C’est un groupe de personnes désignées par les agents de la police judiciaire comme des présumés Kidnappeurs et présumés auteurs d’attaques à main armée, qui ont été présentées, ce lundi 12 avril à la presse dans les locaux de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) à Conakry.
Ces présumés malfrats ont été présentés avec des armes de guerres de type PMAK notamment, des munitions, une voiture de marque Toyota Corolla, des tenues militaires, et d’autres objets dérobés aux victimes tels que des téléphones et décodeurs Canal+.
D’après le commissaire de police, Thierno Amadou Bah, chef section Recherches et investigations à la DCPJ, c’est après avoir été « informé le 17 mars 2021 de l’enlèvement de l’opérateur économique Thierno Mamadou Dansoko a son domicile sis à Nongo, dans la commune de Ratoma, dans le nuit du 16 mars 2021 aux environs de 21h » que son service a mené des investigations qui ont permis « d’interpeller l’auteur principal de l’enlèvement, il s’agit de Aboubacar Thiam alias Sénégalais, lequel reconnaît l’enlèvement de l’opérateur économique, Thierno Mamadou Dansoko. Il précise avoir agi avec les nommés Jones et son petit et que le nommé Joe s’est servi de sa voiture Toyota Corolla, de son PMAK et de son TT30 lors de l’enlèvement de la victime. Il précise que la victime a été enlevée de force à Kipé et conduite dans un immeuble au quartier Lambangni, carrefour Canadien, appartenant à un certain Mamadou Fofana, résidant en France. Ainsi les perquisitions effectuées dans cet immeuble ou Thierno Mamadou Dansoko a été séquestré nous a permis de saisir 5 armes de guerre dont 3 PMAK et 2 MAT 49, avec plus de 300 munitions saisies. Cependant les autres ravisseurs n’ont pas été trouvés sur le terrain. Nous avons réussi à interpeller le gérant de l’immeuble. Il s’agit de Jones Mansaré, qui déclare avoir loué cet appartement à un certain Mamadou Moussa Diallo qui est en fuite et qui louait pour le compte d’un certain Mamadou Diallo, qui serait venu des Etats-Unis, également en fuite » a-t-il expliqué dans le cadre de l’enlèvement.
Questionné sur ce qu’il sait de l’histoire, Jones Mansaré, ingénieur de Bâtiment, a dit ne rien savoir. « Après avoir construit le bâtiment, mon patron qui est à Paris m’a dit de prendre des locataires dans les 4 appartements. J’ai logé des gens là-bas sans problèmes. Il y a un démarcheur qui a envoyé un monsieur qui a dit qu’il va prendre l’appartement pour son frère qui quitte des Etats-Unis pour 5 mois. J’ai dit à mon patron et on a fait tous les papiers (…) Il y a une dame qui loge en bas qui m’a dit de descendre qu’il y a des problèmes. Je suis descendu. Et c’est ainsi qu’on m’a dit que les gens qui sont là sont des bandits. J’ai dit que je ne savais pas. Parce que moi je loge tout le monde. Je ne sais pas s’ils sont des bandits ou pas. Quand l’officier m’a demandé si j’avais vu des armes ? J’ai dit que je n’avais jamais vu d’armes là-bas. Et j’ai dit que le monsieur que j’ai logé, je le vois seul, il est clair et mince. Il a un passeport américain avec lui. Donc c’est pour cela je lui faisais confiance », a-t-il narré.
Au-delà de l’enlèvement, les services ont « constaté que Aboubacar Thiam alias Sénégalais a participé à plusieurs opérations de vols à main armée à Conakry et environs. Il s’agit de l’opération de Dabompa, de la pharmacie de Coyah, où ils ont volé des numéraires et des téléphones, avec les nommés, Mohamed Salif Soumah alias Lifsa ; Mohamed Soumah alias Forèdè ; Cavani (…) ils se sont servis déclarent-ils d’un PMAK… », a rapporté l’officier.
Par ailleurs pour le cas des complices de Aboubacar Thiam, il a cité « Thierno Amadou Diallo alias Dja Fiston, Aboubacar Thiam, Tamba Vieux Kamano alias Cavani, Mohamed Lamine Camara alias Pépé Kalé », qui sont déjà arrêtés. Mais souligné que, « Rimka ou Yesso, Kandia, Volume plus, Cool mic, Allah réni », qui ont aussi fait des braquages sont en fuite et activement recherchés.
Il a signalé enfin que seul « Aboubacar Thiam alias Sénégalais reconnait avoir participé à l’enlèvement de Thierno Mamadou Dansoko »
Cependant, les présumés kidnappeurs et malfrats, devant les micros ont chacun donné leurs versions des faits. D’aucuns niant les faits qui leur sont reprochés et d’autres scandent avoir reconnu sous l’effet de la « torture ».
