GUINEE- Préfecture de Kankan : Deux journalistes agressés par un chef militaire… »J’ai bien fait »

Les agressions contre des journalistes par des militaires deviennent récurrentes. Au moins trois cas ont été signalés rien que ce mois de mai, consacré à la liberté de la presse. Ces agressions impliquant des hommes en treillis surviennent alors que les journalistes victimes exerce leur métier. Celui d’informer.  

Ce mardi 24 Mai 2022, Cheick Sekou Berthe et Ahmad Sékou Nabé, respectivement correspondant de Guineenews et journaliste à la radio Espace Fm Kankan, ont été victimes d’agressions physiques et verbales, par la deuxième personnalité de la troisième région militaire Kankan, colonel Charles Kolipé Lamah. Ces journalistes se sont fait agresser alors qu’ils couvraient les opérations de démolition des emprises des routes entamées ce mardi par la commission de récupération des domaines bâtis et non bâtis de l’Etat. Interrogé par notre correspondant dans la région de Kankan, Ahmad Sékou Nabé explique les circonstances dans lesquelles cette agression a eu lieu.

« Nous avons été informés du début des opérations de dégagement des emprises des voies publiques sur la nationale Kankan-Kouroussa au quartier Missira. Aussitôt, je me suis rendu sur le terrain avec deux de mes confrères. On a trouvé l’équipe de déguerpissement à Missira en train de dégager le hangar d’un restaurant. J’ai sorti mon téléphone pour prendre des images. Entretemps, un militaire s’est détaché pour venir vers moi. Il m’a demandé pourquoi je prends ces images. Je lui ai dit que je suis de la presse en lui montrant le gilet et le badge que je portais. Il a compris et nous a laissé faire notre travail. Quand ils ont fini de dégager le hangar du restaurant, ils sont partis vers un autre. Comme j’avais garé ma moto un peu loin des lieux, je suis parti prendre ma moto pour la rapprocher auprès de là où l’équipe de déguerpissement était.

Quand j’ai recommencé à prendre des images, c’est là où le Colonel Kolipé Lamah m’a vu et m’a interpelé en me demandant pourquoi je prends ces images. Je lui ai aussi dit que je suis de la presse, il a hurlé en disant quelle presse ? Je lui ai montré le gilet et le badge que je portais mais il n’a rien voulu comprendre. Il m’a tiré et poussé jusqu’au bord du goudron, je n’ai rien dit. J’ai pris mon téléphone et je l’ai mis dans ma poche. Il m’a dit : envoie ton téléphone je vais supprimer les images. Je n’ai pas accepté. Entretemps, il m’a tiré et avec l’aide d’un autre militaire ils ont réussi à prendre mon téléphone. Ils ont voulu tout supprimer. Il y en a d’autres même qui disaient de réinitialiser le téléphone, mais il était verrouillé », explique Ahmed Sékou Nabé.

Notre confrère ajoute : « Le Colonel Kolipé m’a forcé à mettre mon empreinte digitale pour déverrouiller le téléphone. Ils sont entrés dans la galerie et ont supprimé toutes les images que j’avais prises. Même celles qui ont été prises ailleurs. Pendant qu’on vidait mon téléphone, le colonel Kolipé m’a menacé en disant que s’il voit une seule de ces images sur la toile, il va m’attraper, il a regardé mon badge et a vu mon nom. Il a dit : Ahmed Sékou Nabé, je te connais très bien, si je vois une seule de ces images sur la toile je vais t’attraper, je dis bien si je vois une seule image je vais t’envoyer à la justice.  

Je voulais parler, mais il m’empêchait.  Il m’a dit : si tu prononces un seul mot je vais te gifler. Il avait la main soulevée et était prêt à le faire. Donc, je n’ai rien dit. Lorsqu’ils ont fini de supprimer les images dans mon téléphone et ils me l’ont restitué. Après, ils nous ont chasser de force des lieux. C’est ainsi que mes deux collègues et moi avons pris nos motos pour quitter les lieux. » A-t-il expliqué.


Joint au téléphone, l’officier militaire mis en cause a assumé son acte, déclarant qu’il a « bien fait ».

 A suivre…

Source Africaguinee.com

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