GUINEE- Transition : à chaque jour son lot de défis (Édito FIM FM de Dian Baldé)

Décidé à porter le fer contre le système oligarchique et de gouvernance à la petite semaine, ayant conduit à la déliquescence de l’État, le Conseil national pour le rassemblement et le développement (CNRD) ne veut pas rester l’arme au pied. Mais pour remettre le navire à flot, la junte doit user de tacts, avec les moyens du bord, en ayant à l’idée que la transition ne sera pas un long fleuve tranquille. D’où cette constance dans l’effort, dont il faudra faire preuve, pour faire face au lot des défis quotidiens.

Une transition politique est synonyme de rupture avec l’ancien monde. Pour le cas guinéen, ce vieux monde se résumait quasiment à des privations de libertés, à un ostracisme de l’opposition et à une déprédation des ressources.

Cet inventaire à la Prévert, non exhaustif, est à mettre à la décharge de la junte, pour justifier son coup de force.

Pour porter l’estocade contre son mentor, le colonel a dû s’affranchir des tabous et totems du premier cercle.

Maintenant qu’il est frais dans les premiers rôles, pour réussir son pari, de remettre la Guinée sur les rails, il lui faudra avoir les pieds sur terre.

Ce changement de paradigme doit reposer sur la justice qui constitue l’épine dorsale d’une démocratie.

Les Guinéens attendent donc de la junte, qu’elle redonne au pouvoir judiciaire ses lettres de noblesse. Afin qu’on en soit pas encore à pédaler dans la mélasse de ces interpellations arbitraires de citoyens par des commandos encagoulés. Comme ce rapt en pleine nuit du porte-parole de l’ancien gouvernement.

Des pratiques surannées, issues de l’héritage toxique du président déchu.

Heureusement que le CNRD a su raison garder, en renonçant à la mise sous mandat de dépôt du ministre Tibou Kamara. Sans toutefois manquer de préciser les raisons de sa brève interpellation. Qui serait liée selon la junte, à une violation de l’interdiction faite aux membres de l’ancien régime de s’abstenir de toute « action séditieuse ». Seul son de cloche dont on doit pour le moment se contenter.

A la veille de cet incident, le CNRD s’était aussi fendu d’un communiqué, déplorant la forte mobilisation ayant marqué le retour des leaders du FNDC en exil, en cette période de pandémie.

Tout en exhortant les autorités compétentes à en tirer les conséquences de droit. Ce qui a déchaîné les passions dans la cité et sur les réseaux sociaux.

En tout état de cause, certains observateurs pensent que pour garder la main, la junte doit user d’une main de fer dans un gant de velours. Tout en évitant de reproduire les mêmes travers que sous l’ancien régime.

Quand on sait que c’est pour sortir le pays de l’emprise de la politicaillerie, que le colonel Mamady Doumbouya et ses hommes disent avoir pris leur responsabilité, pour trancher le nœud gordien.

Avec la ferme volonté de guérir « le mal guinéen ». Terme générique repris à son compte par le président du CNRD.

Vivement que le remède ne soit pas pire que le mal.

Mamadou Dian Baldé

 

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