sur le continent, c’est Denis Sassou-Nguesso. Le président du Congo-Brazzaville dans une interview exclusive évoque sa tristesse : « Je suis vraiment bouleversé par la nouvelle et je dois aussi dire que Jacques Chirac, c’était un ami personnel, un ami du Congo et de l’Afrique. Je garderai le souvenir de lui de ma visite d’Etat à Paris en pleine cohabitation Mitterrand-Chirac. Et j’ai pu voir à cette occasion-là que c’était une forte personnalité. »
J’ai pu voir comment il défendait ses opinions avec fermeté et autorité.
Henri Konan Bédié, le président de la Côte d’Ivoire de 1993 à 1999, Henri Konan Bédié a fait part de sa « tristesse » à l’annonce de la disparition d’un « grand homme d’État ». « Je me souviens que le président Chirac m’a sauvé la vie après le complot qui a abouti au coup d’État militaire en 1999, a-t-il déclaré. Le premier en Côte d’Ivoire qui développe encore ses effets négatifs. Ses effets négatifs et déstabilisants sur la vie politique en Côte d’Ivoire. Il meurt un modèle de courage, de lucidité, de persévérance en dépit d’échecs répétés. »
J’ai été bouleversé et triste. Enfin, il s’agit de la disparition d’un ami!
Beaucoup d’émotion aussi pour Guillaume Soro. L’ancien Premier ministre ivoirien qui rappelle, dans son message, sa première rencontre avec l’ex-président français. C’était en janvier 2003 pour les négociations de l’accord de paix de Linas-Marcoussis. Guillaume Soro, évoque avec affection ce regard « scrutateur » et « incrédule » de Jacques Chirac « visiblement surpris, selon ses mots, de voir ce gamin venu de Bouaké assis autour de la table ».
Autre tristesse en RDC, celle de André-Alain Atundu. Il était l’un des responsables du renseignement sous le maréchal Mobutu. Aujourd’hui, il est l’un des porte-paroles de la majorité parlementaire, la coalition pro-Kabila. Il se souvient de Jacques Chirac, l’ami du Zaïre : « Je garde le souvenir d’un ami du président Mobutu, d’un ami de la République du Zaïre, d’un ami de l’Afrique et, enfin, un bon vivant. Tout le monde connaît la belle fourchette de Chirac, c’est sous ces aspects-là que je l’ai connu. Quand j’assistais parfois ses rencontres avec le président, il y avait beaucoup de familiarité, de convivialité. C’était un homme d’une joie communicative, il avait la joie de vivre, il savait communiquer sa passion pour le Congo, pour le Zaïre à l’époque. Il ne cachait pas son amitié pour le président Mobutu. Je crois que c’était un vrai ami qui soutenait le président Mobutu. Il savait en quelle circonstance donner conseil, il ne donnait pas conseil à travers les internet comme certains aujourd’hui. »
« Grand homme d’Etat »
Le roi du Maroc Mohammed VI a salué la mémoire d’un « grand homme d’Etat » qu’il a connu enfant. « Le Maroc gardera précieusement le souvenir d’un grand ami qui a activement contribué à la consolidation des relations d’amitié entre nos deux peuples en les érigeant en un partenariat d’exception », a-t-il écrit dans un message de condoléances.
Au Sénégal, le président Macky Sall a réagi sur son compte Twitter : « La France et le monde entier viennent de perdre un grand homme d’État avec la disparition du president Jacques Chirac ». Abdoulaye Wade salue la mémoire d’un « avocat de l’Afrique ». « Pour moi, le président de France qu’il était restera toujours l’avocat de l’Afrique. Par devoir d’amitié, de sympathie et de l’estime réciproque qui nous liait, je me ferai toujours fort de le faire savoir », a déclaré l’ancien président sénégalais (2000-2012). Réaction aussi du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, ancien Premier ministre, ancien ministre des Affaires étrangères. Pour lui, Jacques Chirac était « un ami de l’Afrique ».
Jacques Chirac était un « père spirituel » pour Ali Bongo Ondimba. « Jacques Chirac était un grand ami du Gabon. Un amoureux sincère de l’Afrique. Il a été pour moi, plus qu’un ami, un père spirituel dont je n’oublierai jamais la bienveillance », a écrit le président gabonais sur Twitter.
L’ex-chef de l’État malgache Didier Ratsiraka, 82 ans, est l’un des chefs d’État africains qui a bien connu Jacques Chirac. Amis de longue date, les deux hommes se tutoyaient depuis leur première rencontre à Matignon en 1975 quand Jacques Chirac était Premier ministre et que Didier Ratsiraka était à la tête de Madagascar.
« L’émotion m’étreint, parce qu’on était amis, on était comme des frères. Pour expliquer mon émotion et ma tristesse, je vous dirais simplement que quand ma femme a eu AVC, il a envoyé un avion pour transporter ma femme, ma famille et moi de Tananarive à Paris. »
Jacques Chirac, c’est aussi l’un des rares présidents français à s’être rendu sur la Grande Ile. En 2005, il reconnaît « le caractère inacceptable » de la répression sanglante menée par les Français après la révolte des Malgaches contre l’administration coloniale. Une répression qui avait fait des dizaines de milliers de morts. « Quand il est venu à Madagascar, il a regretté les évènements de 1947. C’était le seul. »
L’actuel chef d’État, Andry Rajoelina a lui aussi rendu hommage à l’ancien président français. « Jacques Chirac a œuvré pour une relation apaisée entre nos deux pays en luttant contre les stigmates de notre passé colonial », a-t-il indiqué dans un communiqué.
Frédéric