GUINEE- Le gouverneur de la Banque Centrale a-t-il été complice d’une exportation frauduleuse de l’or ? (ENQUÊTE)

La présumée exportation frauduleuse de l’or extrait en octobre2021 des caveaux de la Banque Centrale de la République et qui impliquerait M. Louncény Nabé soi-même gouverneur de la première institution bancaire du pays se révèle être « une accusation fragile ».
En effet, une enquête auprès des Ministères des Mines et de la Géologie, de la Justice, de la Banque Centrale et de l’aéroport international de Gbéssia-Conakry, a conclu que la chaine de production, de collecte, de vente et d’exportation de ce précieux métal, relèvent exclusivement du domaine du Ministère des Mines et de la Géologie. Quant à l’exportation, elle est régulée par le Bureau national d’expertise des diamants, or et autres gemmes (BNE) placé sous la tutelle du Ministère des Mines et de la Géologie (Décret n°93/175/PRG/SGG portant création et statuts du BNE), mais également de la Direction Nationale des Douanes qui relève de l’autorité du Ministère du Budget.
Pour M.Nabé cette accusation de sortie frauduleuse de l’or est très grave, alors qu’ « il n’y a pas eu de sortie d’or à la Banque Centrale ». A son tour un agent de la Brigade Anti-fraude des Matières Précieuses (BAFMP) a démenti (en attendant des nouvelles pistes plus plausibles) cette infraction.
La BAFM est une institution de corps mixte composés des cadres de l’administration minière, de la douane et d’officiers de police judiciaire (article 21 du décret n°170 du 5 juin 1995), chargée de veiller au respect de la législation relative à l’exploitation, à la commercialisation, à l’importation et à l’exportation des matières précieuses (article 1er Arrêté n°7664 du 22 décembre 2016).
En plus, la BAFMP supervise les opérations d’évaluation, d’emballage, de scellement, de transport et de remise de colis des matières précieuses destinées à l’exportation. En cas de délits, elle procède à la répression, en rapport avec le procureur de la République.
Cependant, jusqu’à un passé récent, les bureaux du BNE étaient situés à l’enceinte de la Banque Centrale. Ceci, combiné avec l’utilisation des services de celle-ci pour certains types de calcul des droits à prélever par le BNE et la BAFMP (articles 1er à 3 Arrêté conjoint n°824 du 27 avril 2021) et l’assistance que la Banque Centrale offre aux comptoirs pour le rapatriement de leurs recettes en devises pourraient avoir été source de confusion.
Toutefois, une source administrative indique qu’en ce qui concerne l’or issu de la production industrielle et semi-industrielle, « les agents de la BAFMP réceptionnent et escortent avec la Banque, les colis d’or provenant des sites des sociétés minières depuis l’aéroport jusqu’à la fonderie du Ministère des Mines et de la Géologie sise à l’enceinte de la Banque Centrale et pour l’exportation de la Banque à l’aéroport ».
Au niveau des trois Tribunaux de Conakry, des greffiers interrogés affirment n’avoir pas été saisis d’une telle dénonciation. Tout comme, un agent du BNE s’est dit « surpris d’apprendre une telle grossièreté ».
Le pays possède d’importantes réserves en or dans le bassin Birrimien réparties dans les préfectures de Siguiri, Kouroussa, Mandiana, Dinguiraye, Gaoual et Kankan. Celles-ci dépassent largement les 700 tonnes. L’or de Guinée est de bonne qualité titrant entre 850 et 980% (soit de 20 à 23,5 carats). Il se présente surtout sous forme de gisements secondaires (alluvions des lits et des terrasses de cours d’eau), mais également primaires (filons, veines de quartz).
Ces réserves du précieux métal sont estimées par des sources officielles, entre 30 millions à 100 millions de tonnes de métal. Ces gisements sont exploités aussi bien de façon artisanale, semi-industrielle qu’industrielle.

 

lepetitdepute.com/ Mondemedia.info

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