Une semaine après l’incendie de la cathédrale de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, un bénévole du diocèse est passé aux aveux et a été placé en détention provisoire dans la nuit de samedi à dimanche pour « destructions et dégradations par incendie ».
L’homme a avoué et se trouve désormais derrière les barreaux. Un bénévole du diocèse, interpellé une première fois le jour même de l’incendie de la cathédrale de Nantes puis relâché, et arrêté de nouveau, samedi 25 juillet, a reconnu les faits, selon son avocat, et a été mis en examen et placé en détention provisoire dans la nuit de samedi à dimanche pour « destructions et dégradations par incendie ».
« Mon client a coopéré », a affirmé au quotidien Presse-Océan l’avocat du mis en examen, Me Quentin Chabert. « Il regrette amèrement les faits et évoquer cela a été pour lui une libération. Mon client est aujourd’hui rongé par le remords et dépassé par l’ampleur qu’ont pris les événements », assure-t-il.
L »homme « a reconnu, lors de l’interrogatoire de première comparution devant le juge d’instruction, avoir allumé les trois feux dans la cathédrale : sur le grand orgue, le petit orgue et dans un panneau électrique », a précisé le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès au quotidien.
Cet homme de 39 ans, qui était chargé de fermer la cathédrale la veille de l’incendie, a été mis en examen « des chefs de destructions et dégradations par incendie et placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention », a indiqué dans un communiqué le procureur. Il encourt pour cette infraction « une peine de 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende », a ajouté le procureur de la République de Nantes.
Le bénévole est un « Rwandais, venu se réfugier en France il y a quelques années », avait expliqué la semaine dernière à l’Agence France Presse (AFP) le recteur de la cathédrale de Nantes, le père Hubert Champenois, qui le connaissait « depuis quatre ou cinq ans ». « J’ai confiance en lui comme en tous les collaborateurs », avait-il expliqué à l’AFP, précisant que ce bénévole était « servant d’autel ».
Remis en liberté après une première garde à vue
Le bénévole avait été placé en garde à vue quelques heures après l’incendie et l’ouverture de l’enquête, le 18 juillet, puis remis en liberté le lendemain soir. Les enquêteurs souhaitaient l’interroger car aucune trace d’effraction n’avait été constatée sur les accès à l’édifice.
Dans le cadre de cette enquête, « plus de trente personnes » ont été entendues et une vingtaine d’enquêteurs de la police judiciaire ont été mobilisés, avec notamment le renfort du laboratoire central de la préfecture de police de Paris, afin de déterminer la cause de l’incendie, a expliqué dans un communiqué samedi soir Pierre Sennès.
L’enquête avait révélé l’existence de trois points de feu distincts dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. « Entre le grand orgue, qui est sur la façade au premier étage et les autres feux, vous avez quasiment toute la distance de la cathédrale. Ils sont quand même à une distance conséquente les uns des autres », avait relevé le jour de l’incendie le procureur.
Une reconstruction « pierre par pierre »
L’alerte avait été donnée le 18 juillet vers 7 h 45 par des passants qui avaient vu des flammes sortant de la cathédrale. Il a fallu environ deux heures aux sapeurs-pompiers pour circonscrire le feu qui a notamment détruit un tableau d’Hippolyte Flandrin du XIXe siècle et le grand orgue.
En dehors du grand orgue dont « très peu, voire pas du tout d’éléments seront sauvables », selon Philippe Charron, responsable du pôle patrimoine à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), « la plupart des œuvres ont été sauvées » et sont remisées « notamment dans le château de Nantes ».
« On va compter en semaines la mise en sécurité du site, (…) en mois l’investigation qui va se faire pierre par pierre » et, concernant la durée du chantier de reconstruction précédé d’une phase d’études, « là, l’unité sera plutôt l’année », a estimé M. Charron. L’État « prendra toute sa part » dans la reconstruction, a promis le Premier ministre Jean Castex, venu à Nantes féliciter les sapeurs-pompiers le jour de l’incendie.
L’incendie de la cathédrale de Nantes, survenu 15 mois après celui de Notre-Dame de Paris, a suscité une vive émotion chez les Nantais, dont certains ont conservé le souvenir d’un précédent incendie de l’édifice, le 28 janvier 1972.
Avec AFP et Reuters