CONAKRY- Forum national Inter-Religieux : «Que la crainte d’Allah nous domine et nous éloigne du démon de la division» (discours de Dr Dansa)

Messieurs les Présidents des Institutions Républicains ;
Messieurs le Directeur de Cabinet du PM ;
Mesdames et Messieurs les Secrétaires généraux des
ministères ;
Respectés Chefs religieux ;

Distingués invités ;
Dois-je entamé ce discours sans rendre grâce à Allah, le tout puissant, le maitre des cieux et de la terre, pour sa magnificence, grâce à sa grandeur et sa largesse cette rencontre a été rendu possible.

Nous lui rendons grâce et reconnaissance.

Son Excellence, Monsieur le Président de la Transition, c’est aussi pour votre conviction profonde et le respect que vous accordé aux hommes de foi de notre pays et la reconnaissance de leur rôle et responsabilité dans la conduite des affaires de notre pays vers droit chemin, celui de la justice, du pardon, de réconciliation que vous avez personnellement soutenu cette rencontre bénie dans vos ressources propres. C’est le lieu et l’heure de le dire haut et fort, pour que ces éminentes personnalités formulent pour vous, votre famille, notre pays, notre continent les ardentes bénédictions pour la paix.

La question, que certains peuvent se poser, concerne la pertinence et l’opportunité de l’organisation, par le CNT, d’un Forum de la nature de celui qui nous rassemble aujourd’hui, en tant que musulmans et chrétiens, mais davantage, en tant que citoyens d’une République, qui se veut démocratique et laïque.

Nous aspirons à être un État souverain, une Nation dont les fondations sont le Travail, la Justice et la Solidarité.

La réponse est simple, parce qu’au CNT, famille nationale riche de l’ensemble des composantes des forces vives de la nation est convaincu que seulement c’est sur le chemin de la foi, de la prière et des invocations de la grandeur d’Allah que nous trouvions les meilleures inspirations de la vérité, de pardon et de la réconciliation.

Notre devise nationale implique le vivre-ensemble dans la paix, la cohésion. La laïcité qui fait partie de notre patrimoine historique, juridique et politique a fait de la cohabitation religieuse une pratique si ordinaire, qu’elle s’accompagne de l’exigence de sa consolidation quotidienne, au gré des mutations politiques et sociales.

Mesdames et Messieurs ;
En République de Guinée, il est établi que plus de 98% de la population s’identifie comme membre d’une confession ou d’une communauté religieuse.

Notre pays, nous en avons conscience, a l’un des taux d’alphabétisation les plus faibles d’Afrique subsaharienne.

La population, qui y vit, est jeune et forme un entrelacs de croyances cultuelles et religieuses enracinées, qui façonnent les modes de vie.

Malgré l’extrême pauvreté des habitants et une structure sociale patriarcale, les Guinéens accordent une grande valeur aux pratiques morales et éthiques et s’en tiennent à ces convictions.

Pourtant, il existe des incohérences entre nos croyances, conjuguées aux carences de l’éducation, propres à perpétuer des pratiques aux conséquences délétères pour la société et pour chaque communauté et pour chaque membre de chaque communauté.

Dans cette conjoncture, il apparait évident que les leaders religieux jouent un rôle clé, pour façonner ou modeler les valeurs, les comportements, la distribution des rôles entre hommes et femmes, et la compréhension de ce qui constitue le vivre-ensemble harmonieux
développement de nombreuses lois, de diverses politiques et relations sociales qui sculptent, configurent et gouvernent les sociétés auxquelles nous appartenons et au sein desquelles nous vivons.

Le rôle potentiellement transformationnel des leaders et des individus religieux dans l’élimination des causes profondes des tensions, différends, résultants des inégalités et de l’injustice ne sont pas souvent appréciées à leur juste valeur. Quand bien même, c’est réducteur, s’il faudrait admettre que les leaders religieux peuvent être partie du problème, ils peuvent être, en réalité, ils sont la plus importante partie de la solution.

C’est dans cet esprit et pour cet objectif qu’il faut comprendre et appréhender le but et le sens profond de l’organisation du présent forum.

Les structures politiques, économiques, religieuses, éducatives, culturelles, judicaires et administratives, nous le savons, sont les creusets de création, d’animation et de renforcement des inégalités, comme de l’égalité ontologique excluant toute forme de discrimination.

