En fin de semaine dernière, le colonel-Président s’est fendu d’un acte qui fera date dans l’histoire du pays.
Jamais avant lui, de mémoire de journaliste et d’observateur, un putschiste n’avait agi pareillement dans un intervalle d’au moins cinq mois après son accession au pouvoir, par la force des armes.
Décorer des militaires du camp adverse, tués lors d’un coup d’État, encore une fois, c’est presque du jamais vu.
Le vendredi 07 janvier, le chef de la junte au pouvoir en Guinée, l’a fait. Il a honoré la mémoire des militaires de la garde présidentielle d’alors, d’apparence prétorienne, tombés le jour de l’assaut contre le palais Sèkhoutoureyah.
Un assaut court et simpliste, qui a fini par en déloger le patron de ces derniers, Alpha Condé, qui ne s’imaginait pas une fin aussi brutale et dégradante de son règne, après avoir acquis un troisième mandat, certes contesté, mais accepté de fait. C’était au matin du 05 septembre 2021.
Personne ni aucun analyste ne pouvait subodorer, en ce moment, un tel scénario, décrit par les spécialistes comme une opération d’enlèvement, qui s’est soldé par un coup d’État.
Du sang a coulé, non pas dans les rangs des civils, qui ont vécu tout cela de loin, avec des réactions différentes. C’est plutôt au sein des militaires.
Et le sujet était un mystère dont tout le monde se gardait jusque-là, de débattre en public, laissant ainsi les familles des militaires de la garde présidentielle d’alors, de faire, seules, leur deuil et de se complaindre seules, sans que cela n’ait un véritable écho dans l’opinion.
Pour ces familles qui continuent de se plaindre de n’avoir pas eu l’occasion de prier sur les corps de leurs proches, le geste tant commenté, n’est en réalité, à leurs yeux, qu’un baiser de judas.
Au-delà de la symbolique qui a tout l’air d’un acte de séduction, cette décoration laisse un goût d’inachevé.
Primo : décorer des gens sans aviser leurs familles, et sans que celles-ci ne soient invitées à prendre part à la cérémonie, cela paraît assez curieux.
Secundo : annoncer que les bénéficiaires des distinctions, l’ont été grâce aux services rendus à la nation, ne permet pas de savoir qui a bien fait, le jour du coup d’État. Ou qui devrait regretter son acte qui a conduit à une effusion de sang ?
Peut-être que tout cela, ce sont des détails, qui ne sont cependant pas non moins importants.
L’essentiel, c’est d’avoir essayé d’être juste, de réparer une injustice qui a consisté à priver les parents des victimes, qui étaient opposés au coup de force, et de disposer à leur guise des corps de ces derniers.
Mognouma Cissé