Ça chante partout refondation de l’État, rectification institutionnelle, réconciliation nationale et que sais-je encore?
Non, la Guinée n’a jamais eu un problème de constitution déséquilibrée qui est d’ailleurs dynamique et évolutive susceptible de modification ou d’amendement. On a toujours eu les meilleurs textes de lois.
De 1958 au 22 mars 2020, la Guinée n’a jamais enregistré un retard dans son développement lié à un quelconque manquement de ses instruments juridiques, nationaux ou internationaux.
Un pont, une route ou un barrage hydroélectrique n’a jamais retardé dans sa construction parce qu’une constitution n’est pas consensuelle ou parce qu’un article est mal écrit ou compris.
Sékou Touré a fait 26 ans au pouvoir et c’est son cadavre qui a été sorti du Palais présidentiel. Malgré l’existence du camp Boiro ou les atrocités qui ont caractérisé sa gouvernance décriée, la Guinée n’a pas cessé d’exister. Il a réussi à terroriser tout le monde avec l’aide de sa milice secrète et de son armée aux ordres.
Lansana Conté a fait 24 ans, c’est après sa mort qu’un autre est venu sans le consentement du peuple pour s’accaparer du pouvoir.
Malgré les multiples manifestations des peuples contre ces deux systèmes de gouvernance, aucune contestation n’a fait vaciller ou entrainer une révolution de Palais.
Parce qu’ils ont tous deux bénéficié du soutien d’une armée conditionnée, guidée par le ventre et par le bien-être avec un confort matériel et financier impressionnant.
Alpha Condé est venu, son pouvoir est né d’un braquage électoral, après un coup d’État contre un cadavre, le 22 décembre 2008.
De son installation le 21 décembre 2010, à son éviction, Alpha s’est accroché au pouvoir avec le soutien antirépublicain d’une armée aux ordres et prête à tirer sur son propre peuple qu’elle prétend défendre. Près de 400 personnes tuées sans un seul coupable identifié, ni un commanditaire indexé.
Ce n’est pas Alpha Condé quand même qui a pris l’arme pour tirer sur toutes les victimes tombées sous son règne. Notre Koro n’était pas un seigneur de la guerre, ni un Warrior pourtant. Il avait des barbouzes à ses côtés.
Pour le mal Guinéen, je ne vois rien d’autre qu’une armée aux ordres qui tue sa population et qui protège un Président impopulaire, mal élu et quasiment mourant.
D’habitude, notre armée faisait son coup d’État quand le Président en exercice a son cadavre à la morgue. Mais, Mamadi Doumbouya a fait l’exception pour une fois. Il a eu le mérite de déposer un Président dans une civière en route pour la morgue. Lui, il n’a pas attendu que Koro soit à la morgue pour sortir ses muscles contre un cadavre.
A sa place, même le plus maladroit de notre armée pour ne pas dire la dernière recrue ne pouvait agir autrement avec tout son arsenal de guerre.
C’est pour dire que notre pays ne souffre de rien d’ordre institutionnel.
Notre seul problème, c’est notre armée. C’est elle notre mal. Elle obéît au chef, elle a la gâchette facile et sa proie facile est son propre peuple.
Elle est toujours au service d’un homme qui la manipule à souhait.
Le jour où notre armée sera républicaine et qu’elle arrêtera de tuer sa propre population pour un homme, la Guinée prendra son envol économique et démocratique.
Le peuple ne demande ni plus, ni moins que la neutralité et le sens républicain de son armée.
Car, le plus grand obstacle pour notre démocratie c’est cette armée. La constitution n’a jamais tué un citoyen. Mais malheureusement, elle nait souvent dans le sang parce qu’elle est l’expression de la volonté d’un individu contre l’avis de la majorité.
C’est l’armée qui protège la dictature et c’est elle encore qui étouffe son peuple.
Aucune dictature n’a existé sans la bénédiction de son armée.
La force du dictateur c’est la balle dangereuse de son armée.
Au CNRD de comprendre qu’aucun guinéen n’est mort de famine ici. Mais des centaines de citoyens sont couchés dans les cimetières sous l’effet des balles de son armée.
Notre problème, c’est notre armée !
Elle doit être proche de son peuple que d’être exclusivement au service d’un individu.
Par Habib Marouane Camara, éditorialiste.