Mesdames et Messieurs
Je ne saurais évoquer le rôle des leaders, sans faire un plaidoyer pour le genre, qui se comprend comme la remise en question et le changement de ces structures et systèmes qui privilégient le genre, via l’influence sur les politiques et les pratiques des autorités publiques.

Je retiens que les leaders religieux ont la capacité, presque toute naturelle, de parler avec une autorité et une crédibilité morales uniques. Aux niveaux communautaires et des
congrégations, les leaders religieux ont une présence permanente, mais également aux niveaux national et international, ils occupent des positions respectées ; ils sont écoutés.

Ils ont de nombreuses opportunités d’enseigner et d’influencer leurs diverses communautés ou congrégations, que ce soit par leurs sermons ou leurs liens avec les communautés au sens large.

Distingués invités ;

Admettons que les normes sociales sont les valeurs définies par un groupe et auxquelles les membres du groupe doivent souscrire, au risque sinon de faire face à la réprobation, du moins de voir s’ériger la marginalisation et l’exclusion.

Il est remarquablement perceptible que l’éminence du rôle des leaders religieux exerce une forte influence sur la définition des normes sociales, y compris celles qui concernent la paix et lacohésion sociale. Par conséquent, en tant que gardiens des mœurs, les leaders religieux jouent un rôle clé dans la transformation des normes sociales discriminatoires qui accréditent les injustices, en des normes sociales positives, qui promeuvent le droit d’égalité et condamnent les violences, quelle que soit leur base.

Ce problème peut être résolu par une éducation adaptée, en même temps que par une collaboration entre les pouvoirs publics et les leaders religieux.

Mesdames et Messieurs ;
La discussion, que nous allons entretenir, durant ces deux jours, vont porter sur la façon dont les chefs religieux et les communautés religieuses peuvent soutenir l’évolution des normes pour de meilleurs résultats en matière de cohabitation pacifique.

A l’évidence, les normes sociales influencent ce que nous faisons et comment nous le faisons.

Les trois panels portent directement sur l’engagement des leaders religieux et sont destinés à mettre l’accent sur l’utile et nécessaire collaboration entre les jeunes et les leaders religieux, entre les différentes confessions religieuses, en vue de soutenir la communication intergénérationnelle, d’encourager la participation des leaders traditionnels dans le dialogue communautaire.

Il est impérieux pour la nation que les leaders religieux informent et sensibilisent les populations sur la position des Livres saints concernant les divers impératifs de la vie.

Mesdames et Messieurs
Les conclusions de ce forum doivent permettre d’établir et reconnaître que les enseignements religieux s’engagent à ne pas approuver les normes sociales et culturelles qui perpétuent l’injustice, la division et les risques de tensions et de violence.

Ce Forum doit faire admettre, par tous les citoyens, par tous les croyants, en particulier par tous nos chefs spirituels, que nous avons une responsabilité collective d’interpréter les textes sacrés, dans le sens de la crainte de Dieu, dans le sens de l’accomplissement du bien, celui de promouvoir les valeurs spirituelles de l’amour, de la dignité humaine, de la justice et de la paix.

Leur responsabilité est totale et entière pour la réalisation d’une Transition réussie, la dernière en Guinée, c’est-à-dire irréversible, inaltérable et tournée vers le retour à une vie constitutionnelle normale, garantie de la perpétuité institutionnelle.Je ne doute pas que vos prières, invocations, suppliques seront ferventes et itératives, afin que l’infinie miséricorde de Dieu se répande abondamment sur la Guinée et les Guinéens et qu’elle éloigne de notre patrie le spectre de la division, des tensions et de l’extrémisme. Amen !

Recevez ici avec déférence, les salutations, considérations et reconnaissances de son Excellence Monsieur le Colonel Mamadi DOUMBOUYA, Chef de l’État, Chef Suprême des Armées, pour votre déplacement malgré l’État des routes et la saison hivernale. Il n’a nul besoin de se convaincre de votre attachement inconditionnel à la terre de nos ancêtres, la République de Guinée. Dont la protection, la préservation et surtout la stabilité sont pour nous, mais surtout pour vous, un sacerdoce.

Que la crainte d’Allah nous domine et nous éloigne du démon de la division, du mal et de la violence, afin que nous vivions dans l’harmonie des siècles et des siècles.

C’est sur ces mots d’espoirs et d’Esperance, que je déclare ouvert le présent forum national inter religieux de Guinée pour la cohésion et la paix !

Je vous remercie

 

TBD/ Louis De Funès Diallo, pour Mondemedia.info

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