Des manifestations sporadiques ont éclaté jeudi à Abidjan et dans ses environs pour protester contre la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara. Des incidents ont aussi éclaté mardi 11 août à Daoukro, fief de l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, entre ses partisans et des jeunes du parti au pouvoir. Au moins quatre personnes sont mortes entre mercredi et jeudi – un jeune de 18 ans à Bonoua et trois personnes à Daoukro, selon des sources sécuritaires.
Manifestations à Abidjan
A l’appel de l’opposition et de la société civile, des groupes de manifestants ont érigé des barricades et brûlé des pneus dans différents quartiers de la mégapole abidjanaise de cinq millions de personnes.
Les autorités ont annoncé mercredi soir l’interdiction de ces manifestations, dans un communiqué du ministre ivoirien de l’Administration du territoire, Sidiki Diakité, lu à la télévision publique.
Le ministère de l’Administration du Territoire « invite au strict respect de cette décision et indique que toutes les mesures seront prises pour garantir la sécurité et la libre circulation des personnes et des bien sur l’ensemble du territoire national ».
« Nous manifestons pour le départ du président Ouattara, parce que sa candidature viole la Constitution, nous ne voulons pas accepter un troisième mandat », a expliqué un manifestant, Hervé Séka, dans le quartier d’Anono.
Dans le quartier populaire de Yopougon, des affrontements entre policiers et manifestants ont paralysé la circulation dans la zone du palais de justice.
« Les voitures font demi-tour, de nombreux fonctionnaires n’ont pas pu se rendre au travail », a affirmé un autre habitant de Yopougon.
A Port Bouet, quartier balnéaire d’Abidjan, des dizaines de manifestants ont bloqué la voie principale, certains brandissant des pancartes affirmant « ADO dégage! » en référence au président Alassane Dramane Ouattara.
En revanche, dans le quartier chic de Cocody, où résident le chef de l’Etat et de nombreuses personnalités, les forces anti-émeute ont été déployées en grand nombre et ont maintenu le calme.
Les policiers, qui procédaient à des fouilles corporelles sur les passants, ont toutefois interpellé un groupe de femmes chantant l’Abidjanaise (l’hymne national), le drapeau ivoirien en main.
Les femmes du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir) avaient demandé mercredi 12 août au gouvernement « d’interdire toutes les manifestations de rue afin d’éviter la violence et le désordre ».
Incidents à Daoukro
Une source sécuritaire et des témoins ont fait état d' »au moins trois morts » à Daoukro, fief de l’ex-chef d’Etat et candidat à la présidentielle Henri Konan Bédié, lors d’affrontements mercredi 12 août entre ses partisans et des jeunes favorables à Ouattara.
«Une horde de jeunes surexcités du parti au pouvoir ont attaqué à l’aide de gourdins et jeté des pierres à un groupe d’opposants qui manifestaient contre la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara », a expliqué Adama Kolia Traoré, président du conseil régional du Iffou, administrant la ville de Daoukro.
« La manifestation de colère a viré à un affrontement ethnique, entre les autochtones baoulé et les allogènes dioula » a affirmé de son côté un habitant contacté sur place.
Rassemblements à Bonoua et Ferkéssédougou
A Bonoua, ville de l’ex-première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, 50 km à l’est d’Abidjan, un face à face tendu entre manifestants et la police a bloqué la route internationale menant au Ghana. Un jeune de 18 ans a été tué jeudi lors de heurts entre manifestants et forces de l’ordre, a annoncé à l’AFP le maire de la ville, Jean-Paul Améthier.
Mardi à Ferkéssédougou (nord), fief de l’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, en exil en France, la police a dispersé une manifestation de jeunes contre un troisième mandat du président ivoirien.
Le président Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010 puis réélu en 2015, a annoncé qu’il allait se présenter à la présidentielle du 31 octobre pour un troisième mandat, ce dont l’opposition lui conteste le droit.
Avec AFP