Un juge fédéral du Texas a bloqué temporairement, mercredi 6 octobre, la loi interdisant l’avortement dans la majorité des cas dans cet État du sud des États-Unis. Mais le gouvernement texan peut encore faire appel.
C’est une première victoire et un ouf de soulagement pour les défenseurs du droit à l’avortement. Un juge fédéral du Texas a bloqué, mercredi 6 octobre, la loi interdisant les interruptions volontaires de grossesse (IVG) dans quasiment tous les cas. « Cette cour ne permettra pas que cette privation choquante d’un droit si important se poursuive un jour de plus », a écrit le juge Robert Pitman dans sa décision.
L’État du sud des États-Unis peut faire appel de cette décision mais, en attendant, il ne peut plus appliquer cette loi, soutenue par les républicains.
La loi texane, entrée en vigueur le 1er septembre, interdit d’avorter une fois que les battements de cœur de l’embryon sont détectés, soit à environ six semaines de grossesse, quand la plupart des femmes ignorent être enceintes. Elle ne prévoit pas d’exception en cas d’inceste ou de viol, mais seulement en cas d’urgence médicale.
Cette décision du juge fédéral s’inscrit dans le cadre d’une plainte déposée par l’administration Biden. Le ministre américain de la Justice, Merrick Garland, a aussitôt salué dans un communiqué « une victoire pour les femmes au Texas et pour l’État de droit ». « Nous allons continuer à protéger les droits constitutionnels de tous ceux qui chercheraient à les saper. »
Une loi au dispositif unique
Ces dernières années, des lois comparables ont été adoptées par une dizaine d’autres États conservateurs et invalidées en justice, parce qu’elles violent la jurisprudence de la Cour suprême des États-Unis. Celle-ci garantit le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n’est pas viable, soit vers 22 semaines de grossesse. Mais le texte du Texas comporte un dispositif unique : il confie « exclusivement » aux citoyens le soin de faire respecter la mesure en les incitant à porter plainte contre les organisations ou les personnes qui aident les femmes à avorter illégalement.
La Cour suprême des États-Unis, où les juges conservateurs sont nettement majoritaires, a invoqué ces « questions nouvelles de procédure » pour refuser, il y a un mois, de bloquer la loi, comme le lui demandaient des défenseurs du droit à l’avortement.
Le gouvernement fédéral était alors entré dans l’arène judiciaire, invoquant son intérêt à faire respecter les droits constitutionnels des Américains. Le président démocrate Joe Biden avait promis, en septembre, « une réponse immédiate » de son gouvernement, à qui il avait ordonné de trouver « des mesures pour assurer que les femmes du Texas aient accès à l’avortement en toute sécurité et légalité ».
La bataille «loin d’être terminée»
« Depuis plus d’un mois, les Texanes sont privées d’accès à l’avortement à cause d’une loi anticonstitutionnelle qui n’aurait jamais dû entrer en vigueur », a réagi dans un communiqué Alexis McGill Johnson, la présidente du planning familial Planned Parenthood.
Alexis McGill Johnson a rappelé que « la bataille » était « loin d’être terminée », tout en se félicitant de la possible reprise des avortements dans les cliniques alors que la semaine dernière, des dizaines de milliers de femmes avaient manifesté aux États-Unis pour défendre le droit à l’avortement. « Peu importe où vous êtes, ce combat est aujourd’hui à votre porte », avait lancé Alexis McGill Johnson à Washington.
« Bien que la décision de la cour nous permette de pousser un soupir de soulagement, la menace de l’interdiction de l’avortement au Texas continue de planer au-dessus de l’État », a renchéri Brigitte Amiri, de l’organisation de défense des droits civiques ACLU. « Nous savons déjà que les hommes politiques derrière cette loi ne s’arrêteront devant rien jusqu’à l’interdiction totale de l’avortement. »
Au contraire, le groupe d’opposants à l’avortement Susan B. Anthony List a dénoncé la décision d’« un juge non élu » alors que « le peuple du Texas a parlé par le biais de ses élus et veut protéger des bébés au cœur qui bat ».
AFP