Le Mali attend que soit nommé son nouveau Premier ministre après la démission forcée de Moctar Ouane et du président Bah N’Daw, la semaine dernière, déposés par le vice-président, le colonel Assimi Goïta, qui s’est depuis attribué la présidence de la Transition. Depuis plusieurs jours, la situation est passée du potentiel chaos dénoncé par la communauté internationale à la presque normale. Et tout semble prêt pour cette nomination, très attendue et, en fait, presque connue déjà.
Tant que l’annonce n’est pas officielle, tout reste possible. Mais on voit mal ce qui pourrait empêcher la nomination de Choguel Maïga au poste de Premier ministre. Le nouveau président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a publiquement dévoilé son intention d’offrir le poste au M5, et le M5 a publiquement confirmé que c’était bien lui, Choguel Maïga, président du comité stratégique du mouvement, qui avait -finalement- été désigné en interne.
Côté international, la tenue du sommet de la Cédéao, dimanche, pouvait susciter des craintes chez la junte militaire au pouvoir. Mais ce sommet a finalement laissé passer le nouveau coup d’État d’Assimi Goïta : le Mali est suspendu de la Cédéao, mais la nomination d’un président civil n’est plus exigée, comme c’était le cas après le putsch d’août dernier. Seule l’est, justement, celle d’un Premier ministre civil.
Sur le plan national, la réconciliation du M5 et de l’imam Mahmoud Dicko, ancien pilier du mouvement qui avait fait défection, tout en restant incontournable sur la scène politique malienne, a été intelligemment mise en scène lundi.
Les conditions du M5 ne « sont plus un préalable »
Enfin, le M5 avait jusqu’ici conditionné sa participation à une série de revendications, mais a finalement renoncé à ses exigences. « La dissolution du Conseil national de transition n’est plus un préalable pour entrer à la Primature », explique le porte-parole du mouvement, Jeamille Bittar. Le mouvement dénonce depuis des mois l’installation jugée « illégale » du CNT, l’organe législatif de la transition. Il avait même fait de sa dissolution l’une de ses principales revendications, condition nécessaire à toute participation aux institutions.
Une manière de ne pas renoncer à ses principes et d’aller à la primature sans donner raison aux critiques taxant les barons du M5 d’opportunisme. Mais à laquelle la junte militaire du CNSP n’était pas favorable, comme l’a précisé à RFI Youssouf Coulibaly, universitaire, membre du CNT et conseiller juridique du colonel Assimi Goïta.
« Nous ne renonçons pas », précise le porte-parole du M5, Jeamille Bittar, qui explique que la requête introduite en janvier dernier auprès de la Cour suprême, pour annuler la nomination des membres du CNT, « demeure », et qu’il reviendra donc à la justice de trancher.
Quant aux autres points de revendications jusqu’ici affichés par le M5, comme la réduction du train de vie de l’État ou encore la lutte contre la corruption, « ils formeront la ligne directrice du prochain programme gouvernemental. »
Des engagements ont-ils été pris quant à la composition du prochain gouvernement ? Et notamment sur les ministères de la Défense et de la Sécurité, qui ont motivé le dernier coup de force de la junte ? C’est l’éviction à ces postes des colonels Sadio Camara et Modibo Koné qui avait en effet motivé « la rectification de la trajectoire de la transition », c’est-à-dire l’arrestation des président et Premier ministre de transition. « Il n’y a pas de poste imposé, mais une logique à respecter », pose Jeamille Bittar, qui rappelle que le nouveau gouvernement s’inscrira nécessairement dans cette nouvelle trajectoire.
Ne reste plus qu’à attendre l’officialisation de cette nomination qui semble désormais acquise… À moins que le colonel Assimi Goïta ne prenne une nouvelle fois tout le monde par surprise.