Désigné comme l’auteur principal de l’enlèvement de l’opérateur économique et l’acteur des braquages, Aboubacar Thiam a dit ne rien savoir. « Moi je n’ai pas beaucoup de propos. Ce que j’ai à dire c’est que les autorités me relâchent. Moi je suis là juste parce qu’ils disent qu’on a attrapé quelqu’un et qu’on lui a retiré de l’argent que j’en fais partie. Moi je viens de sortir de prison il y a un mois et quelques. Ces gens qui sont là avec moi, je les ai connus dehors. Mais je ne connais rien. Moi je ne suis pas l’acteur principal. Qu’il cherche quelqu’un d’autre. Joe (celui à qui appartient la voiture Corolla) c’est mon grand, je l’ai vu 2 semaines après être sorti (de prison). Mais moi je n’ai rien à avoir avec cette histoire. C’est Lifsa qui m’a dénoncé. Ils ne m’ont pas pris chez moi. C’est à Friguiadi ils m’ont pris. Parce que là-bas j’attendais de l’argent de la part de mon père puisque je devais effectuer un voyage, vu que je suis sorti de prison, il n’y a pas longtemps », a-t-il déclaré.
Mohamed Soumah : « moi je suis là pour une histoire d’armes. Ces armes qui sont déposées là-bas, sont arrivées chez moi aux environs de 17h le vendredi dans un sac de voyage. Mais il y avait des habits là-dessus. Dja Fils, Pepe et Cavani m’ont juste dit qu’ils allaient à un anniversaire. On m’a pris chez moi à 14h, avec ma femme enceinte et mon petit. Moi je suis un simple danseur. On m’a envoyé, on m’a électrocuté. Donc avec cette douleur, tu peux dire ce que tu ne sais pas. On m’a cassé un doigt, donc c’est pourquoi j’ai dit. On m’a pris avec mon petit. Lui aussi c’est un danseur. Il ne connaît rien dedans. »
Reconnaissant les faits, Tamba Vieux Kamano alias Cavani, a voulu dédouaner quelques personnes. « Ce que je sais dans cette histoire, le petit qui est là-bas, il ne connaît rien du tout. Ce n’est pas un bandit. C’est juste un danseur. Dans cette histoire, les innocents, il y a Fiston et le petit là. Mais nous autres avons tous fauté. Il n’y a rien que nous n’ayons fait. Nous avons volé avec des armes. Moi je n’ai pas d’armes. Mais Salif, c’est lui qui envoie les armes pour qu’on aille braquer. Relâchez le fiston et le petit. Moi j’ai fait 4 opérations. Mais je n’ai tué personne. Nous travaillons avec les PMAK que Salif apporte. Moi je rentre jusque dans la maison lors des opérations. J’ai opéré à Lansanaya, Enta, Coyah et vers Mafèrinyah », a-t-il révélé.
Quant à Mohamed Salif Soumah, il a scandé être victime d’un piège. « Que Dieu nous protège des mauvaises personnes. Que Dieu nous épargne des guéguerres pour une femme. Parce que c’est ce qui m’a envoyé ici. Cavani est sorti avec ma petite amie du nom de Mariam. Mais lui c’est un bandit et j’entendais parler de lui. Mais je ne le connaissais pas du tout. Un jour il m’a trouvé avec la fille. Ce jour, il a insulté. Et m’a menacé de mort. Je lui ai dit que s’il veut me tuer que nous nous arrêtons et nous battions. C’est sous l’effet de la torture qui a fait que j’ai avoué, pour ne pas perdre ma vie sous la torture. Mais je ne connais aucun de ceux-là. Je ne reconnais pas ce qu’on me reproche et je jure sur la Fatiha », a-t-il lancé.
Alia Yattara aussi dit ne rien savoir : « Je suis là pour une histoire d’armes. Mais c’est un mensonge. Cavani et moi, il y avait une histoire d’argent entre nous. Il m’a dit de lui garder ses 2 millions. L’argent a été volé. Il venait chaque fois me demander. Je lui ai dit d’attendre un peu parce que je suis ferrailleur et que je ne travaille pas. Après il m’a dit un jour que je refuse de lui donner son argent. Que dès qu’il aura des problèmes, il va me mettre dedans. C’est après 3 mois qu’ils m’ont pris. Quand on m’a pris, on m’a torturé, frappé et éteint des mégots de cigarette sur mon corps. Donc j’ai avoué que je volais avec Cavani. Mais je ne sais rien d’autre. »
Mohamed Lamine Camara « Moi je ne connais rien de tout ça. Moi je fais des rotins. J’ai déjà subi une intervention chirurgicale au cou. Ces gens-là me trouvent chez moi. On joue là-bas. Moi je n’ai jamais été au commissariat. On m’a pris dans ma famille. Je ne connais rien ».
IThierno Amadou Bah, chef section Recherches et investigations à la DCPJSelon l’officier, ces hommes seront traduits devant le procureur.