HAÏTI- qui sont les membres du commando responsable de l’assassinat du président?

Quarante-huit heures après l’assassinat du président haïtien dans sa résidence privée, une attaque visiblement bien orchestrée et menée selon les autorités américaines par des mercenaires aguerris, on commence à y voir plus clair sur la composition de ce commando. Depuis cette nuit tragique, la police haïtienne traque ces hommes.

Plus les heures passent et plus le voile se lève sur la composition du commando qui a assassiné dans la nuit du mardi 6 à mercredi 7 juillet le président haïtien Jovenel Moïse, et blessé sa femme Martine. Si quelques heures après les faits, les autorités avaient annoncé avoir tué quatre mercenaires et être parvenu à en arrêter deux autres, la police haïtienne a mis la main jeudi 8 juillet sur presque l’ensemble du commando.

Selon Léon Charles, le directeur de la police qui s’est exprimé lors d’une conférence de presse, au total quinze ressortissants colombiens (dont d’anciens membres de l’armée) et deux Haïtiens ont été arrêtés jeudi. Huit autres membres du groupe seraient toujours en fuite. Le commando serait composé au total de vingt-huit hommes.

Un commando présent en Haïti depuis un certain temps

Selon le quotidien haïtien Le Nouvelliste, la plupart de ces hommes étaient en Haïti depuis un certain temps déjà. Parmi les membres colombiens suspectés d’être du commando, certains seraient présents sur le sol haïtien depuis trois mois, après avoir franchi la frontière avec la République dominicaine. Les identités de plusieurs des Colombiens arrêtés ont été rendues publiques et confirmées par les autorités de Bogota.

Parmi ces derniers, figurent un certain Manuel Antonio Grosso Guarín. Il était, jusqu’en 2019, l’un des soldats les mieux entraînés de l’armée colombienne. Il aurait notamment reçu une formation spéciale avec des instructeurs américains, selon El Tiempo qui précise qu’il avait été affecté au « groupe des forces spéciales antiterroristes urbaines ». « Ses collègues avaient perdu sa trace jusqu’à ce qu’ils le revoient, allongé sur le sol et menotté, dans une base militaire de Haïti », précise le quotidien.

Les deux Haïtiens arrêtés, James Solage et Vincent Joseph, n’auraient selon eux jouer que le rôle de traducteur. Présents en Haïti depuis un mois pour le premier et un peu plus pour le second, ces deux Haïtiens résideraient en temps normal aux États-Unis, ce qui n’a pas été confirmé par les autorités américaines. Les États-Unis se disent prêtes à collaborer à l’enquête, mais attendent une demande formelle des autorités haïtiennes.

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James Solage, un profil surprenant

James Solage aurait confié avoir trouvé son emploi de traducteur sur internet. Selon le quotidien britannique The Guardian, ce suspect serait un entrepreneur installé en Floride, président du conseil d’administration d’une organisation qui affirme lutter contre la faim chez les enfants dans la ville de Jacmel, en Haïti.

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Il aurait également travaillé par le passé pour l’Ambassade du Canada dans le pays, ce qu’a confirmé le ministère canadien des Affaires étrangères, qui précise que James Solage aurait « brièvement été employé comme garde du corps de réserve par une entreprise de sécurité embauchée par les autorités canadiennes ».

Des preuves qui pourraient mener au(x) commanditaire(s) ?

En plus de ces arrestations, la police haïtienne a récupéré beaucoup de matériel : de l’argent, des armes, des munitions, de très nombreux téléphones portables, mais aussi un chéquier au nom de Jovenel et Martine Moïse, des plaques d’immatriculations, des contrats de location de véhicules, ainsi que le serveur de la caméra de surveillance de la résidence privée de Jovenel Moïse. Des preuves qui vont peut-être permettre de savoir qui a orchestré l’assassinat du président, même si pour l’instant, les membres du commando refusent, semble-t-il, de parler.

Par ailleurs, la justice haïtienne enquête sur d’éventuelles défaillances de la sécurité présidentielle. Comment ce commando a-t-il pu aussi facilement avoir accès à la résidence privée de Jovenel Moïse, sachant qu’elle disposait d’un dispositif de sécurité ? Des questions auxquelles vont devoir répondre les responsables de la sécurité présidentielle, selon Le Nouvelliste.

Quarante-huit heures après ces faits tragiques qui plongent Haïti dans une situation encore plus incertaine, de nombreuses questions restent en suspens. Les Haïtiens attendent des réponses, alors que les rumeurs les plus folles circulent sur les réseaux sociaux.

RFI

 

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