C’est parti cette semaine pour les assises nationales. Le Président de la République qui y tenait absolument et qui les a annoncées en toute pompe dans son discours de fin d’année devrait se dire dans un monologue, avec l’air un tantinet satisfait, qu’enfin, nous y sommes arrivés. Peu importe.
Le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, aussi pour sa part, qui a réussi l’organisation de la cérémonie de lancement, devrait lui aussi avoir le sentiment d’une mission accomplie. Egalement, peu importe.
De toute évidence, ce fut très laborieux, avec un travail qui laisse un gout d’inachevé.
Ce qui est pour l’heure connu et qui rassure, c’est qu’il n’y aura pas un scénario à la Malienne. Les assises n’accoucheront pas d’un chronogramme de la transition, car elles seront apolitiques, a ainsi promis le chef de l’Etat dans son discours d’ouverture.
Cependant, ses consultations annoncées pourront faire gagner en temps les autorités de la transition.
Ce sera alors un scénario inspiré de leur volonté réelle ou supposée, qui consiste à rester le plus longtemps au pouvoir.
Ce qu’on sait aussi, c’est que pendant un peu plus d’un mois, les Guinéens devraient se regarder dans les yeux pour se parler , se dire toutes les vérités. Cela se fera comment, dans quel cadre et dans quelle condition. On n’en sait pas pour le moment grand-chose.
Pourtant, la réponse à ses questions sera déterminante pour l’avenir de cet idéal, qui a eu le mérite de diviser au sein d’une coalition opportuniste des 62 partis politiques. Ces partis s’étaient pourtant engagés à décliner leur participation, car n’ayant aucune lisibilité sur l’évènement annoncé.
Comme disait l’autre, quand les TDR sont prédéfinis et largement partagés par les acteurs concernés, le déploiement de l’action est possible, devient donc fluide.
Ses assises ne suffiront pas à cet effet pour redorer le blason et renvoyer l’image d’un pays qui a fait sa mue pour se débarrasser de la violence d’Etat, quand, au même moment, on perpétue les anciennes mauvaises pratiques. L’arrestation et la séquestration du dernier ministre des affaires étrangères du régime d’Alpha Condé par le haut commandement de la gendarmerie nationale en est une preuve éloquente parmi tant d’autres du genre s’apparentant à un déni de justice. Les raisons de l’arrestation de Lilou sont autant plus farfelues que le communiqué de l’institution.
Tout cela est révélateur du visage d’un État encore nostalgique, hélas, de la bravade des libertés fondamentales et des droits des citoyens dont les Guinéens ont toujours été victimes et à cause desquelles les assises ont été organisées afin de pouvoir cicatriser les plaies.
A l’allure où vont les choses, ces assises aussi, pourtant nécessaires au pays, risquent d’avoir la boule perdue.
Mognouma