Selon RFI, l’ex-président brésilien Lula a été libéré vendredi 8 novembre, accueilli par une véritable marée rouge de militants de gauche à sa sortie de prison à Curitiba (sud), après plus d’un an et demi d’incarcération.
Portant une veste sombre, Luiz Inacio Lula da Silva, 74 ans, est sorti à pied, souriant aux côtés de sa compagne, la sociologue Rosangela da Silva, embrassant chaleureusement des sympathisants et saluant la foule d’un poing levé.
Combatif, il a rapidement harangué la foule. Des milliers de militants l’ont accueilli, certains en larmes, devant le siège de la Police fédérale de Curitiba, où il purgeait une peine de huit ans et dix mois de prison pour corruption. Il a été libéré au lendemain d’un arrêt de la Cour suprême.
« Tout le monde a hâte, ça fait 580 jours, on est très heureux, c’est une grande victoire », avait expliqué auparavant à l’AFP Pedro Carrano, un de ses sympathisants. « Hier, je ne voulais même pas assister au vote (des juges de la Cour suprême), je n’y croyais pas. Mais quand j’ai vu le résultat, j’ai crié, j’ai pleuré et maintenant je suis ici », devant le siège de la police fédérale, « je ne pouvais pas rater ça », a raconté Lucia Fernandes, 58 ans, arborant une casquette signée par Lula lui-même.
Après ce premier bain de foule à Curitiba, Lula doit se rendre près de Sao Paulo, au syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo do Campo, où il était resté retranché avec ses partisans avant de se rendre aux autorités pour commencer à purger sa peine en avril 2018.
Au delà de Lula, d’autres détenus pourraient bénéficier de l’arrêt pris jeudi soir par la Cour suprême : ils sont près de 5 000 à être concernés par cette décision qui sera appliquée au cas par cas et change radicalement l’application des peines au Brésil.
Sur un score serré de six voix contre cinq, les magistrats de la haute cour ont mis fin tard jeudi à une jurisprudence selon laquelle une personne peut être emprisonnée avant l’épuisement de tous ses recours si sa condamnation a été confirmée en appel, comme c’est le cas pour Lula.
Comme lui, de nombreux détenus condamnés dans le cadre de l’opération anticorruption « Lavage Express », une enquête tentaculaire qui a fait trembler l’ensemble de la classe politique, pourraient prochainement recouvrer la liberté.
Des sympathisants de l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva devant le siège de la police fédérale où Lula purge une peine de prison, à Curitiba, au Brésil, le 8 novembre 2019.
REUTERS/Rodolfo Buhrer
Adulé par une partie des Brésiliens fascinés par cet ex-ouvrier arrivé au sommet de l’Etat pour sortir des millions de personnes de la misère grâce à d’ambitieux programmes sociaux, Lula est aussi détesté par une partie de la population pour qui il incarne la corruption à grande échelle qui mine le Brésil.
« La Cour suprême a voté contre le peuple », a déploré Major Olimpo, le leader au Sénat du PSL, le parti du président Jair Bolsonaro, animé par une farouche, haine du PT.
Le président, habituellement très disert sur Twitter, est resté étrangement silencieux sur le sujet, alors qu’il y a un peu plus d’un an, il avait lâché en pleine campagne qu’il souhaitait voir Lula « pourrir en prison ».
Lula a déjà fait part de son intention de participer à de grandes tournées à travers le Brésil, les fameuses « caravanes » qui lui ont permis d’accroître sa popularité auprès des plus pauvres, pour incarner l’opposition à M. Bolsonaro.
Si la justice l’autorise à quitter son pays, il compte également voyager à l’étranger : le journal O Globo croit même savoir qu’il a été invité à l’investiture du nouveau président péroniste argentin Alberto Fernandez, le 10 décembre.
Des rebondissements judiciaires sont aussi possibles ces prochaines semaines : Lula est mis en cause dans d’autres affaires et la Cour suprême doit rendre de nouveaux jugements le concernant. Mais il ne risque pas d’être incarcéré de nouveau prochainement. Et Lula a un projet prioritaire : épouser sa nouvelle campagne Rosangela.
Frederic