AFGHANISTAN : les talibans aux portes de Kaboul, des combattants signalés dans la ville

Les talibans ont reçu l’ordre de rester aux portes de Kaboul et de ne pas entrer dans la capitale de l’Afghanistan, a annoncé ce dimanche 15 août l’un de leurs porte-parole. Mais des insurgés ont été aperçus par des habitants en banlieue éloignée.

« L’Émirat islamique ordonne à toutes ses forces d’attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d’entrer dans la ville », a déclaré ce dimanche sur le réseau social Twitter un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid. Néanmoins, un habitant contacté par l’Agence France-Presse en banlieue rapporte que des combattants talibans armés sont présents dans son quartier. « Il n’y a pas de combats », précise-t-il.

L’ambiance est étrange, électrique, explique notre correspondante Sonia Ghezali. Signe de la présence des talibans dans la ville et sa périphérie, on aperçoit des fumées dans l’ouest de Kaboul, où vit la minorité chiite. Des échoppes y sont brûlées par les insurgés, raconte un habitant qu’elle a contacté. Des portraits de femmes ont aussi été arrachés des devantures de certaines boutiques, comme les salons de beauté. Les ambassades occidentales évacuent leurs ressortissants.

Les insurgés s’étaient déjà emparés sans résistance ce dimanche de la ville de Jalalabad, position-clé sur la route du Pakistan voisin, quelques heures après avoir pris Mazar-i-Sharif, quatrième plus grande ville afghane et principal centre urbain dans le nord. Méthodiquement, les talibans se sont approchés cette semaine d’une prise complète du pouvoir dans le pays, après une campagne militaire d’une rapidité stupéfiante qui les amène, aujourd’hui, à contrôler plus d’une vingtaine de provinces.

Une poignée de villes mineures, sans importance stratégique, éparpillées, sont encore sous le contrôle du gouvernement. Mais elles sont coupées de Kaboul. La déroute est totale pour les forces de sécurité afghanes, abreuvées pendant deux décennies de centaines de milliards de dollars par les États-Unis. Elle est également cuisante pour le gouvernement du président Ghani, désormais coincé entre deux positions impossibles : capituler et démissionner, ou combattre au risque d’un bain de sang.

Le président américain Joe Biden a porté à 5 000 soldats le déploiement militaire à l’aéroport de Kaboul. Ces troupes ont pour mission d’évacuer les diplomates américains et des civils afghans ayant coopéré avec Washington. Le Pentagone parle d’environ 30 000 personnes à rapatrier. Le balai des hélicoptères entre l’aéroport et l’ambassade, dans la zone verte, est incessant. Les personnels américains sont en train de détruire des documents sensibles, ou tout autre symbole dont pourraient s’emparer les talibans.

M. Biden a menacé les insurgés de répondre avec rapidité et force à leurs manœuvres, si celles-ci venaient à mettre en danger ses ressortissants. En revanche, le numéro un américain assume le repli de son pays, à l’origine de ce retour en force taliban. Il entend mettre fin à vingt ans de guerre, un record pour Washington. Son constat : « Une année ou cinq années de plus de présence militaire américaine n’aurait fait aucune différence, quand l’armée afghane ne peut ou ne veut pas défendre son propre pays. »

Le Royaume-Uni a également annoncé le redéploiement de 600 militaires. Plusieurs pays occidentaux vont réduire au strict minimum leur présence à Kaboul, voire fermer provisoirement leur ambassade. La Russie, elle, ne prévoit pas d’en faire de même, selon un responsable du ministère des Affaires étrangères s’adressant à l’agence Interfax. Zamir Kabulov dit être « en contact direct » avec l’ambassadeur russe, et ajoute que les employés continuaient sur place à travailler dans « le calme ».

 

 

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